Image d’illustration lycée @Loris Lacroix

Pénurie d’enseignants ? Pas dans le Rhône assure l’Académie, sans rassurer les enseignants

Alors que les enseignants effectuent leur rentrée ce mercredi 31 août, la France est confrontée à une pénurie de professeurs. Dans l’académie de Lyon, le rectorat se veut rassurant à la veille de la rentrée des élèves et assure qu’il y aura un "professeur devant chaque élève" au collège et au lycée, grâce au soutien de contractuels. Ce qui ne rassure pas les syndicats.

À moins de 24 heures du retour des élèves dans les collèges et les lycées et alors que les professeurs effectuaient ce mercredi 31 août leur rentrée, la question des effectifs du corps professoral interroge un peu partout en France. Confrontée à une crise d’attractivité, la profession peine à séduire les jeunes. À l’issue des concours du printemps 2022, on estimait qu’il manquait à l’appel 4 000 enseignants en France. 

De quoi inquiéter parents et professeurs en poste à la veille de la rentrée. Pourtant, dans l’Académie de Lyon, qui regroupe les départements du Rhône, de l’Ain et de la Loire, le rectorat se veut rassurant et balaye de la main l’idée selon laquelle il y aurait une pénurie d’enseignants sur nos territoires dans le second degré. "Nous aurons bien un professeur dans chaque classe pour accueillir les élèves à la rentrée", assure Olivier Dugrip, le recteur de l’Académie de Lyon. 

Une académie "toujours attractive"

À l’entendre, l’académie aurait la chance d’être "toujours attractive pour les jeunes candidats professeurs", contrairement à d’autres. Ce qui a permis au rectorat de recruter "dans la mesure attendue", le nombre de candidats au concours s’étant avéré "satisfaisant" pour assurer l’enseignement des 286 700 élèves du second degré que compte l’académie, à savoir 174 800 collégiens et 111 900 lycéens. 


"L’académie de Lyon est toujours attractive pour les jeunes candidats professeurs. Le nombre de candidats au concours était satisfaisant", Olivier Dugrip, le recteur de l’Académie de Lyon


Du côté des syndicats et notamment de la section académique du SNES-FSU, le Syndicat national des enseignements de second degré, le son de cloche est un peu différent. "Il y a 1/3 de moins de stagiaires prévus que les autres années, sur 300 stagiaires l’année dernière on en a 200 cette année et malgré tout il y a autant de classes à donner", alerte Rindala Younes, la secrétaire académique du syndicat. Ce qui laissait présager d’une rentrée "infernale", "on pensait qu’il n’y aurait pas un prof’ devant chaque classe", confie l’enseignante. 

Lire aussi : Le nombre d’élèves baisse à Lyon, 38 classes en moins à la rentrée dans les écoles

Environ 400 contractuels dans le Rhône, dont 10% de nouveaux

Dans ces conditions comment l’académie de Lyon peut-elle affirmer à la veille de la rentrée qu’il y aura bien un professeur dans chaque classe ce jeudi 1er septembre ? Tout simplement grâce à "un grand plan de recrutement de contractuels et de néo-contractuels", explique Rindala Younes. Ce que ne cachent pas les services académiques, qui nuancent toutefois la place qu’occupent les contractuels dans l’Académie. "Dans le second degré, les contractuels représentent environ 7% des effectifs de l’académie de Lyon. Cela représente moins de 1 000 postes. Il faut relativiser tout cela, on a 45 000 professeurs sur les trois départements", tempère Olivier Curnelle, le secrétaire général de l’académie de Lyon. 


"Quand on nous dit qu’il y a des professionnels qui ne connaissent pas le métier et qu’on les a embauchés depuis 2 jours… c’est faux", Olivier Dugrip, le recteur de l’Académie de Lyon


Alors que sur les réseaux sociaux les critiquent fusent au niveau national au sujet du recrutement de contractuels qui auraient été formés via des formations expresses pour pallier le manque de professeurs, le recteur assure que ce n’est pas le cas dans l’académie. Dans le Rhône, qui comptabilise près de la moitié des enseignants de l’académie de Lyon le nombre de contractuels se situerait autour de 400, dont 90% ont déjà exercé l’année dernière et ont été reconduits. "Quand on nous dit qu’il y a des professionnels qui ne connaissent pas le métier et que nous les avons embauchés depuis 2 jours… c’est faux. Pour l’essentiel, ce sont des contractuels que nous connaissons et qui maîtrisent les compétences attendues d’un professeur", assène Olivier Dugrip. 


"Pour le second degré, cela représente quelques dizaines de personnes. Nous n’avons pas des besoins énormes de nouveaux contractuels" Olivier Curnelle, le secrétaire général de l’académie de Lyon


Les 10% restants, qui représenteraient "seulement quelques dizaines de personnes dans l’académie" selon Olivier Curnelle, bénéficient d’un accompagnement spécifique déjà existant et qui a été renforcé. Depuis le 22 août une formation leur a été dispensée "avec des ressources en ligne", ils bénéficieront également de "formations en présentiel", d’un tuteur attitré et, nouveauté cette année, ils pourront appeler à tout moment une ligne téléphonique "avec au bout du fil des enseignants formateurs qui pourront les conseiller", détail le secrétaire général de l’académie de Lyon. 

Une rentrée de façade ?

Des éléments qui ne semblent pas en mesure d’effacer toutes les craintes des syndicats, qui craignent que le vernis ne se craquelle une fois la rentrée passée. "Les contractuels ce n’est pas une solution pérenne, c’est une espèce de rustine. On ne devient pas prof’ en deux jours. Nous allons avoir beaucoup de contractuels qui sont lancés dans le grand bain avec une bouée percée. Il ne s’agit pas juste d’avoir un nom devant les classes et de donner le sentiment que tout est réglé. La question c’est aussi de savoir qui est devant les élèves", s’inquiète Rindala Younes. 


"On ne devient pas prof’ en deux jours. Nous allons avoir beaucoup de contractuels qui sont lancés dans le grand bain avec une bouée percée", Rindala Younes secrétaire académique du SNES-FSU


À en croire cette représentante syndicale, les vrais problèmes d’effectifs pourraient apparaître au fil des semaines, lorsque, en difficulté, certains nouveaux contractuels pourraient jeter l’éponge, ce à quoi s’ajouteront les congés maladies et maternités des enseignants. Pour Rindala Younes "ce n’est pas satisfaisant pour les contractuels, pour nous, pour notre métier et pour les élèves". De quoi laisser poindre la crainte d’une dégradation des conditions d’enseignement dans les semaines et mois à venir. 

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