Michèle Laroque, la quinqua sympa

Entretien. Une élégance très 16e, ou 6e arrondissement, selon que l’on soit Parisien ou Lyonnais, Michèle Laroque, tout juste quinqua, parcourt depuis trente ans les scènes et les plateaux de cinéma dans des rôles aussi tragiques (Ma Vie en Rose) que burlesques (Pédale Douce). Avec Mon Brillantissime Divorce, une pièce qu’elle a elle-même adaptée de la britannique Geraldine Aron, Laroque s’essaie à la mise en scène et se retrouve seule sur les planches pour interpréter Angela, une épouse au premier abord sans histoire qui se fait plaquer un 14 juillet par un mari appâté par la chair fraîche d’Europe de l’Est.

Lyon’ne : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter cette pièce ?
Michèle Laroque : On me l’a donnée à lire et je l’ai trouvée très sensible et très drôle. Un divorce peut devenir un véritable drame. On peut se sentir victime et l’humour sert justement à faire en sorte que les gens ne se sentent pas seuls dans cette situation. D’un coup, ils se disent : “Ah tiens, ça arrive aussi aux autres”. Et en voyant rire le public autour d’eux, cela crée une complicité. L’humour dédramatise. C’est assez guérisseur et ça donne une certaine distance qui les aide beaucoup.

Votre propre divorce a-t-il influé sur votre personnage ?
La vie est faite d’étapes. C’en est une comme une autre. Ce divorce ne m’a pas tellement inspiré. J’ai l’impression, depuis que je suis née, de passer mon temps à regarder les gens, à les observer, à avoir envie justement de connaître leur vie. Pas d’une manière curieuse, malsaine mais parce que ça m’intéresse vraiment. J’aime beaucoup le personnage d’Angela. Au début, c’est une victime puis elle se rend compte qu’elle a beaucoup provoqué les choses. J’ai toujours eu l’impression, quand je joue un personnage, d’incarner ma sœur jumelle qui aurait été séparée de moi à la naissance et qui aurait eu une autre éducation, une autre vie un peu parallèle.

L’œuvre originale, avant votre relecture, est plus crue. Y-a-t-il des sujets que vous ne pouvez aborder ? Un langage que vous ne pouvez utiliser ?
Rien ne me fait peur. Aucun sujet tabou, j’aime être dans la vérité des choses. Mais c’est la façon de le dire qui peut être différente. Les anglo-saxons sont habitués à un langage plus cru. Comme l’humour est très culturel, on est obligé de l’adapter. Moi, je préfère dire les choses, sans parler de subtilité, mais avec plus de nuances, en les suggérant. Je pense que ça marche mieux avec le public français. Mais la trame et le personnage restent les mêmes.

Qu’est-ce qui a motivé cette première mise en scène, la première de votre carrière ?
J’ai eu envie d’être seule avec ma propre énergie face au public sans avoir le filtre du metteur en scène.
Je répétais dans ma chambre, puis je passais dans ma cuisine, au salon ensuite directement sur scène. Ça n’a pas été facile dans la mesure où, à un moment donné, on a besoin de retour. On parlait d’étape quand on a abordé le divorce et cela en a été une. C’est la première fois que j’ai un peu tout fait toute seule, du décor à l’affiche. Ce n’est pas toujours confortable car on a des doutes énormes ! Mais c’est une façon de me faire confiance et je n’en avais pas été capable jusqu’à présent.

Vous incarnez ici une quadra alors que vous venez de fêter vos cinquante ans, on a l’impression que le temps n’a pas d’emprise sur vous…
J’adore que vous disiez ça (rires). On a des visions des choses communiquées par nos parents, des règles qu’on nous a donné ou que notre expérience nous a apporté, mais je crois finalement qu’elles n’existent pas. Quand je fais du tennis, j’ai les mêmes sensations qu’à 20 ans. J’en suis très heureuse. Je n’ai pas l’impression d’être dans les clichés de mon âge. Il n’y a pas de règle et j’adore ça.

Vous avez conscience d’être un peu un sex-symbol ?
(Rires) J’ai reçu des lettres très évocatrices à ce niveau-là. Quelque part, ça m’amuse, mais je ne m’y arrête pas…

Restez-vous sensible aux critiques ?
Je ne lis pas les critiques parce que j’ai l’impression qu’on suit un chemin et trop de compliments ou de critiques sont là parfois pour vous faire sortir de ce chemin. J’essaie d’être le plus sincère possible et de faire les choses le plus en accord avec moi-même. Les critiques, je les lirai peut-être dans deux ans quand j’en aurai vraiment fini avec cette pièce. Mais ce qui m’agace, c’est quand les journalistes voient quelque chose qui n’existe pas. Quand je travaille, j’y mets tout mon cœur et je n’aime pas qu’on y voit un calcul.

Le regard que vous porte la presse a-t-il changé depuis le début de votre relation avec le ministre du Budget François Baroin ?
Oui, mais encore une fois, les journalistes projettent ce qu’ils veulent sur les couples. Je ne me suis jamais servi de ma vie privée pour intéresser les gens. Les choses professionnelles suffisent. Maintenant, quand j’ai vu à quel point on était “intéressants”, je me suis posée la question, je l’ai posée autour de moi. Les gens qui me font confiance et qui m’aiment n’ont pas changé d’avis et ceux qui ne m’aiment pas sont contents, c’est très bien. Depuis des siècles, avec les rois, un politique lié à une artiste, ça fascine les gens. Alors, je ne le prends pas personnellement, je me dis que c’est lié à nos activités.

L’histoire de certains revenus que vous ne déclarez pas en France en raison de votre résidence à Las Vegas, ville où il n’existe pas d’impôt, ça dépasse le cadre de vos activités…
L’histoire du Canard Enchaîné est un sujet monté de toutes pièces. Ce que ça a laissé entendre est entièrement faux. J’étais partie aux États-Unis depuis 2002 pour des raisons d’ordre privé. Les informations n’ont pas été tant reprises, ça veut dire qu’il y a des journalistes qui sont honnêtes. Ils ont bien compris comment les choses étaient arrivées et qui ne jouent pas à ce jeu-là. Ça fait plaisir. À moi aujourd’hui de m’endurcir.

Mon Brillantissime Divorce. Le 2 octobre à la Bourse du Travail, Lyon 3e.

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