Mure est mort

André Mure, qui fut adjoint à la culture de Lyon de 1977 à 1989, est décédé mardi 27 février à l'âge de 84 ans. Pendant des décennies, cet ancien journaliste curieux de tout, pétillant et frondeur, a sillonné, plié dans sa mini-Austin vert Bouteille puis sa Smart au look "camouflage", le Lyon politique, gastronomique et culturel. Mondain, inlassable tchatcheur, André Mure sortait beaucoup, surtout chez les galeristes, dans les petits bouchons, auprès des acteurs de terrain plus que dans les grands messes culturelles. "Il ne faut pas s'engluer dans les gros machins, mais garder un peu d'oxygène, notamment pour les jeunes qui débutent. Autrement, c'est la sclérose : on ne fera que des musées alors qu'il faut penser à tout ce qui se fait de vivant" confiait-il à Lyon Capitale (1er novembre 1995). Si, en tant qu'adjoint à la culture, il a lancé les "grands travaux" du musée Saint-Pierre, il a surtout fait sortir les œuvres des musées, par une politique active et innovante d'art dans l'espace public dont il reste de nombreuses traces - malheureusement mal entretenues - dans la ville : au parc de la Cerisaie, place Louis Pradel, à la Part-Dieu, etc. Initiateur du symposium de sculpture de Lyon et de la Fondation de la photo, créateur de l'ELAC et d'Octobre des arts (préfiguration de la biennale d'art contemporain), André Mure a beaucoup fait pour l'art contemporain à Lyon.
Il était également proche des écrivains, lui même ayant signé de cinglants polars lyonno-lyonnais. Dans ces romans à clé, inspirés de personnages et d'événements locaux, il a peint avec précision et dureté, la société lyonnaise des années 50 à 80. "Il n'hésitait pas à castagner, avec un certain courage !" souligne Denis Trouxe, qui fut adjoint à la culture de Lyon de 1995 à 2002. Parmi ses positions iconoclastes, on se souvient de son ouvrage en faveur du médecin lyonnais Alexis Carrel, théoricien de l'eugénisme...
"J'ai fait un peu de tout ; j'ai pris tous les trains qui passaient !" disait avec humour André Mure pour résumer son parcours éclectique. Directeur d'un magasin rock, critique gastronomique (Lyon Gourmand), potineur à la dent dure (il tenait jusqu'à très récemment la rubrique "Petits fours tout" du Progrès), André Mure fut aussi adjoint à la culture d'un maire de droite (Francisque Collomb) et chargé de mission "mécénat" d'un ministre de la Culture de gauche (Jack Lang). "C'était un homme d'une gentillesse extrême, qui n'avait peur de rien ; j'ai eu avec lui une vie très dense. J'ai le souvenir durant ses périodes d'engagement politique, de son extrême complicité avec Jack Lang, un homme fabuleux, qu'il a vu toutes les semaines pendant de nombreuses années." confie son épouse Claudette. André Mure s'engageait, au gré des rencontres et des amitiés, des humeurs et des coups de cœur. Il était capable de soutenir la campagne du député RPR Marc Fraysse à Villeurbanne en 1995 comme, tout récemment, de s'enthousiasmer pour "la modernité" de Ségolène Royal. "André Mure a toujours été un peu incertain sur le plan politique. Au fond, c'était un homme du centre. II n'était pas un partisan, son seul parti-pris était que l'art ait droit de cité dans la ville" estime l'actuel adjoint à la Culture de Lyon Patrice Béghain.
Les obsèques d'André Mure auront lieu samedi 3 mars à 10h45 en l'Eglise Sainte-Thérèse à Villeurbanne.

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