Centrale nucléaire de Cruas-Meysse
La centrale nucléaire de Cruas-Meysse

Lyon se positionne sur le "nouveau nucléaire" et les EPR2

Un centre de formation spécifiques aux métiers du nucléaire a ouvert dans l'agglomération lyonnaise. Objectif : le "nouveau nucléaire", notamment les EPR2, décidé par Emmanuel Macron, qui sera pensé et conçu à Lyon.

Territoire particulièrement dynamique dans le secteur du nucléaire, le Rhône compte actuellement quatre centrales et deux sites nucléaires sur son territoire. Un secteur qui semble en pleine expansion, comme le témoigne l'inauguration du technocentre de Spie Nucléaire tenu à Genas, mardi 3 juin.

Après le changement de politique énergétique entrepris en France, le nucléaire fait face à un véritable enjeu, celui "d'entretien du savoir-faire."

De ce constat, Spie nucléaire, filiale française du leader européen indépendant des services multi-techniques dans les domaines de l’énergie et des communications, a décidé de doubler la surface de son technocentre.

Désormais, le site accueille plusieurs formations théoriques et immersives nécessaires aux métiers du nucléaire (électricité, soudage,robinetterie). Un concept inédit, puisqu'il est le premier centre Spie de ce type : "Aujourd'hui, on a des installations dans les centrales nucléaires qui appartiennent à une autre génération, il est donc nécessaire d'entretenir le savoir-faire", explique Corinne Figuereo, directrice technique et des exigences nucléaires chez Spie.

Ouvert depuis le début d'année 2025, le technocentre à d'ores et déjà dispensé plus de 2 000 heures de formation, et de nombreux entraînement et passages de qualifications. "Dans le nucléaire, le sujet c'est de faire bon dès le premier coup, on ne peut pas se permettre de se rater et cela passe par beaucoup d'entrainement, de certification et de qualifications", souligne Corinne Figuereo.

Lyon, plateforme de la refondation de la filière nucléaire française

D’ici 2026, 1 100 ingénieurs et techniciens de très haut niveau – certains migreront de la tour Areva, à La Défense – mettront le cap sur Gerland (dont 600 à l’horizon 2023). Ce sont eux qui formeront les équipes chargées du dossier EPR2, les futurs réacteurs nucléaires français. Tous intégreront Edvance, une filiale d’EDF et "jalon essentiel de la refondation de la filière nucléaire française", qui conclut le rapprochement des ingénieries d’EDF et de Framatome (conception de centrales nucléaires, et dont l’énergéticien est le premier client).

D’emblée, elle renforce le statut de Lyon comme "plateforme extrêmement puissante pour l’industrie nucléaire française", selon Thierry Caillon, responsable de la communication du groupe régional Rhône-Ain-Loire de la Sfen (Société française d’énergie nucléaire). Confirmant ainsi le solide ancrage économique nucléaire local.

Il suffit de jeter un œil au panorama atomique local pour s’en faire une idée : 1 200 entreprises (avec, pour la moitié d’entre elles, un chiffre d’affaires nucléaire qui représente plus de 20 % du total annuel), 48 000 salariés et la première marche du podium des régions productrices d’énergie nucléaire en Europe. Quant à l’avenir, cette implantation positionne Lyon comme "the place to be en Europe pour l’innovation et l’ingénierie nucléaire", d’après Jean-François Debost, directeur général de Nuclear Valley, le pôle de compétitivité de la filière nucléaire française.

Lire : Lyon, cœur du nucléaire de demain

Quatre domaines de formation

Le technocentre propose quatre socles de formations essentielles à l'industrie du nucléaire. Dispensées par des techniciens de l'entreprise Spie, les formations sont ouvertes aux techniciens internes. Ces dernières leur permettent d'obtenir de nouvelles qualifications et d'avancer dans leur parcours professionnel.

Parmi ces quatre socles, une formation en électricité permet aux apprenants d'obtenir une expertise globale en installations électriques, automatisme, câblage SIP, ou encore relayage. Une formation en soudage pour acquérir des techniques plus avancées de soudage manuel et orbital (automatique) est également dispensée, au même titre que les formations en ventilation et en robinetterie avancées.

A l'étage du bâtiment, des formations plus classiques, type management ou anglais technique, sont proposées sous forme de cours théoriques : "Ce qui est intéressant au technocentre, c'est qu'on a deux typologies d'espace. On a des espaces pour des formations théoriques dans des salles de formation tout équipées, et on a d'autres typologies d'espace de formation qui sont vraiment axées sur la pratique d'un geste technique", explique Eva Rodenas, responsable du technocentre lyonnais.

Salle technocentre Genas
Salle du chantier-école ventilation avec un bac à gant immersif.

Apprendre en "conditions du terrain"

Des gestes techniques appris en conditions réelles, puisque le technocentre de Genas se démarque par sa méthode d'apprentissage immersive : "La formation reproduit les conditions du terrain, cela permet d'exercer et de bien se former pour être directement opérationnel une fois sur place", souligne Eva Rodenas. Et de poursuivre : "Les formations dispensées au technocentre sont très techniques, elles reposent sur des savoir-faire de niche que l'on n'apprend pas à l'école et que l'on doit vraiment conserver."

Pour réaliser ces formations dans les meilleures conditions, le technocentre dispose de plusieurs salles immersives. Au rez-de-chaussée, se trouve le chantier-école "ventilation", où un réseau d'extraction est recréé. Les apprenants peuvent ainsi directement s'entraîner sur les machines et reproduire des cas de figure existants. Même schéma du côté de l'atelier de soudage, où les apprenants peuvent apprendre de nouvelles techniques, notamment orbitales. Enfin, des formations autour du câblage se tiennent au sein du FabLab du centre.

Soudure techno centre Genas
Salle de soudure où les apprenants peuvent s'entraîner aux différentes techniques.
La salle Fablab et ses ateliers de câblage.
Machine technocentre Genas
Machine du chantier-école permettant aux apprenants de s'entraîner en conditions réelles.
Machine de soudure orbitale, utilisée par les apprenants.

Perspectives futures

Spie développe également plusieurs projets sur le technocentre. Parmi eux, une formation virtuelle est actuellement en phase de test. Son principe est simple : à l'aide d'une tablette, d'un smartphone, ou d'un casque de réalité virtuelle, les apprenants pourront participer à des chantiers virtuels leur permettant de s'exercer sur les machines de leur choix, depuis n'importe quel lieu. Un prototype immersif et accessible pour l'instant peu développé dans les entreprises de ce type.

Réalité virtuelle technocentre Genas
Voici à quoi ressemblera la formation virtuelle du technocentre.

A terme, Spie n'exclut pas d'ouvrir son technocentre aux externes.

Lire aussi :

Pour aller plus loin : "Le nucléaire, l’énergie de demain ?" Une enquête dans la région de Lyon à lire sur www.lyoncapitale.fr

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