Fort d’un écosystème solide et ultra proactif, d’un modèle fondé sur la recherche fondamentale et l’innovation technologique, en combinant université, tissu industriel et réseau d’entreprises extrêmement prometteuses, Lyon se positionne comme un pôle de santé mondiale incontournable.
On les appelle les virus “bactériophages”, les mangeurs de bactéries. Ils sont capables de détruire spécifiquement les bactéries tout en étant inoffensifs pour les cellules humaines. Ils ont toutes les formes possibles et imaginables mais le plus classique ressemble au LEM des missions Apollo qui s’est posé sur la Lune avec des pattes lui permettant de s’accrocher aux bactéries pour tenter d’injecter son matériel génétique dans la bactérie. On les trouve partout dans l’eau, dans la nature. À Lyon les premiers phages ayant montré leur intérêt clinique contre les staphylocoques dorés ont été isolés dans l’eau… du parc de la Tête-d’Or. “La diffusion rapide et inexorable des résistances aux antibiotiques constitue l’un des défis sanitaires de la prochaine décennie, explique le professeur Frédéric Laurent, bactériologiste à l’Institut des agents infectieux des Hospices civils de Lyon et chercheur Inserm au Centre international de recherche en infectiologie. Dans ce contexte, la recherche d’alternatives thérapeutiques est un enjeu majeur de santé publique et une priorité.” Il y a onze ans, quasiment mois pour mois, l’OMS s’alarmait déjà : “Le monde s’achemine vers une ère postantibiotiques où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer.” À l’horizon 2050, l’antibiorésistance sera la première cause de mortalité au monde avec un décès toutes les trois secondes. Pour l’heure, comme les phages sont des organismes vivants, leur utilisation est très encadrée en France mais ils représentent un espoir contre les infections résistantes. Lyon, au travers du programme des Hospices civils de Lyon PHAGEinLYON et des projets PHAG-ONE et THERAPhage, financés par l’État et portés par le professeur Laurent, est aujourd’hui leader en Europe. Et les travaux en cours pourraient déboucher sur la création d’un établissement français des phages thérapeutiques qui, à l’image de l’Établissement français du sang, pourrait fournir l’ensemble de la communauté médicale française (voire européenne) en phages thérapeutiques, offrant ainsi de nouvelles perspectives pour les patients en échec de traitement avec les antibiotiques qui seront de plus en plus nombreux.
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