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L’usine Arkema à Pierre-Bénite © Antoine Merlet

Pollution aux Perfluorés : l'Etat doit faire mieux

Un nouveau rapport juge le niveau de pollution aux Perfluorés "très élevé" au niveau de Pierre-Bénite, près de Lyon. Les auteurs demandent à l'Etat d'accélérer sur la mise en place de nouvelles règlementations.

L'Etat est sommé d'agir de toutes parts face à la pollution aux Perfluorés. Fin mars dernier, les maires d'une dizaine de communes du Sud-Ouest lyonnais annonçaient leur intention de déposer plainte contre X pour "obtenir réparation des pollutions", expliquait Jérôme Moroge, maire de Pierre-Bénite qui porte la contestation.

Une contamination importante des eaux de surface

Le 14 avril dernier, l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable a rendu - avec six mois de retard - un rapport commandé le 8 février 2022 par l'ancienne ministre de l'Ecologie, Barbara Pompilli, dans lequel elle prend une série de recommandation, invitant l'Etat à accélérer sur le sujet.

Les PFAS, c'est quoi ?
Les PFAS sont une famille de plus de 4 700 molécules de synthèse produites par l'homme depuis les années 40. Leurs propriétés physico-chimiques, qui incluent leur résistance à la chaleur, aux acides, à l'eau et aux graisses, les rendent utiles dans de nombreux produits de consommation courante et applications industrielles tels que les textiles, les emballages alimentaires, les cosmétiques, les poêles anti-adhésives, les mousses anti-incendie, les imperméabilisants, les cires à parquet, les vernis et les peintures.
Cependant, leur large utilisation combinée à leur faible dégradation les rend omniprésents dans l'environnement, notamment dans les cours d'eau, faisant d'eux des "polluants éternels". Le Rhône, de l'aval de Lyon jusqu'à la Méditerranée, est particulièrement touché.
La littérature scientifique suggère que les perfluorés pourraient favoriser le cancer chez l'homme et causer des défauts de défense immunitaire chez les enfants.

Dans les grandes lignes, le rapport de 90 pages pointe du doigt un manque de transparence et une inaccessibilité des données quant aux émissions de PFAS par les sites industriels utilisateurs et émetteurs de Perfluorés. Même constat du côté des rejets des stations d'épuration et des centres de traitements des déchets : les données sont lacunaires.

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Concernant la pollution de l'environnement, les concentrations de molécules retrouvées dans les eaux superficielles révèlent une pollution généralisée. Des prélèvements réalisés dans le Rhône par la Fédération de pêche du Rhône à la demande de la Direction départementale de la protection des populations ont confirmé cet état des lieux dans un autre rapport. Des teneurs en PFAS jusqu'à 20 fois plus importante que la normale, rapporte Le Progrès.

Améliorer la surveillance et la règlementation

L'Inspection générale de l'environnement et du développement durable fait ainsi un constat : la France est en retard en matière de réglementation et de surveillance. Le rapport préconise à l'Etat d'œuvrer pour des mesures de restriction dans le cadre de la règlementation européenne, "conduisant à une interdiction d’usage, de production et d’importation de l’ensemble des PFAS". Aussi, les auteurs recommande à la France d'œuvrer "au plus tôt" pour l'adoption de normes quant aux rejets dans l'eau et l'air, mais aussi concernant la contamination des produits et déchets.

L’IGEDD recommande également de "systématiser sur les principaux sites émetteurs […] une recherche hiérarchisée des PFAS", le niveau de contamination en aval de Pierre-Bénite est par exemple cité comme étant "très élevé". Les auteurs jugent essentiel d'"engager une démarche de maîtrise du risque sur chaque site émetteur identifié et sur les principaux enjeux contaminés".

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