Le grand orgue Cavaillé-Coll de l’Auditorium de Lyon © David Duchon-Doris
Le grand orgue Cavaillé-Coll de l’Auditorium de Lyon © David Duchon-Doris

Concerts, concours… L’Auditorium de Lyon donne tous ses tuyaux

Très à l’honneur ce mois de juin, le grand orgue de l’Auditorium exhibera ramage et plumage à l’occasion de plusieurs concerts, notamment pour le jeune public, et du concours international Olivier Messiaen.

Caché la plupart du temps derrière un paravent en fond de scène, un pachyderme capable à lui seul d’imiter le son de tous les instruments de l’orchestre sort parfois de sa torpeur le temps d’un concert. Mais, ce mois-ci, l’engin centenaire résonnera à qui veut l’entendre une dizaine de jours durant…

Un instrument historique, ancêtre du synthé

Transféré des palais parisiens du Trocadéro et de Chaillot à l’Auditorium de Lyon en 1977, le grand orgue achevé en 1878 par le plus grand facteur du moment, Aristide Cavaillé-Coll, brille de mille feux depuis sa restauration en 2013 – un chantier de six mois. Retrouvant sa douceur et son éclat initiaux, le facteur/restaurateur Michel Gaillard inaugurait enfin les 82 jeux (6 500 tuyaux au total !) restaurés de cet instrument unique, témoin des sonorités de l’orgue romantique du XIXe siècle.

On peut considérer l’orgue comme l’ancêtre du synthétiseur. En effet, doté de plusieurs registres – groupes de tuyaux de facture différente censés s’approcher des sonorités d’instruments tels que la flûte, les anches, les cuivres, les cordes ou des spécimens anciens tels que la gambe ou le cromorne –, la combinaison complexe de ses différentes couleurs tonales met à la disposition de l’interprète une infinité de textures.

Et ça sonne !

Orgue (détail) © David Duchon-Doris
Orgue (détail) © David Duchon-Doris

Mais, au diable la théorie, autant vivre l’expérience de ses propres oreilles. C’est justement ce que propose l’Auditorium, sur un mode pédagogique, en compagnie de l’organiste Thomas Kientz, qui fera vivre cette usine à gaz avec la complicité de Sabine Quindou, animatrice de l’émission C’est pas sorcier sur France 3. Le programme, taillé sur mesure pour l’exercice, réunira les plus grands tubes de l’orgue, telles la Toccata et fugue en mineur de Bach, la Toccata de la symphonie n° 5 de Widor ou la Sicilienne de Fauré… Les enfants seront particulièrement servis puisque deux séances leur sont tout particulièrement destinées.

En quel honneur ?

Mais pourquoi tout ce tintouin soudain autour de l’orgue ? C’est que l’Auditorium accueille cette année le concours Olivier Messiaen, destiné à récompenser parmi de jeunes musiciens ceux qui seront les stars de demain. À ce titre, le concert de clôture de cet événement international permettra au public d’entendre un programme interprété par les lauréats et certains membres du jury.

Ferveur et improvisation

L’une des singularités de l’orgue est que l’interprète se doit également d’être improvisateur. En effet, la longue tradition liturgique de l’instrument impose un répertoire trop étendu pour ne jamais se répéter d’office en office et les musiciens titulaires ont, de tout temps, eu recours à de longues improvisations afin d’agrémenter les cérémonies. Des improvisations certes codifiées et répondant aux canons de l’époque – préludes, chorals ou fugues au temps du baroque, mélopées romantiques au XIXe siècle … – mais qui avec le temps (et l’époque contemporaine) devinrent de plus en plus libres stylistiquement.

On connaît Thierry Escaich pour son immense talent d’improvisateur ; il posera la cerise sur le gâteau de ce “festival” d’orgue avec un spectacle original autour des textes de l’opéra Saint François d’Assise d’Olivier Messiaen (lui aussi grand improvisateur) qui seront dits par le comédien Lambert Wilson. S’emparant parfois d’éléments de la partition originale mais en les développant à sa sauce, Escaich enluminera ces extraits du livret de Messiaen au fil d’improvisations uniques et de trouvailles sonores singulières.

  • Thomas Kientz / De Bach à Ravel – Vendredi 14 juin à 12h30 et 15h à l’Auditorium de Lyon

  • L’orgue, mode d’emploi (conférence) – Vendredi 14 juin à 18h30

  • Au cœur de l’orgue (à partir de 7 ans) – Samedi 15 juin à 15h et 18h

  • 1ertour du concours Olivier Messiaen – Lundi 17 juin à partir de 10h, église Saint-Pothin (Lyon 6e)

  • Thierry Escaich & Lambert Wilson / La poésie de Messiaen – Mardi 18 juin à 20h, à l’Auditorium

  • 2etour du concours Olivier Messiaen – Jeudi 20 juin à partir de 10h, à l’Auditorium

  • Finale – Samedi 22 juin à 15h, à l’Auditorium

  • Concert de clôture du concours (organistes membres du jury) – Dimanche 23 juin à 16h, même lieu


[Article publié dans Lyon Capitale n° 789 – Juin 2019]

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