Arthur: "Craig Ferguson était speechless"

Celui qui se définissait comme l’animateur qu’on se plait à détester présentera son nouveau one man show à Lyon le 14 janvier 2011, à la Bourse du travail. Désamour des médias à son égard, critiques de son spectacle, Late Show à la française et Craig Ferguson : rencontre avec Arthur.

Lyon Capitale : Sommes-nous conditionnés à ne pas aimer Arthur ?

Arthur : A moins que nous soyons dans un pays de maso, ça fait vingt ans que des millions de personnes suivent mes émissions de télé. Je joue dans des théâtres pleins: il y a donc des gens qui m’aiment bien. Après que certains ne m’aiment pas, je peux le comprendre.

Y-a-t-il une raison ?

J’ai stigmatisé auprès de la presse un certain nombre de clichés. Pour certains: je suis sur la chaine leader, « la chaine fric », j’avais une société (Endemol, NDLR) que j’ai vendue qui faisait du fric avec de la télé réalité, donc de la merde. Ils ont fait beaucoup d’amalgames nauséabonds. Dieu merci ce qui me sauve depuis que je fais des One man show, quand je pars en tournée, j’ai découvert qu’il y avait beaucoup plus de gens qui m’aimaient que de gens qui me détestaient.

Aimeriez- vous que ce public qui vous assimile à TF1, vous donne une chance sur scène ?

Ils me l’ont déjà donnée, ils sont venus. C’est ma quatrième date à Lyon. Je suis content qu’il y ait autant de monde, surtout que je ne suis pas Florence Foresti. Il faut du temps. Avant la presse ne s’intéressait pas à moi. Depuis que je fais ce spectacle, vous vous rendez compte que Le Monde, Le Figaro, Télérama : toute la presse a adoré ce show, ce qui m’a surpris.

Pourtant les critiques avaient été très durs sur le premier ?

Sur le premier, ils n’ont pas été durs, ils ne sont pas venus : c’est pire. J’aurai préféré qu’ils disent : « c’est de la merde », mais au moins qu’ils jugent mon travail. Ils m’ont méprisé par leur absence.

Vous êtes content de ce revirement ?

Je ne vais pas faire la fine bouche, ça fait 20 ans que je fais ce métier. On n’a jamais dit du bien de moi. C’est mon moteur aussi. Chaque fois que je fais quelque chose, on me dit : "on t’attend au tournant", et bien j’y vais au tournant ! La plus belle surprise c’est quand on m’a dit que Télérama était dans la salle. Ça fait 20 ans que je fais de la télé, ils n’ont jamais prononcé mon nom. Je n’existais pas.

Qu’est ce qui explique ce changement d’attitude ?

Les gens s’aperçoivent que j’ai joué à Paris pendant quatre mois dans un théâtre de trois cents places : ce n’était pas pour l’argent, ce n’était pas pour la gloire, finalement, ils se rendent compte que je l’ai fait pour le plaisir. Je ne suis pas la personne qui passe son temps à faire du business comme on l’a décrite. Les Guignols m’ont fait beaucoup de mal, la presse people aussi. Aujourd’hui en toute sincérité, je pense que c’est le moment le plus paisible de ma carrière. Je suis moins dans l’excitation et je m’amuse des codes de la presse. Si elle m’a détesté, c’est aussi parce que j’ai été très paranoïaque vis-à-vis d’elle. J’avais été traumatisé par quelques interviews qui ne reflétaient pas ce que j’avais dit. J’ai dû apprivoiser tout cela. Grâce à ce spectacle les gens s’intéressent enfin à mon travail et non plus à ma personne. A 44 ans, il était temps.

Votre nouvelle émission sur comédie, Ce soir avec Arthur, est inspirée de références ultra pointue…

…Quitte à prendre des modèles, autant prendre les meilleurs non ? Je suis la première personne à avoir évoqué le nom d’Howard Stern en France, ou bien encore de Craig Ferguson : aujourd’hui tout le monde en parle.

Les médias vous ont pourtant accusés d’avoir plagié l’émission de ce dernier : The Late Late Show with Craig Ferguson.

Un mois et demi avant cette nouvelle émission télé sur la chaine Comédie, on a fait une conférence de presse où j’ai montré les images en parlant de Craig Ferguson. Quand il fait un sketch où il explique que je l’ai copié, c’est une vanne. Pourtant, il y a un eu un buzz général, cette bêtise dans laquelle tout le monde s’est enfoncée. Heureusement un journaliste qui était présent a rappelé : « mais Arthur nous l’avait dit », donc il n’y avait pas plagiat. Personne ne s’est demandé si tout cela n’avait pas été préparé à l’avance.

Comment expliquer ce raz-de-marée, repris sur tous les sites Internet ?

Il y a une différence de perception entre la France et les Etats-Unis. Ca faisait dix jours que je savais que je serai invité dans son émission aux USA. J’étais sur les freins parce qu’on voulait faire monter le buzz. Je me faisais insulter et je pouvais tout arrêter sur un simple coup de téléphone. Le pire dans tout ça : à un moment, j’invite Craig Ferguson à venir en France, il me répond qu’il veut bien venir mais que sa chaine CBS n’a pas les moyens de lui payer son billet d’avion. C’est une plaisanterie et pourtant, la presse française titre alors de partout, "Craig Ferguson refuse l’invitation d’Arthur". Quand il a vu la proportion que tout cela prenait, il m’a dit qu’il était "speechless", sans voix, et qu’il ne pensait pas que cela me mettrait autant dans l’embarras.

Les "Late shows" sont une spécialité américaine qui a du mal à s’imposer en France, pourquoi ?

C’est un Humour dont on n’a pas l’habitude. Les émissions télé comme celles de Craig, ont encore du mal à être comprises dans notre pays. Il a quinze minutes de stand up, où il parle seul face caméra. Ils ont une rhétorique de la vanne que nous n’arrivons pas à saisir. J’essaye de m’inspirer de ce genre sur Comédie. La mayonnaise prend vraiment, parce que c’est la première fois qu’on le fait en assumant totalement l’inspiration américaine. Ils ont pompés tellement de choses qu’on peut bien leur prendre des trucs. Prenez la nouvelle vague en cinéma, ce sont des éponges les américains, ils ont tout recopiés. Des studios entiers comme Miramax ont fait leur succès là-dessus.

Dans ce nouveau spectacle vous parlez un peu des nouvelles technologies, cette information qui va de plus en plus vite, vous effraie-t-elle ?

Oui car j’en fais les frais. Pour l’affaire du prétendu plagiat, ce qui m’a le plus perturbé, c’est que personne ne m’a demandé si je n’avais pas eu le droit de le faire. Personne ne m’a appelé, pour en avoir la confirmation. En France on dit que j’ai plagié l’émission, ce qui est faux, on a utilisé 7 secondes où je suis dans une fontaine. Vous avez la même scène dans le générique de Friends, et dans la Dolce Vita. Le jour où j’ai fait ça, j’ai mon agent américain qui m’a appelé, on était hystériques, car on était passés chez Ferguson. Mais sur le net, on a eu l’impression d’une chasse au scoop bidon, de bas étage.

Qu’est ce qui change dans ce nouveau spectacle ?

Il très interactif, contrairement au premier, je ne raconte plus ma vie, je parle du couple, du divorce, des enfants, mais aussi d’Internet. Je compare ma génération et celle d’aujourd’hui. Ce n’est pas de la nostalgie mais un parallèle entre hier et aujourd’hui. Ça fait rire des gens qui n’avaient pas l’habitude de le faire avec moi.

Télé, spectacle, théâtre, vous manque-t-il quelque chose ?

J’ai une peur terrible de l’ennui, quand je pars en vacances, au bout d’une semaine, je crains de tuer mes proches. Actuellement je produis le film Les Tuches avec Jean-Paul Rouve et Isabelle Nanty. J’ai mon "Late Show" sur Comédie, j’ai fait le diner de con avec Dany Boon qui est mon meilleur pote. Tout ce que je fais me plaît et je peux dire non si ça ne me plait pas. Je suis la personne la plus heureuse de l’ouest parisien.

Arthur, le 14 janvier 2011 à la Bourse du travail de Lyon

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