La société Agilis se charge de la conception et de l’application de la peinture anti-chaleur dans le 7e arrondissement de Lyon

La Métropole de Lyon abandonne la peinture anti-îlots de chaleur

Insatisfaite par les résultats de l'expérimentation menée dans le 7e arrondissement de Lyon, la Métropole abandonne la peinture anti-îlots de chaleur.

7 juillet 2021 en début d'après-midi, le soleil irradie la rue Béchevelin dans le 7e arrondissement de Lyon. Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon est accroupi, une main posé sur le trottoir recouvert d'une peinture grège, isolante, "anti-îlot de chaleur". "Il suffit de toucher pour voir que cela fonctionne", lance-t-il alors. Deux ans plus tard pourtant, au détour d'une conférence de presse sur la chaleur en ville, le président écologiste de la Métropole le confie, "l'expérience ne sera pas poursuivie, les résultats n'ont pas été satisfaisants".

Lire aussi : La Métropole de Lyon lance l'expérience d'une peinture isolante au sol pour lutter contre la chaleur

Salissante, inefficace, chère

A l'époque, les services de la collectivité expérimentent pour la première fois cette nouvelle peinture isolante, présentée comme l'une des solutions éventuelle contre les îlots de chaleur urbains. Constituée de petites billes de céramique vides à 80 %, elle doit permettre d'empêcher la chaleur de s'accumuler. Selon les premiers relevés effectués, la température au sol diminue de 10°C sur les zones concernées par l'expérimentation.

"Le revêtement ne faisait pas forcément diminuer la chaleur au sol, reconnaît-on du côté de la Métropole. Et d'ajouter : il était très salissant, des traces noires sont apparues très vite." Très clair, le caractère réfléchissant du revêtement pouvait aussi être dérangeant visuellement. Interrogé sur le sujet, Bruno Bernard assurait à l'époque : "On peut mettre la couleur que l’on veut. Si on avait mis du noir on nous aurait dit qu’il n’y avait pas de différence. C’est une expérimentation." Deux ans plus tard, les services de la Métropole confirment bien que "pour limiter le stockage de chaleur par le sol, il est nécessaire que la peinture ou le revêtement soit clair".

Moncey dans le 3e arrondissement de Lyon. Un revêtement clair a été utilisé. (@NC)

L'idée reste dans les cartons pour les toits des bâtiments

Le coût de l'opération s'avérait également relativement élevé, au moins 20 € par m² sur des zones planes, et plus cher encore en fonction du relief et de la porosité du trottoir. Tentée par les promesses de l'innovation, la collectivité écologiste s'en remet finalement aux solutions de toujours, dont l'efficacité n'est plus à prouver : une végétalisation dense et une désimperméabilisation ambitieuse. C'est seulement en complément, et sur des zones aux contraintes spécifiques comme sur l'esplanade Moncey sous laquelle le métro passe, que l'exécutif utilise un revêtement clair et drainant. Mais "le surcoût est significatif", rappellent les services de la Métropole, ce type de revêtement pouvant être jusqu'à trois fois plus cher qu'un enrobé noir classique.

L'utilisation de peinture anti-chaleur n'est toutefois pas totalement jetée aux oubliettes par les écologistes puisqu'elle pourrait être appliquée sur les toits de certains bâtiments comme l'a fait la Ville de Grenoble avec un certain succès. L'idée, jugée "intéressante" par les services pourrait faire partie d'un plan d'action plus vaste sur l'adaptation au changement climatique.

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