Peillon face à l'obscurantisme

EM Lyon organisait un débat avec six têtes de listes dont les candidats de l'UMP, du PS et du MoDem. Pendant deux heures, ils ont expliqué leur conception de l'Europe. Mais sans jamais passionner la centaine d'étudiants présents. Même la présence de six têtes de listes n'a pas déplacé les foules.

En quittant Ecully, Vincent Peillon n'affichait pas le visage d'un candidat heureux. On lisait plutôt de la résignation dans ses yeux. Après deux heures d'un débat entre têtes de listes aux élections européennes organisé par l'école de management EM Lyon, le candidat du PS n'avait pas l'impression d'avoir fait avancer l'idée européenne. " Le vrai problème, c'est d'affronter l'obscurantisme ", nous confiait-il alors qu'il quittait Lyon. Plus qu'un débat qui n'a jamais vraiment décollé, le candidat socialiste fustigeait une salle vide. A peine un tiers de l'amphithéâtre était occupé par le public. Seulement une petite centaine d'étudiants s'était donnée la peine de venir assister à ce débat qui devrait être le seul pour la région électorale Sud-Est. " C'est dommage pour le pays ", fustige Vincent Peillon.

Pendant le débat qui l'opposait Patrick Louis (Libertas), Michèle Rivasi (Europe Ecologie), Jean-Luc Bennahmias (MoDem), Raoul-Marc Jennar (NPA) et à Françoise Grossetête, Vincent Peillon a souvent paru assez loin d'Ecully et d'EM Lyon. Se contentant de répondre aux questions qui lui étaient posé. Sans jamais chercher à contredire ses adversaires du jour. Il renvoyait l'image d'un candidat qui se demande : " qu'est ce que je suis bien venu faire dans cette salle vide ? ". Pas simple d'être en campagne pour les européennes. Surtout que les médias avaient boudé ce débat lyonnais. Or Vincent Peillon aime être sur le devant de la scène. Ce mardi, il a d'ailleurs organisé une journée en Ardèche dans le seul but d'attirer les médias parisiens. " Nous allons visiter un campement de baba-cool qui s'est installé dans les années 1970 et qui se laisse vivre maintenant. Il faut bien faire çà pour faire venir les médias nationaux ", expliquait son directeur de campagne. Lundi soir, à Lyon, Vincent Peillon s'est confronté, une fois de plus, au peu d'intérêt que suscite les européennes. Il a tenté d'y remédier en prenant le temps, à la fin du débat, de discuter avec des étudiants qui s'étaient massés autour de lui. Les autres têtes de listes avaient déjà pris la fuite. A l'exception de Patrick Louis, le candidat de Libertas (Mouvement pour la France). Comme aucun spectateur ne venait à sa rencontre, il a fini par alpaguer un étudiant pour lui présenter sa vision de l'Europe.

Un pétard mouillé plus qu'un débat

Quant au débat en lui même, il n'a pas vraiment réussi à prendre. A six et en deux petites heures, il est vrai que la possibilité de s'écharper se réduit. Jean-Luc Bennahmias a bien essayé. En misant sur sa gouaille et son habitude des plateaux télés, il réveillait l'assistance et le débat à chaque prise de parole. Un coup d'épée dans l'eau. Les candidats eurosceptiques du NPA et de Libertas ne manquant jamais une occasion de taper sur leur petits camarades et d'appeler à des pays puissants plutôt qu'une Europe forte. Soit une manière élégante d'éloigner le débat des questions de fonds. Françoise Grossetête (UMP) fidèle à elle-même dans son rôle de bonne élève européenne n'attendait pourtant que cela. Elle n'a pas manqué de souligner son travail durant ses précédents mandats. Ni d'encenser la politique européenne de Nicolas Sarkozy. Bref, chacun campait sur ses positions. Michèle Rivasi exposant son rêve d'une " Europe exemplaire " socialement et économiquement. En deux heures de débat, les têtes de liste n'ont pas réussi à soulever l'enthousiasme dans une salle apathique. Les européennes n'intéressent pas les français toutes tranches d'âges confondues. Mais les politiques ne sont pas forcément exempt de tous reproches. Lundi, ils ne se sont pas donné les moyens de rendre " leur " élection populaire. Des propos " brouillons " et parfois même abscons pour ceux qui ne maîtrise pas l'Europe sur le bout des doigts. La seule bagarre, entre les candidats, a eu lieu sur le thème d'une Europe des Nations ou d'une Europe intégrée. Une question finalement plus nationale qu'européenne.

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