La face de l’immeuble de Villeurbanne incendié durant la nuit du 28 au 29 juin. (Photo : Vincent Guiraud / Lyon Capitale)

"On appelle au meurtre de policiers... Est-ce qu'on se rend compte de la situation dans laquelle on est ?"

Bertrand , délégué FO de la police municipale de Lyon, revient sur les émeutes qui ont eu lieu dans la métropole de Lyon suite à la mort de Nahel, par un policier, à Nanterre.

Au lendemain d'émeutes et de saccages dans la métropole de Lyon, quelle est votre réaction ?

ll n'y a aucune surprise à ce qui s'est passé un peut partout dans la métropole de Lyon. Ce qui devait arriver arriva. Les mêmes causes produisent les mêmes effets : l'instrumentalisation politique. Chacun tous bords confondus, enflamme ce drame, choquant, un peu partout. On assiste à un flot de commentaires des uns et des autres qui s'érigent en spécialistes de tout et n'importe quoi. Avec des analyse souvent bancales. On jette de l'huile sur le feu et, forcément, ça s'embrase. Aussi dramatique que soit ce drame, la seule analyse pertinente est celle de la justice.


"On instrumentalise la colère de la jeunesse qui est livrée à un flot d'images en continu."


Quant à la la présomption d'innocence, il faut le rappeler, inscrite dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et ayant à ce titre valeur constitutionnelle, est complètement bafouée. Mais ce n'est pas nouveau, tout le monde s'essuie dessus, politiques, médias, une partie des citoyens. Plus personne ne la respecte.

Quand on a vu ce qui était en train de ses passer, tous les policiers ont anticipé d'annuler leur week-end pour être sur le front. Tout le cocktail étai réuni : récupération politique, défoulement médiatique. Mais je le répète, ça n'enlève rien à ce drame. Voir un jeune homme de 17 ans mourir, c'est choquant.


"Des appels aux meurtres de policiers...Est-ce que les gens se rendent compte de la situation dans laquelle on est ?!"


Vous parlez de "défoulement médiatique". Vous comprenez aussi que les médias ne peuvent pas faire l'impasse sur un tel drame...

Oui mais de passer des images en boucle sur les chaînes d'information continue n'aide pas au calme, à une situation plus sereine. On instrumentalise la colère de la jeunesse qui est livrée à un flot d'images en continu. Pas étonnant qu'ensuite, cette colère s'exprimer dans la violence et par des appels aux meurtres de policiers. Des appels aux meurtres de policiers, en France, en 2023. Est-ce que les gens se rendent compte de la situation dans laquelle on est ? On marche sur la tête. C'est hallucinant. On a chauffé à blanc une jeunesse qui jette l'opprobre sur toute une fonction avec des appels aux meurtres. Et quand, au sommet de l'Etat, on a un Président qui n se retient pas d'appuyer sur la présomption d'innocence, là on condamne de facto.


"On va colmater sans faire de vagues et sans pouvoir échapper à cette situation dans laquelle on nous a mis."


Vous attendez-vous à d'autres émeutes dans les jours à venir ?

Il y a des appels à manifestation "contre la racisme, les crimes et les violences policières" du collectif d'extrême-gauche Lyon Insurrection vendredi 30 à 20h00, place des Terreaux. On s'attend donc à d'autres nuits d'émeutes à lyon. On va gérer avec des instructions d'être sur le terrain mais de ne surtout pas créer de sur-événement. Donc mieux vaut que les policiers soient blessés qu'on blesse un assaillant. On va essayer d'empêcher ces émeutiers de brûler des écoles, des commissariats ou des mairies. On va colmater sans faire de vagues et sans pouvoir échapper à cette situation dans laquelle on nous a mis. Ça va aller de pire en pire. On est seuls, nous la police, à assurer les conséquences d'une situation qui va de plus en plus mal. Et, systématiquement dans ce genre de situations, tout le monde s'écarte de la police montrée du doigt et bafouée.

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