Lyon : effet pervers inattendu pour les bacs à fleurs sur les voies de bus

Le projet de végétalisation de certaines rues de la presqu'ile de Lyon, dont Edouard Herriot, n'en finit pas d’enchaîner les polémiques. Ces bacs à fleurs sur les voies de bus et vélo ont entraîné un nouvel usage inattendu : un gain d'espace pour le stationnement illégal.

Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Déjà décrié lors de sa présentation, le projet de la ville de Lyon de végétaliser les rues Édouard Herriot, de Brest, Chenavard et Gasparin n'en finit plus d'enchaîner les polémiques.

Cette expérimentation qui doit durer 18 mois consiste à placer des bacs à fleurs et arbustes sur les voies de bus et vélo et la place dédiée à la voiture et au stationnement a été préservée en immense partie. Ainsi,  tous les véhicules doivent désormais partager la même voie de 3,5 mètres de large : automobiles, SUV, camions de livraison, deux roues motorisés, trottinettes, cyclistes, bus de la ligne S1 (2,33 m de largeur)... Les retours particulièrement négatifs lors de la consultation en ligne n'ont quasiment rien changé au projet de base. Seule "avancée", qui pose elle aussi problème : les vélos bénéficieront de double sens cyclable pour remonter ces 3,5 mètres fourre-tout.

En pratique, la rue Edouard Herriot est devenue l'un des points noirs pour les cyclistes et passagers des transports en commun, tous coincés dans les bouchons et ne bénéficiant plus des avantages d'une voie dédiés. Les voitures collent déjà les vélos, certains dépassements sont trop proches et il suffit de rouler ici pour se faire peur en quelques minutes. Même si la zone est limitée à 30 km/h, elle est déjà considérée comme potentiellement dangereuse par les cyclistes. Ces effets négatifs avaient été prédits par les citoyens, associations cyclistes et médias comme Lyon Capitale, dès la présentation du projet.

L'effet pervers inattendu, mais tellement logique 

Un autre effet vient d’apparaître et il témoigne de l'échec total du projet de végétalisation. La position des bacs à fleurs sur les voies de bus et vélo a créé de nouveaux espaces favorisants le stationnement illégal. En quelques jours seulement, un nouvel usage est apparu sur le secteur, selon nos constations. Pour des raisons de sécurité, les bacs à fleurs ne sont pas présents à proximité des passages piétons, or des conducteurs profitent de ce nouvel espace pour garer leur voiture, parfois pour du stationnement long (ne respectant pas la loi, il en va de soi).

En temps normal, le flux des bus et vélo rendrait ce type de stationnement difficile, même si certains ont toujours été amateurs du double file sur Herriot. Avec les bacs à fleurs, il est désormais facilité et la voiture qui n'avait pas vu sa place grandement diminuée dans cette expérimentation la voit même augmenter, tout un paradoxe. Selon le projet de végétalisation, des planchers en bois doivent être posés entre les bacs, mais cela n'est pas encore le cas. La nature ayant horreur du vide, il a été comblé de la pire manière.

Au-delà de la question de civisme et de savoir vivre, ce stationnement à côté de passage piéton renforce pour l'instant la dangerosité potentielle du secteur. Les véhicules plus ou moins haut garés à ces endroits empêchent ceux qui circulent de voir correctement les piétons qui s'engagent pour traverser. Lyon va lancer une opération de vidéo verbalisation qui permettra de sanctionner ce type de comportement (lire ici). En quelques jours, cette opération de végétalisation est devenue le symbole d'un marketing politique où les usages semblent avoir été absents des réflexions.

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