Une mise en impasse de la rue Jérôme Dulaar va être expérimenté pendant plusieurs mois, pour « apaiser la rue ». (Photo Hadrien Jame)

Lyon : à la Croix-Rousse, la mise en impasse d’une rue fait des vagues au conseil d’arrondissement

Le conseil d’arrondissement de la mairie du 4e, qui se déroulait mercredi 1er décembre, a vu le maire de la Croix-Rousse s’opposer à plusieurs habitants venus protester contre le réaménagement de la rue Jérôme Dulaar, transformée en impasse de manière expérimentale. Une soirée sous tension où chacun est resté campé sur ses positions. 

À entendre plusieurs habitués des conseils d’arrondissement de la Croix-Rousse, rarement un rassemblement du genre entre les élus du 4e aura duré aussi longtemps. Il était environ 21h30 mercredi 1er décembre lorsque la salle du conseil de la mairie du 4e s’est totalement vidée de ses occupants, après près de 2h30 de débats et d’échanges animés entre les élus de la majorité et l’opposition, mais surtout entre le maire et plusieurs habitants du Plateau. 

Sur les coups de 18h20, quelques minutes avant le début du conseil, la présence devant la mairie d’une dizaine de riverains remontés contre la mise en impasse de leur rue laissait déjà présager d’une soirée animée. Dés le début du conseil, au détour d’une prise de parole, sur un sujet plutôt anodin, David Kimelfeld, l’ancien maire de la Croix-Rousse aujourd’hui conseiller d’opposition, ouvrait les hostilités en demandant au maire une interruption de séance pour interroger des habitants de la rue Jérôme Dulaar. 

Mercredi 1er décembre, une dizaine d'habitants de la Rue Jérôme Dulaar sont venus assister au conseil d'arrondissement du 4e, n'hésitant pas exprimer leur désaccord avec la mesure de la mairie. (Photo Hadrien Jame)

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Le maire refuse la parole aux habitants

Un coup de pression visiblement pas du goût du maire écologiste, Rémi Zinck, qui lui imposait une fin de non-recevoir en déclarant ne pas "souhaite[r] faire d’interruption de séance", avant d’ajouter, pas dupe, "ici c’est le lieu de l’expression démocratique des élus, ce n’est pas le lieu de pression des habitants sur les élus". Néanmoins, aucun sujet n’étant "tabou", selon le maire, ce dernier acceptait d’aborder la question de la rue Dulaar, entre élus, après l’ordre du jour. S’en suivait alors une véritable "situation de zizanie" pour reprendre les mots d’Anne Pellet, conseillère d’opposition et ancienne tête de liste d’Étienne Blanc dans l’arrondissement lors des dernières municipales. 


"Ici c’est le lieu de l’expression démocratique des élus, ce n’est pas le lieu de pression des habitants sur les élus", Rémi Zinc, maire écologiste du 4e arrondissement de Lyon


Plus d’une heure plus tard, au moment d’aborder le sujet tant attendu par une dizaine de personnes dans l’assistance, Rémi Zinck est immédiatement coupé par une voix qui s’élève. Dans un coin de la salle, une habitante de la rue en question lâche : "Monsieur le maire, pouvons-nous être entendus, car nous nous sommes déplacés en masse et nous ne sommes pas entendus". S’en suit alors un dialogue de sourds où chacun campe sur ses positions, Rémi Zinck haussant à plusieurs reprises le ton en menaçant de faire évacuer la salle devant des habitants atterrés par ce manque de dialogue, bien que le règlement soit du côté du maire, l’assistance n’ayant pas le droit d’intervenir sans autorisation.

Dialogue de sourds

Rémi Zinck (RZ) : "Madame, je vous demande de ne pas prendre la parole, il n’y a pas de possibilité pour vous de parler, je le répète". 

Une habitante : "Mais vous ne la donnez pas, c’est ça qui est dommage. Vous parlez de concertation, de coconstruction d’écoute, et vous ne le faites pas alors que nous nous sommes déplacés".

RZ : "Dernière fois Madame. S’il vous plaît, je vous demande de ne pas prendre la parole, ce n’est pas le lieu". 

Une habitante : "Mais à quel moment ? À quel moment alors ?" 

RZ : "Si vous perturbez le conseil Madame, je vais devoir suspendre la séance et vous faire évacuer. C’est quand même dingue d'en arriver à ça. Il s’agit quand même […] d’une mesure de sécurisation et pas d’autres choses. […]"

Finalement l’élu écologiste ne mettra pas ses menaces à exécution, mais le mal est fait et déjà plusieurs personnes quittent la salle alors qu’un "on se fou de nous", prononcé avec colère, s’élève de l’assistance. Visiblement agacé derrière son masque, Rémi Zinck insiste alors sur le fait que ce projet a été initié par le précédent exécutif emmené par David Kimelfeld, qui, selon lui, "joue maintenant les chevaliers blancs". 


"Vous parlez de concertation, de coconstruction d’écoute, et vous ne le faites pas alors que nous nous sommes déplacés", une habitante de la rue Jérôme Dulaar


Pas de quoi apaiser la colère de la dizaine d’habitants, pas plus que le rappel du déplacement rue Jérôme Dulaar, le 19 novembre, de l’adjointe aux mobilités et à la voirie Élodie Trias, pour dialoguer avec les riverains. S’en suit même un autre échange animé, avant que Rémi Zinck ne menace une dernière fois de faire fermer la salle en déclarant "c’est un conseil d’arrondissement, pas une assemblée populaire.  […] Nous ne menons pas une décision finale et définitive, mais une expérimentation". 

Un bilan à mi-parcours 

La décision finale de pérenniser ou non ce réaménagement de la rue Jérôme Dulaar, que nous évoquions en détail ici, devait initialement être prise au mois de septembre, mais, devant l’opposition des habitants, la mairie a revu sa copie "Pour faire ce bilan avec les habitants il faut quand même que ça fonctionne plusieurs mois, mais on a bien pris en compte que la période d’expérimentation leur paraissait trop longue, donc on souhaite faire un point à mi-parcours au mois d’avril", nous confiait Élodie Trias à l’issue du conseil. L’élue l’assure, "s’il y a trop de dysfonctionnements on en tirera les conséquences". 


"S’il y a trop de dysfonctionnements on en tirera les conséquences", Élodie Trias, adjointe du 4e aux mobilités et à la voirie


Après les travaux qui seront menés du 29 novembre au 3 décembre, L’entrée et la sortie des véhicules s’effectuera par la même rue. (Crédit mairie du 4e)

Néanmoins, elle reste "convaincue" que cette mesure "est une amélioration de leur cadre de vie", d’autant que les derniers comptages réalisés dans cette rue, où les trottoirs ne sont pas réglementaires, car trop étroits, montrent que la vitesse de référence (V85) y est actuellement de 34 km/h contre les 20 km/h imposés en "zone de rencontre". Pas certains que cela soit suffisant pour apaiser la colère des habitants, qui continuent de trouver la mesure inadaptée et auraient par exemple préféré voir apparaître des bornes rétractables, jugées inadaptées et trop chères par la mairie par rapport à "son enveloppe budgétaire".

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Le conseil d'arrondissement du 4e est à retrouver ci-dessous en vidéo :

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