Lyon : les Républicains jugent le réseau TCL, sans rien proposer

Les Républicains de la métropole de Lyon lancent une campagne sur le réseau TCL, livrant leur "constat" sur son état et les prix, sans pour autant proposer quoi que ce soit. Interrogé sur l'absence de projet présenté, Alexandre Vincendet des Républicains a répondu à la presse : "Vous n'avez pas à fixer notre calendrier".

"Augmentation de l'abonnement TCL depuis 2001 +51 %, Collomb, Kimelfeld, ça suffit !", c'est le titre du tract imprimé à 200 000 exemplaires que les Républicains de la métropole de Lyon vont distribuer ces prochaines semaines. À l'intérieur, le discours pourrait presque venir d'une communication des Verts : "Collomb et Kimelfeld augmentent encore le prix des TCL. Alors que Lyon est la ville de France où la température augmente le plus vite. Alors qu'il y a toujours plus d'embouteillages. Alors que l'air de Lyon est toujours plus pollué. Alors que notre pouvoir d'achat est amputé par l'augmentation des taxes et des impôts".

Les Républicains ont choisi de demander l'avis des habitants de la métropole de Lyon et lancent en parallèle un site dédié : tcl2020.fr. Neuf questions plus ou moins fermées sont ainsi posées via un questionnaire Google* de "Jugez-vous les tarifs des TCL... Trop élevés / Élevés / Correct" à "Êtes-vous satisfait(e) du service client TCL ?", avec la possibilité à la fin d'ajouter une remarque via "Souhaitez-vous nous dire quelque chose de particulier ?" Les réponses seront-elles utilisées lors de la campagne 2020 ? Les conditions d'utilisation ne le précisent pas et restent flous sur ce point. Par ailleurs, le site ne mentionne jamais qu'il s'agit d'une initiative des Républicains.

"Vous n'avez pas à fixer notre calendrier"

Pour amorcer cette campagne, Philippe Cochet, maire de Caluire Les Républicains, élu au Sytral lance : "D'un côté, on a baissé les moyens du Sytral, de l'autre on a 51 % d'augmentation depuis 2001. Les transports en commun sont un enjeu majeur, l'endettement du Sytral, c'est un outil d'investissement pour le réseau", tout en soulignant que "Le Sytral est bien géré". Les journalistes présents rappelleront rapidement que l'élu oublie que son groupe politique s'est abstenu sur ces mêmes augmentations jusqu'en 2017, avant de voter contre par deux fois en 2018.

De son côté, Alexandre Vincendet, président des Républicains du Rhône et de la Métropole de Lyon, rappelle que David Kimelfeld comme Gérard Collomb viennent d'annoncer tour à tour qu'ils doubleront la contribution de la métropole de Lyon au Sytral lors du prochain mandat, s'ils sont réélus : "Ils viennent de découvrir que ce n’était pas bien de baisser les moyens du Sytral".

Le but aujourd'hui n'est pourtant pas de faire de propositions du côté des Républicains, mais "de dénoncer le bilan". Seule promesse explicite : "il y aura des propositions plus tard", en partie grâce aux contributions qu'ils pourront recevoir via Internet. Face aux demandes insistantes des journalistes, venus ici pour plus qu'un constat, Alexandre Vincendet s'emporte : "Vous n'avez pas à fixer notre calendrier".

Question sans réponse...

Dès lors de nombreuses questions resteront sans réponse : "Veulent-ils baisser le prix de l'abonnement TCL pour encourager la mobilité ?", "Pourquoi parler du prix plein tarif à 64 euros quand 95 % des abonnés payent aujourd'hui 32 euros au maximum, grâce aux différents tarifs réduits ou les 50 % remboursés par les employeurs ?", "Pourquoi ne pas mettre en avant la question de ces 5 % qui payent plein tarif et apporter des solutions pour eux ?" Un autre détail dérange. Sur le tract ou lorsque les élus parlent, ils évoquent uniquement le Sytral à travers Gérard Collomb, maire de Lyon et David Kimelfeld, président de la métropole, sans jamais parler de Fouziya Bouzerda, la présidente... du Sytral. "Sexisme ordinaire ?", lançons-nous, Alexandre Vincendet rétorque un "non" ferme puis embraye "les décisions du Sytral se prennent 20 rue du Lac", à l'hôtel de la métropole.

Et quelques brides en insistant

À force d'insister face à cette absence de projet, quelques éléments finiront par être donnés. Sur les leviers qui permettraient d'augmenter le financement du Sytral, alors qu'il estime qu'il est bien géré, Philippe Cochet met en avant les économies structurelles et de fonctionnement que pourraient faire la métropole de Lyon.

De son côté, Stéphane Guilland, président du groupe d'opposition municipale Ensemble pour Lyon, défend l'anneau des Sciences "C'est indispensable d'avoir un périphérique bouclé" tout en soulignant l'absence de métro à Confluence "boulet de Collomb". Quant à Alexandre Vincendet, il met en avant un réseau qui doit "aller vers la toile", avec "la difficulté d'aller d'une ville à une autre en périphérie sans passer par le centre". Un autre sujet lui tient à cœur depuis plusieurs années, celle d'un téléphérique urbain qui partirait du plateau de Sermenaz, passant par le parc de Miribel Jonage, puis le Grand Stade, pour un volume qu'il estime à 5 000 voyageurs par heure. L'idée est séduisante, elle n'a peut-être pas reçu l’accueil qu'elle mériterait au Sytral, mais il aura fallu se battre pendant une heure pour enfin obtenir l'esquisse d'un projet des Républicains.

La mobilité, un thème essentiel en 2020

Les + 51 % d'augmentation depuis 2001 peuvent être impressionnant en l'état, mais ils ne prennent pas en compte les 50 % remboursés par l'employeur, le tarif des abonnements étudiants et séniors qui n'a augmenté que de 4,4 % sur la même période, les abonnements sociaux qui n'ont pris que + 1 % en 18 ans. En novembre, nous soulignions "la vidéo pédagogique un peu limite du Sytral" sur le coût du réseau TCL, se basant sur les abonnements les moins chers pour établir un prix par trajet estimé à "0,20 euro" (lire ici). En mettant en avant les + 51 %, les Républicains font exactement l'inverse, avec les mêmes limites qui apparaissent. Le juge de paix reste que de 2001 à 2018, l'offre du réseau a aussi progressé de 42 % et la fréquentation de 58 %.

Au final, c'est Dominique Nachury, conseillère municipale et métropolitaine Les Républicains, qui livrera un constat sans appel  : "La mobilité dans la diversité des modes de déplacement sera l'un des thèmes essentiels des prochaines élections". Pour l'instant, face aux enjeux qui arrivent, les Républicains n'ont pas encore dévoilé leur vision des transports de demain. Avec cette campagne, la thématique aura surtout servi à taper sur Gérard Collomb et David Kimelfeld. Pourtant, le sujet est bien trop sérieux pour n'être utilisé que pour ça.

*Utiliser un questionnaire Google, on passera sur la préférence régionale chère au patron des Républicains Laurent Wauquiez, tout comme les questions de souveraineté nationale soulevées lorsqu'on héberge un sondage politique sur une plateforme américaine, quand des alternatives libres existent. 

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