David Kimelfeld président de la métropole de Lyon © Tim Douet

Kimelfeld : "Lyon n’a pas les mêmes règles que Paris sur la pollution"

En pleine alerte pollution, vigilance rouge, le président de la métropole, David Kimelfeld, interpelle l'État sur les différences de règles entre Lyon et Paris qui empêchent "d'agir plus vite".

Lyon Capitale : Pourquoi avoir réagi tardivement pour demander la circulation différenciée à Lyon, quand Paris l’a fait plus tôt ?

David Kimelfeld : On peut toujours nous reprocher de prendre la parole tardivement, mais Lyon n’a pas les mêmes règles que Paris en matière de pollution de l'air. L’arrêté préfectoral est différent. Pour pouvoir agir plus vite, je vais interpeller l’État sur ces règles, il faut qu’on puisse gagner du temps en cas de début de pic de pollution. Les actions pourraient être déclenchées plus vite. Ces différences me questionnent et je milite pour que les règles soient les mêmes à Lyon et Paris.

La préfecture vient de déclencher la circulation différenciée à Lyon, est-ce suffisant ?

Je suis plutôt satisfait, on est entré en discussion avec eux mardi matin. Néanmoins, seuls les véhicules sans vignette Crit'Air n'ont pas le droit de circuler. J’aurai préféré que cette exclusion concerne aussi les véhicules avec une vignette Crit’Air 4 et 5.

Quels sont les leviers de la métropole en matière de lutte contre la pollution ?

On a la compétence sur la pollution de fond. On a mis en place plusieurs mesures comme l’aide pour remplacer les appareils de chauffage au bois ancien, celle pour l’éco-rénovation, la prime pour l’achat d’un vélo électrique. On va démarrer la zone à faibles émissions. On va également intensifier les initiatives pour les modes doux dans les prochaines années. (NDLR : lire notre article sur la zone de faibles émissions, ZFE ici)

En Italie, les pics de pollution sont actuellement moins importants dans les métropoles qui ont interdit les véhicules polluants dans leur centre-ville, allez-vous aller plus loin sur la ZFE ?

Quelques villes italiennes sont clairement en avance sur nous. Dans certaines, vous ne pouvez pas entrer en voiture dans un périmètre précis. Je le redis, notre zone de faibles émissions est une première étape. Il ne faut pas s’interdire d’aller plus loin. La rencontre du 9 mars permettra d'échanger sur les propositions. Il faut discuter avec l’ensemble des acteurs, qu'ils soient sur la question du climat, de la pollution, mais aussi du social que j'ai souhaité intégrer aux échanges (NDLR : le 9 mars, la métropole de Lyon lancera "On s'y met tous", une grande concertation publique sur la transition écologique, le climat et la pollution).

Le risque politique de ne rien faire est-il devenu plus fort ?

Dans le passé, on disait qu’il y avait un risque de faire. Aujourd’hui, vous avez le risque de faire, mais aussi le risque de ne rien faire, il faut bien mesurer tout ça. Quand je vois la pétition lancée contre les 70 km/h sur le périphérique par Les Républicains, je pense aussi que notre décision d'abaisser la vitesse répond à un besoin en matière de qualité d’air. C’est une partie de la réponse, mais pas l’ensemble. Au final, c’est le cumul des réponses qui feront le résultat.

Quand les 70 km/h seront-ils en place sur le périphérique ?

Pour des raisons techniques, la limitation à 70 km/h sur le périphérique se concrétisera fin mars, mi-avril. Je m’interroge aussi sur l’A6/A7 déclassée. L’objectif à terme c’est de limiter la circulation à 70 km/h sur l’ensemble du parcours, mais je me demande si l’on ne devrait pas avancer cette limitation au moment des aménagements.  Les travaux vont prochainement démarrer, je pense que nous devons en profiter pour mettre le sujet des 70 km/h sur la table.

La présidente du Sytral, Fouziya Bouzerda, défend la nécessité d’avoir plus de parcs relais autour de Lyon, est-ce une réponse rapide contre la pollution ?

Elle a raison, on constate que même durant les vacances les parcs relais sont pleins. Il faut les multiplier, mais ils doivent aussi être adaptés. Au début du projet de déclassement de l’A6/A7, le parc relais envisagé à Limonest faisait 150 places, c’était ridicule, il est désormais de 450 places. Il faut aussi de la multimodalité. Quand je vois des parcs avec 15 places pour des vélos, ce n’est pas possible, il faut multiplier ce chiffre par 3 ou 4, voire plus, prévoir des prises pour les vélos électriques, être ambitieux.

Le pic de pollution actuel trouve également ses racines dans le climat, pourtant les deux ont été régulièrement séparés, allez vous les réunir le 9 mars ?

J’ai été un peu surpris quand certains nous ont dit qu’on n’avait pas mis la pollution dans le débat sur climat. La pollution est au cœur du débat, elle est centrale et préoccupante, quand on est citoyen, mais aussi pour nos enfants. Je le dis souvent, elle fait partie des critères dans l’attractivité. Quand les entreprises veulent venir s’installer chez nous, elles nous interrogent sur la qualité de l’air, mais elles nous parlent plus de la pollution de fond, que des pics.

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