Le centre de vaccination de Lyon au palais des sports à Gerland © Antoine Merlet
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Véronique Trillet-Lenoir, députée européenne, explique les retards de la campagne de vaccination à Lyon

Pour la députée européenne lyonnaise et professeure de médecine, la campagne vaccinale orchestrée par l’Union européenne commencera à prendre de l’ampleur avec la mise sur le marché de nouveaux vaccins. Si elle pointe des avancées, Véronique Trillet-Lenoir regrette une trop grande dépendance vis-à-vis des laboratoires.

Véronique Trillet-Lenoir © DR (Twitter)

Lyon Capitale : L’Union européenne avait mis en avant sa taille critique qui permettrait de donner accès aux vaccins aux 27 États membres. Trois mois après les premières autorisations de mise sur le marché, ce pari semble perdu. Pourquoi manquons-nous toujours de doses ?

Véronique Trillet-Lenoir : Nous sommes face à un problème que personne n’avait imaginé : fournir à toute la planète un produit que l’on invente et que l’on évalue en même temps. C’est du jamais vu. Nous sommes confrontés à une demande mondiale. Normalement, il faut compter cinq à dix années pour mettre sur le marché un vaccin. Là, nous avons mis un an, mais nous continuons d’évaluer les vaccins pour vérifier qu’ils sont sûrs et efficaces. Par définition, nous n’avons pas de stocks et nous avons donc besoin de produire des vaccins en quantité considérable. Nous sommes aujourd’hui confrontés à des problèmes de fabrication. Mais des choses avancent. Les industriels, qui étaient habituellement dans une logique de compétition, se mettent d’accord sous la pression des pouvoirs publics. Des groupes, qui n’ont pas développé de vaccins, se mettent à produire pour le compte de ceux qui ont trouvé, mais n’ont pas les moyens de production pour faire face à une demande mondiale. Sous la houlette de Thierry Breton [le commissaire européen en charge du marché intérieur, NdlR], le tissu industriel s’active, même si les résultats ne sont pas encore à la hauteur.

Le bras de fer avec les laboratoires ne tourne clairement pas à votre avantage. Malgré les menaces, AstraZeneca ne livre toujours pas les doses pré-commandées. L’Union européenne donne surtout à voir ses limites en ce moment…

Eux aussi ont besoin de nous. Le marché européen est très important pour AstraZeneca. Ils n’ont pas intérêt à avoir de mauvaises relations avec l’un de leurs plus gros clients. Nous sommes dépendants de certains laboratoires jusqu’au jour où la concurrence jouera. Nous avons des moyens de pression. La Commission européenne a envoyé une lettre de mise en demeure à AstraZeneca. Des recours en justice sont possibles s’ils ne respectent pas leurs engagements.

Quand aura-t-on assez de doses ?

La Commission européenne ambitionne d’avoir vacciné 70 % de sa population à l’automne. Il y a ces derniers jours de bonnes nouvelles. Pfizer va nous livrer dix millions de doses supplémentaires. Le vaccin de Johnson & Johnson devrait bientôt être approuvé et ne nécessite qu’une seule dose. Ce laboratoire pourrait nous fournir une cinquantaine de millions de doses avant la fin du deuxième trimestre. Il y a encore deux candidats à une mise sur le marché, Novavax et CureVac, qui pourraient diversifier nos approvisionnements et mécaniquement atténuer les problèmes de production. Plus notre portefeuille de vaccins sera étoffé, plus nous pourrons adapter le produit injecté aux différentes classes d’âge de la population.

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