Pourquoi la Chine tient-elle tant à maintenir le Tibet sous sa coupe ?

Sous la dynastie des Qing (XVIIe), déjà, les autorités chinoises pensaient que celui qui contrôlait le plateau tibétain, contrôlait la Chine. Mais au-delà de cette idéologie mystique prônée par Pékin, le Tibet offre des ressources que la troisième puissance mondiale convoite, aujourd'hui plus que jamais.

Un sous-sol généreux
De l'or, du lithium, du zinc, du cuivre, le sous-sol du plateau tibétain en regorge. Profitant de cette aubaine, la Chine a lancé, en 2008, de vastes recherches à travers tout le Tibet historique pour y trouver ces minerais stratégiques, et notamment le lithium, un composant phare de l'acier inoxydable et des batteries de téléphones portables. Un marché indispensable à l'économie de la Chine. Le sous-sol tibétain recèlerait également des gisements massifs en gaz, potassium, et pétrole (plus de 20% des réserves mondiales) : des richesses hydrocarbures essentielles pour le programme du " développement de l'Ouest " entrepris en 2001 par Pékin en vue de la création d'un " Ouest chinois ".

Un château d'eau grandeur nature
Les besoins en eaux se font péniblement sentir de l'autre côté de la muraille. La Chine, affaiblie par ses réserves en eaux polluées, puise dans celles du Tibet, qui voit passer sur son territoire six fleuves majeurs de l'Asie.
Mathieu Verneray, rédacteur en chef de la revue Alternative Tibétaine, raconte " les projets hydrauliques de la Chine sont nombreux, un ponctionnement du Tibet se fait régulièrement, et la Chine n'hésite pas à dériver les eaux, notamment le Yang Tsé au Tibet vers le Huang Hé au Nord de la Chine ".

Une aire de repos
Les chinois sont fatigués. Admirative des paysages idylliques et intacts d'un Tibet trop bosselé pour être aménagé par Pékin, la Chine élit résidence secondaire sur le plateau tibétain, histoire de joindre l'utile à l'agréable. Bus de tour-opérateurs, paysages " carte postale ", tourisme spirituel, initiation aux prières et achats de Lung-Ta, les chinois raffolent de la culture tibétaine. Selon Caroline Benollet : " A part Lhassa, le territoire tibétain est trop accidenté pour être urbanisé, alors les Chinois en profitent autrement : ils s'y reposent ".

Un terrain stratégique
Du haut des montagnes tibétaines, " la Chine domine toute l'Asie ", constate Anne-Marie Blondeau, chercheur au Centre de documentation sur l'aire tibétaine de Paris. Un sentiment d'orgueil que la Chine n'est pas prête d'abandonner. Pour Matthieu Veneray, le Tibet a toujours été " un endroit stratégique, autrefois entre les Britanniques, les Russes et Pékin, aujourd'hui entre la Chine et l'Inde. Le Tibet permet un positionnement chinois/indien, l'un contre l'autre ".

La fin de la mainmise chinoise ?

Selon Mathieu Verneray, il ne faut pas céder au fatalisme car l'hégémonie chinoise n'est pas absolue : " le Tibet n'est pas l'El Dorado pour la Chine ". Le journaliste ajoute : " les infrastructures,les projets hydrauliques, les gisements, les primes pour les colons chinois envoyés au Tibet ainsi que les problèmes environnementaux, toute cette puissance coloniale représente un coût important pour Pékin ". " Si les retombées ne sont pas suffisantes, la Chine pourrait peu à peu lâcher prise " espère t-il.

Notre dossier complet sur la révolte du 10 mars 1959 en cliquant ici

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