Mouawad s’est réinventé en solitaire

Comment un petit spectacle a changé le regard du dernier artiste associé au festival d’Avignon sur sa propre œuvre pléthorique.

Wajdi Mouawad boucle - enfin - son feuilleton des origines, la tétralogie du Sang des promesses jouée en intégralité aux Célestins. Une aventure théâtrale de douze ans et quatre pièces, Littoral en 1997, Incendies en 2003, Forêts en 2006 et Ciels cette année, qui toutes abordent la question de l’héritage. Ce cycle lyrique, l’auteur et metteur en scène libanais ne l’aurait peut-être jamais vraiment refermé sans avoir conçu et joué lui-même, en solitaire, un spectacle autonome, Seuls. Créé au printemps 2008 à Chambéry, pas vu à Lyon, il est un jalon essentiel dans son oeuvre. Mouawad y incarne un étudiant ramené, face à son père mort et un tableau de Rembrandt, à la vie et son moi profond.

Lancé dans un happening silencieux, il y délaisse surtout sa logorrhée torrentielle pour une langue blanche, presque banale, se dédouble en vidéo et s’immerge littéralement dans la peinture. Ces nouveaux traits conditionnent la réécriture scénique de Littoral et Incendies, et la conception de Ciels tout entier. Cette dernière pièce, où cinq agents secrets tentent de contrer un attentat, contredit l’obsession pour la mémoire et l’identité des trois précédentes. Dans Seuls, une phrase dit : “Il faudrait tout redéployer pour retrouver l’enchantement.” Auparavant, Wajdi Mouawad le faisait par le récit, la superposition des histoires jusqu’à l’overdose. Depuis Seuls, la modularité des décors et le mouvement des images, tant peintes que filmées, réduisent les errances du texte, et donnent aux acteurs d’autres moyens de surprendre un public pas encore rassasié.

Tétralogie Le sang des promesses, au théâtre des Célestins. Incendies, du 5 au 12 novembre ; Ciels, du 6 au 14 novembre ; Littoral, Incendies et Forêts, du 14 au 15 novembre. 04 72 77 40 00.
www.celestins-lyon.org

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