Wei Jingsheng, à Lyon, en avril 2017 © Tim Douet
Wei Jingsheng, à Lyon, en avril 2017 © Tim Douet

Wei Jingsheng appelle Interpol à la vigilance sur les droits de l’homme

ENTRETIEN – Contacté par Lyon Capitale, le dissident chinois Wei Jingsheng appelle Interpol à se préoccuper des violations des droits de l'homme par la Chine.

 

Lyon Capitale : Comment réagissez-vous à l'arrestation de Meng Hongwei (qui dirigeait Interpol) par la police chinoise, tenue secrète jusqu'à ce que la justice française ouvre une instruction pour disparition inquiétante ?

Wei Jingsheng : C'est une sérieuse violation des droits de l'homme. Que ce soit à l'égard des pratiques internationales, ou même de la loi chinoise, quelle que soit la raison pour laquelle une personne est arrêtée, sa famille doit en être informée immédiatement. D'abord, la Chine viole les droits de ses citoyens ordinaires. Ensuite, elle ne respecte plus la loi envers ses officiels. Et maintenant elle s'en prend aux officiels des organisations internationales. Nous appelons la Chine à respecter ses propres lois et à informer la famille de Meng Hongwei, ainsi que son employeur Interpol, des raisons de son arrestation. Nous appelons aussi Interpol à faire sérieusement attention au respect des droits de l'homme à l'égard de ses propres membres, quel que soit le montant des fonds qui lui sont attribués par le gouvernement chinois.

Avez-vous compris les raisons réelles de l'arrestation de Meng Hongwei par la Chine ? Pourquoi le gouvernement de Xi Jinping sacrifie-t-il ainsi le seul officiel chinois à la tête d'une organisation internationale ?

D'après les informations que nous avons désormais, il apparaît que l'arrestation secrète de Meng Hongwei n'est pas due à une affaire de corruption, mais bien une affaire politique.

Quand Meng Hongwei a été élu à la tête d'Interpol, vous craigniez que cela permette à la Chine d'abuser encore plus des notices rouges et de faire ainsi arrêter à l'étranger des militants des droits de l'homme ou ses dissidents politiques. Qu'en est-il finalement ?

Parce que Interpol a adopté une politique qui n'est pas transparente, nous sommes incapables de vérifier si et comment des militants des droits de l'homme font l'objet de notices rouges. Il a quand même été finalement confirmé que Dolkun Isa, le président du congrès mondial des Ouïghours, faisait l'objet d'une notice rouge. Par ailleurs, les gens qui font l'objet de notices rouges émises à la demande du gouvernement chinois pour des accusations de corruption sont en réalité des victimes de règlements de comptes politiques. Il y a clairement besoin que des agences internationales mènent une surveillance statistique des notices rouges d'Interpol.

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