Site industriel pilote de Symbio, à Vénissieux, qui assure la production des piles à combustible à hydrogène, aussi appelées stackpacks. @Symbio

Hydrogène à Lyon : Symbio passe à la vitesse supérieure avec Stellantis, Michelin et la CNR

Le constructeur de pile à hydrogène qui peuvent alimenter les moteurs des voitures électriques, accélère la cadence. Il annonce cette semaine ses objectifs : en 2030 produire 200 000 piles par an et fournir à Stellantis jusqu'à 10 000 véhicules à l'hydrogène par an, grâce à une nouvelle usine à Saint-Fons.

C'est un pas important pour la filière de l'hydrogène en France, qui se joue - pour partie - au sud de Lyon. Pour mémoire, Symbio est cette entreprise basée à Vénissieux qui produit des piles à hydrogène équipant les moteurs d'utilitaires. Parmi ses actionnaires : Michelin et Faurecia. Lors d'une conférence de presse cette semaine, l’ETI ne cache pas ses ambitions internationales avec son investissement de 140 millions d’euros dans une nouvelle usine à Saint-Fons pour 2023 et la création de 1 000 nouveaux emplois. Des ambitions confirmées par les acteurs institutionnels et par les constructeurs automobiles dont Stellantis, sixième groupe automobile mondial.

Des soutiens politiques et économiques

En effet, le projet d'équipement de Symbio a été "notifié par le gouvernement français à la Commission Européenne pour une approbation définitive". Autrement dit, l'Etat soutient l'entreprise lyonnaise dans sa demande de subvention européennes. D'ailleurs, l'Etat a déjà annoncé vouloir financer la filière de l'hydrogène à hauteur de 7 milliards d'euros d'ici 2030. Dans cette veine, la Région AURA et la Métropole de Lyon ont, toutes deux, participé à l'implantation de la pépite au sud de Lyon, tant par des accompagnements financier, administratifs ou bien encore via la politique foncière. Enfin, un partenariat avec Stellantis (PSA et Fiat Chrysler réunis), sixième groupe automobile mondial, lance réellement Symbio dans une autre dimension, en transformant l'entreprise en acteur industriel.

Une nouvelle usine à Saint-Fons

La nouvelle usine de Saint-Fons ouvrira en 2023. Dénommée la "Gigafactory SymphonHy", 50 000 piles à hydrogène devraient sortir de l'usine à son ouverture. L'objectif pour 2030 serait de pousser la production à 200 000 pile à hydrogène via l'ouverture d'une seconde usine. Au sein de l'usine encore en construction, devrait aussi prendre place un centre de recherche et développement, ainsi qu'une académie et un "incubateur de start-ups travaillant autour de l'hydrogène décarboné". D'une surface de 40 000m², le bâtiment de Saint-Fons devrait être neutre en carbone en n'utilisant que des énergies renouvelables dont de l'hydrogène vert.

Un partenariat avec la CNR

Sur ce dernier point, Symbio annonce aussi un partenariat avec la Compagnie du Rhône (CNR) qui produira dès 2025 de l'hydrogène vert depuis le barrage de Pierre-Bénite. Une production directement reliée à l'usine de Saint-Fons via un système de canalisations. De quoi alimenter en énergie l'usine et lui permettre de ne pas émettre d'émission de CO2. Un projet tripartite puisque le fournisseur Engie compte parmi les acteurs.

Symbio : Actionnaires : Michelin et Faurecia (50/50); P.-D.G. : Philippe Rosier; Taille de l’entreprise : 400 employés; Sites : Vénissieux, San Diego (USA), Shanghai (Chine); Pile à combustible : 40 kw à 300 kw; Partenaires : Renault, Stellantis, Safra; Objectifs : 200 000 piles par an, 15 % du marché mondial de la pile à combustible, 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, 1 000 emplois

Des limites structurelles encore importantes

Pourtant la route va être longue avant de parvenir à de tels résultats. La simple question du coût de cette technologie est encore taboue… et tenue secrète. “La réduction du coût de notre produit est l’enjeu principal pour les prochaines années. Il nous faudrait encore le diviser par 10”, décryptait Christophe Schramm, le vice-président chargé de la stratégie de Symbio, en 2021 dans les colonnes de Lyon Capitale. De surcroît, le besoin de stations de recharge à hydrogène est abyssal : moins de 200 stations maillent actuellement le territoire français. Bien que les investissements européens, nationaux et même locaux augmentent d’année en année, la marge de progression est encore importante avant de voir des voitures familiales roulant à l’hydrogène. La tendance est pourtant positive dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a remporté un appel à projets européen pour développer la filière de production de l’hydrogène – la “Zero Emission Valley” – et construire 20 stations de recharge pour les véhicules motorisés.
L’hydrogène a cela d’unique qu’il permet une approche globale pour les acteurs de tout niveau, y compris pour les géants de l’énergie”, rassure Christophe Schramm lorsque l’on pointe la dépendance de Symbio aux politiques publiques. Autrement dit Symbio fait le pari d’un développement exponentiel du secteur de la production, transformation et diffusion de l’hydrogène en Europe. Avec toutefois une limite, l’hydrogène vert ne concerne aujourd’hui que 5 % de la production mondiale. 95 % de la production provient d’hydrocarbures polluants pour le climat. En attendant, la Chine développe une technologie similaire dans le secteur public et les États-Unis ne comptent pas être en reste. “Tout se joue avant 2025”, admet-on chez Symbio.


Les classifications de l’hydrogène

La couleur symbolique de l’hydrogène dépend des moyens de sa production, s’ils sont polluants ou non. Aujourd’hui seul l’hydrogène vert est considéré comme non polluant. Explications.

L’hydrogène blanc (neutre) est à l’état naturel. Il existe essentiellement sous forme gazeuse (H2), c’est l’élément le plus abondant de l’univers, notamment dans l’eau.

L’hydrogène vert (+++) est fabriqué par électrolyse de l’eau à partir d’électricité provenant uniquement d’énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire. Une bonne solution afin de pallier l’intermittence de ces sources d’énergie, comme quand il n’y a plus de vent ou de soleil par exemple. Seulement 5 % de la production mondiale provient de cette source à cause d’un coût de production deux à trois fois plus élevé que l’hydrogène gris. L’enjeu des prochaines années pour l’Europe est de réduire ce coût afin de produire de l’énergie, notamment pour les véhicules à pile à combustible, ne rejetant pas de CO2.

L’hydrogène gris (— —) est fabriqué par procédés thermochimiques avec comme matières premières des sources fossiles (charbon ou gaz naturel). 95 % de la production mondiale d’hydrogène est issue des hydrocarbures. Il est considéré comme polluant quand il provient de cette source.

L’hydrogène bleu (-) est fabriqué de la même manière que l’hydrogène gris, à la différence que le CO2 émis lors de la fabrication sera capté pour être réutilisé ou stocké. Ce CO2 peut servir notamment à la gazéification des boissons.

L’hydrogène jaune (+), plus spécifique à la France, est fabriqué par électrolyse, comme l’hydrogène vert, mais l’électricité provient essentiellement de l’énergie nucléaire.

(Sources : IFP Énergies nouvelles et CEA)

 

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