Lyon : le cardinal Barbarin de retour devant la justice des hommes

Le procès en appel du cardinal Barbarin s’ouvre ce jeudi à Lyon. L’archevêque de Lyon avait été condamné en première instance à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’agression sexuelle sur les victimes du père Preynat.

À deux pas de la cathédrale Saint-Jean et du siège du diocèse et sous le regard de Notre-Dame-de-Fourvière, le cardinal Barbarin sera jugé jeudi en appel par la justice des hommes. Une audience prévue derrière les 24 colonnes du palais de justice qui borde la Saône. Entouré de cinq membres du diocèse (relaxés) en première instance, c'est seul que le cardinal se présentera cette fois devant les juges.

En mars dernier, il a été condamné à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’agression sexuelle sur les victimes du père Preynat. Un verdict qu'il a immédiatement contesté. “La motivation du tribunal ne me convainc pas”, expliquait Jean-Félix Luciani, l'avocat de l'archevêque, pour motiver ce recours. Me André Soulier, l'autre avocat de l'homme d'Église, dénonçait “une décision vide et indigeste pour donner satisfaction à l’opinion publique”“Il était difficile pour le tribunal de résister à une telle pression, avec des documentaires, un film. Ça pose de vraies questions sur le respect de la justice”, déplorait-il.

De leur côté, les victimes seront toujours neuf demain face au cardinal. Elles espèrent que cette nouvelle audience permettra de préciser un peu plus les faits. Selon la première décision de justice, “alors même que ses fonctions lui donnaient accès à toutes les informations et qu’il avait la capacité de les analyser et les communiquer utilement, Philippe Barbarin a fait le choix en conscience, pour préserver l’institution à laquelle il appartient, de ne pas les transmettre à la justice. (…) il a préféré prendre le risque d’empêcher la découverte de très nombreuses victimes d’abus sexuels par la justice et d’interdire l’expression de leur douleur”. Comme nous avions pu le documenter à la suite de cette décision, le cardinal aura mis quatre ans, après avoir été averti par Alexandre Hezez, l'une des victimes de Bernard Preynat, pour écarter définitivement le prêtre pédophile. 

C’est sur ces faits, dénoncés par M. Hezez, que l’archevêque de Lyon a été condamné. “Une dénonciation adressée au procureur de la République pouvait tout à fait contenir les mêmes informations que celles transmises à Rome”, en 2014 quand le cardinal décide de solliciter l’avis de la hiérarchie de l’Église, écrivaient les juges. Philippe Barbarin avait lui concédé des “erreurs de gouvernance” mais pas de “faute pénale” en ayant “fait ce que Rome” lui avait demandé et en encourageant [M. Hezez, NdlR] à ne pas renoncer et à trouver d'autres victimes”. Cette défense ne devrait pas varier demain.

Depuis, le cardinal a présenté sa démission au pape François, que le souverain pontife a refusée. En retrait de la vie du diocèse, Philippe Barbarin a été remplacé par intérim par Mgr Michel Dubost, qui a récupéré ses pouvoirs et été nommé administrateur apostolique sede plena par le pape.


Retrouvez les articles sur le premier procès Barbarin ci-dessous.

Jour 1 (ici), Jour 2 (ici et ici), Jour 3 (ici et ici), Jour 4 (ici et ici)

Lyon : Barbarin condamné, récit d’une journée “historique”

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