L’Hôtel-Dieu rénové vu du Rhône © Tim Douet, 2018
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Grand Hôtel-Dieu : jackpot commercial ou fortune de mer ?

Après trois ans de travaux hors du commun, le Grand Hôtel-Dieu ouvrira partiellement le 27 avril. Enveloppée dans un écrin historique emblématique de la ville, cette galerie marchande hors norme suscite à la fois la convoitise des grandes enseignes et de véritables inquiétudes commerciales.

“C’est notre viaduc de Millau des monuments historiques.” La formule a de fortes chances de faire date dans l’histoire lyonnaise. D’autant qu’elle est paraphée par Didier Repellin, l’architecte en chef des Monuments historiques, qui a été chargé de la restauration et de la réhabilitation du Grand Hôtel-Dieu pour sa partie patrimoniale. Comme le viaduc de Millau, le Grand Hôtel-Dieu est un peu l’ouvrage de tous les records. Souvent présenté comme la plus grande opération privée de reconversion d’un monument historique jamais réalisée en France, le chantier a créé l’événement par l’engagement humain et les moyens déployés. Les travaux ont mobilisé, en moyenne, plus de cinq cents compagnons, de multiples corps de métier, pendant trois ans, qui ont poursuivi l’œuvre de leurs aïeux. Les chiffres donnent le tournis : 15 000 m2 de toiture restaurés, 40 000 m2 de façades remises en valeur, 1 400 fenêtres restaurées ou remplacées, 11 500 m2 de planchers bois conservés et réparés, 1 500 m2 de verrière créés au-dessus de la cour du Midi, 750 tonnes d’acier utilisées pour les bâtiments neufs, sans compter les neuf phases de fouilles archéologiques (les vestiges gallo-romains ont attesté la présence de la ville antique). “C’est un bâtiment hors norme et hors échelle”, s’émerveille encore Albert Constantin, l’un des architectes du projet. Les dimensions du Grand Hôtel-Dieu sont vertigineuses : la façade de Soufflot, en pierre de taille blanche des monts d’Or, longe le Rhône sur 375 mètres ; le dôme s’élève à 32 mètres sous clef de voûte et a une surface au sol de 300 m2 ; les dix cours, jardins et galeries s’étendent sur une superficie équivalente à celle de la place des Terreaux. Quant à l’architecture, c’est un patchwork d’expressions architecturales et décoratives très variées, pour reprendre les mots des architectes, une encyclopédie des savoir-faire écrite au long des huit siècles d’histoire du bâtiment. “Cet Hôtel-Dieu, c’est des siècles d’architecture, c’est le plus prestigieux d’Europe !” lançait en avril 2015 le maire de Lyon de l’époque, Gérard Collomb, lors du coup d’envoi officiel des travaux, que la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, avait tenu à donner personnellement.

Le troisième centre commercial de Gérard Collomb

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