Biennale du théâtre jeune public : mourir à 30 ans

Mais la Ville de Lyon, principal financeur, a décidé de couper les subventions, pour raison de crise économique. Ce matin, les fondateurs désolés de l'événement, dont la première édition avait été lancée en 1977, ont tenu une conférence de presse. Chronique d'un événement culturel sacrifié.

La fin d'une aventure internationale
Les directeurs artistiques du festival Maurice Yendt et Michel Dieuaide, deux grandes figures du théâtre contemporain, ne cachent pas leur écœurement face à cette décision irréversible pour la Biennale du théâtre jeune public. La subvention de la ville représentait 61 % du budget de l'événement, s'élevant même à 70 % si l'on ajoute la mise à disposition des théâtres de la ville. " Nous sommes dans l'émotion des choses mais avec du sens, explique Michel Dieuaide. Et nous affirmons que c'est un très gros coup pour le théâtre lyonnais ". Considérant que cette Biennale a été à l'origine de tout un mouvement du théâtre jeune public. " Il est très dommageable d'avoir sacrifié cette biennale qui était la seule à Lyon à s‘intéresser particulièrement aux enfants et aux jeunes ", insiste Maurice Yendt, encore troublé par son premier rendez-vous avec l'adjoint à la culture, Georges Képénékian, qui lui aurait tout simplement demandé : " alors expliquez-moi ce que vous faites ", rapporte-il. " J'ai connu tous les ministres de la culture depuis Malraux, ainsi que tous les adjoints à la culture depuis cette époque, jamais je n'ai eu des relations aussi froides et une telle incompréhension de la part d'un adjoint ", regrette Maurice Yendt. En chiffres, la biennale correspondait à 194 compagnies venues de 32 pays, des festivaliers venus de 84 pays, 302 spectacles et 1280 représentations. La subvention était de 500 000 euros. On proposerait aujourd'hui aux directeurs artistiques du festival une subvention de 50 000 euros, soit dix fois moins qu'il y a deux ans. Etrangement, en 2007, il avait bel et bien été voté que la biennale du théâtre jeune public aurait lieu en 2009. D'ailleurs les subventions étant annualisées, l'équipe avait touché une partie de la somme en 2008, et finalement de nouvelles décisions ont fait avorter le projet. " On est dans le n'importe quoi, une gestion financière absurde ", confie Maurice Yendt.

La crise et son silence
2009 devait être la dernière année de Maurice Yendt et Michel Dieuaide en tant que directeurs artistiques, ils avaient d'ailleurs prévu de présenter leurs successeurs. Aujourd'hui ils ne comprennent pas qu'on ne les laisse même pas finir leur travail en beauté. C'est notamment cette biennale qui aurait poussé plusieurs villes à créer des théâtres spécifiquement dédiés au jeune public, à Lyon (TJA), à Genève, à Turin... " Nous avons reçus des soutiens d'artistes de 79 pays, nous les avons transmis à Georges Képénékian qui n'a jamais répondu. Quant à Gérard Collomb, que nous avons tenté d'alerter sur le sujet, il est carrément fuyant. Il ne doit pas être très à l'aise ", affirme Maurice Yendt. Lyon sacrifie ainsi sa biennale du théâtre jeune public à l'heure où Marseille est justement en train de créer la sienne, dans le cadre de " Marseille 2013, Capitale Européenne de la culture ".

Légende photo : Maurice Yendt, l'un des fondateurs de la Biennale du théâtre jeune public

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