David Kimelfeld président de la métropole de Lyon © Tim Douet

Pollution à Lyon, Kimelfeld : "On ne peut plus attendre que ça passe"

Interview - Pour la première fois, la circulation différenciée a été déclenchée de manière anticipée à Lyon, suite à un fort épisode de pollution à l'ozone. Le président de la métropole David Kimelfeld avait demandé dès lundi 24 juin sa mise en place trouvant un écho favorable du côté du ministère de l'Ecologie. Face à une mesure qui n'est pas sans critique, David Kimelfeld réplique.

Lyon Capitale : Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui affirment que la circulation différenciée ne fonctionne pas ?

David Kimelfeld : Je préfère agir et qu’on me critique là-dessus, plutôt qu’on me dise que j’ai laissé passer le train. Ce que je ne souhaitais pas, c’est entendre qu’on a pris du retard. Après, pour la circulation différenciée, c’est un dispositif assez nouveau, les Crit’Air 3 sont également concernés pour la première fois. Une partie des gens ont continué de circuler en connaissance de cause, d’autres n’ont pas compris ou n’ont pas eu l’information. Nous avons un travail de communication supplémentaire à faire.

65 % des véhicules sont concernés par cette interdiction, mais on est loin d’avoir vu 65 % disparaître….

Tout ce qui est déjà pris est bon à prendre. Si on veut que ça marche de plus en plus, il faut bien lancer les choses. Mercredi, il y avait 13,4 % de congestion en moins dans la ville. Sur la plateforme de covoiturage de la métropole de Lyon, le nombre de connexions a bondi de 85 %. Ça prouve que les gens se questionnent. Il faut aussi que l'on voie avec la présidente du Sytral, Fouziya Bouzerda, comment tout ça résonne avec son tick’air à 3 euros. L’idée reste de déclencher le mouvement, c’est du moyen terme. Il y aura peut-être d’autres pics de pollution avant la fin de l’été, mais le nombre de gens informés sera déjà plus important. On a quand même la responsabilité collective d’expliquer les choses, sans avoir la prétention qu’on va régler tous les problèmes en une seule fois. C’est comme lorsqu’on a fait passer le périphérique à 70 km/h, personne n’a dit que ça réglerait tout.

La circulation différenciée est également mal vécue par certains citoyens, que répondez-vous ?

Si aux premières résistances, on recule, ça ne va pas être bon. J’ai conscience qu’on fait des mécontents, j’ai lu que la circulation différenciée est un "mépris des libertés". J’entends, mais on ne peut plus attendre que ça passe. Je pense qu’on ne peut plus se le permettre. Je préfère qu’on me reproche de tenter des choses, plutôt que de rester les bras croisés jusqu’à ce que la dernière personne soit d’accord.

Faut-il en arriver à des amendes automatiques avec des caméras qui lisent les plaques d’immatriculation comme en Italie par exemple ?

Il ne faut pas le faire toute de suite. On a déjà franchi une étape. Lors du dernier pic de pollution, on nous avait reproché notre retard, là on a pu anticiper avant que les seuils ne soient franchis. On a prévu une réunion avec le préfet en début de semaine prochaine pour voir comment on améliore encore les choses. Il est très volontaire sur ces questions. Les caméras seront inéluctables à moyen terme. On ira vers ce type de système à un moment ou un autre, mais pour l’instant, on informe les citoyens.

On vous reproche aussi une zone faible émission peu ambitieuse, la métropole est-elle en retard (les véhicules professionnels les plus polluants seront interdits à l’intérieur de Lyon, lire ici) ?

Nous sommes dans le calendrier présenté en 2018. Pour l’instant, nous sommes dans la période d’information, de pédagogie, on a un guichet qui accompagne les professionnels. La verbalisation commencera le 1er janvier 2020. On évaluera le parc de véhicules, si à un moment il faut aller plus loin, on le fera.

D’un côté vous vous battez pour la mise en place de la circulation différenciée, de l’autre, vous avez défendu l’Anneau des Sciences à condition d’y laisser une place aux transports en commun, mais cela reste un périphérique urbain, l’expression "pompier pyromane" est revenue plus d’une fois dans les réactions…

… c’est une caricature. J’ai l’impression qu’il y a une certaine gêne à reconnaître que des choses se font et que tout de suite on est caricaturé. Je l’ai dit, il faut travailler les alternatives à l’Anneau des sciences dès maintenant, être pragmatique, pas idéologique. Ne pas être contre les infrastructures juste pour être contre, mais bien étudier les autres solutions. Sont-elles crédibles ? Si oui, comment on les met en place ? Et même si on dit qu’on fait l’Anneau des sciences dans dix ans, on fait quoi entre temps ? On propose quoi aux gens pour leurs déplacements pendant tout ce temps. On travaille là-dessus actuellement. Le moment où je dirai des choses, il faudra que tout soit clair, je ne veux pas faire de promesses en l’air.

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