La crise sanitaire et économique pourrait impacter le marché de l'immobilier
© Antoine Merlet

Immobilier à Lyon : crise sanitaire, encadrement des loyers, quelles perspectives pour 2021 ?

Lors d'un point presse organisé ce mercredi, la chambre de la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) du Rhône est revenue sur une année 2020 marquée par deux confinements liés à la crise sanitaire et a fait un point sur les perspectives pour 2021 pour le marché de l'immobilier à Lyon.

“La crise immobilière n'a pas eu lieu”, s’est d’emblée félicité Nicolas Bouscasse, président de la Fnaim Rhône. Fin septembre, 25 618 ventes de logements ont été enregistrées dans le Rhône. Le département concentre ainsi presque 20% des ventes réalisées en Auvergne-Rhône-Alpes. Un chiffre assez important au vu du contexte et en comparaison aux 28 276 ventes de 2019 et 27 006 ventes de 2018 sur une année entière. Cette bonne santé du marché immobilier s'inscrit dans une tendance plus longue. Depuis 5 ans, les ventes ont progressé de 32,1% et de 19,9% sur 10 ans dans le Rhône.

En juin 2020, le prix médian d'un appartement était de 3590€/m2 dans le Rhône (+12,3% en un an) et de 322 500€ pour une maison (+4% en un an). À Lyon, ce prix médian s'établit à 4289€/m2 (+5,4% en un an).

Les prix médians selon les arrondissements varient entre 3540€/m2 dans le 5e à 5840€/m2 dans le 6e. Et encore, ces prix sont parfois trompeurs, concède Nicolas Bouscasse : “Si le prix médian dans le 4e est de 5140€/m2, en réalité, à la Croix-Rousse aujourd'hui, on est pour des biens prisés plutôt autour de 6000-7000 € le m2.” Cette hausse des prix combinée à la faible augmentation du pouvoir d'achat a de nouveau fait perdre 1,8m2 de surface achetable aux Lyonnais, entre le deuxième trimestre 2019 et le celui de 2020. Une baisse du pouvoir d'achat immobilier qui aurait par ailleurs été plus importante sans une baisse des taux de crédit durant cette période.

Concernant le marché de la location, là aussi, la situation est extrêmement tendue à Lyon. “Entre 2018 et 2019, l'augmentation des loyers a été très faible. En revanche entre 2018 et 2020, cette augmentation est de 10% à Lyon et 20% dans la métropole. C’est le signe d'une tension du marché. Il y a probablement une anticipation de la part des propriétaires des mesures d'encadrement des loyers qui devrait arriver au 2e semestre 2021”, note Patrice Garde vice-président délégué à l’Administration de Biens au sein de la Fnaim. Le Loyer médian pour un studio sur annonce est de 470€ à Lyon, de 689€ pour un T2, de 876€ pour un T3 et de 1341€ pour un 4 pièces et plus.

Quid de l’encadrement des loyers ?

La mise en place de l'encadrement des loyers à Lyon et Villeurbanne a été validée par le gouvernement en novembre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la mesure inquiète le secteur de l'immobilier. “Le spectre de l'encadrement tétanise certains acheteurs. Il faut que la métropole se mette en ordre de marche pour définir quels seront les prix plafonnés”, lance Nicolas Bouscasse. Et d'ajouter : “Nous avons rencontré Renaud Payre et Bruno Bernard pour leur faire part de nos inquiétudes sur cet élément de réglementation qui n'apparaît pas adapté. Nous avons convenu que nous mettrions en place une commission technique sur la construction de l'encadrement. Si nous ne pouvons pas l'interdire, nous voulons au moins l'accompagner pour éviter que des choses malencontreuses soient mises en place.”

Enfin, d'après la Fnaim, l'exode rural de la ville vers la campagne, qui pouvait être attendu après le premier confinement, les familles cherchant désormais un extérieur, n'a pas vraiment eu lieu. “Après le premier confinement, il y a eu un engouement pour des maisons avec jardin. Il y a eu beaucoup de visites, même en dehors de la métropole. Finalement, ça n'a pas forcément débouché sur des ventes. Les gens sont revenus sur la métropole, parce que l'accessibilité avec la ville et le lieu de travail est un facteur primordial. Quand les acheteurs se sont rendu compte qu'il y avait 1h de route matin et soir, ça a fait trop loin. Par contre, il y a des communes de la métropole qui ont bénéficié de cet engouement, comme La Tour de Salvagny par exemple”, explique Anne de Planchard, vice-présidente déléguée à la Transaction au sein de la Fnaim.

Dans ce contexte, quelles perspectives pour 2021 ?

“Ce que l'on peut assurer, c'est que la valeur pierre se porte bien et que la confiance des Français dans la pierre ne s'est pas dégradée”, assure le président de la Fnaim Rhône. Ce dernier ne veut pas “dépeindre en noir l'année 2021” : “Le marché étant extrêmement tendu, même s’il y avait moins d'offres, la demande, elle, restera. Bref, l'année 2021 sera certes moins bonne que les autres années, mais ce ne sera pas la catastrophe. Bien évidemment il faut prendre cela avec du recul. En cas de 3e vague, ces propos seraient datés.”

Et de conclure : “Lyon a des atouts indéniables. On craint un pic à 11% de chômage en 2021 en France. Mais je ne pense pas qu'il frappe si fortement la métropole de Lyon qui pourrait être protégée par son réseau économique, politique et industriel local.”

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