Romain Blachier, militant socialiste et soutien d'Olivier Faure, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
A quelques heures du verdict des militants pour le poste de premier secrétaire du Parti socialiste, Romain Blachier, soutien d'Olivier Faure, se veut confiant, fort du soutien récent de Boris Vallaud ou du maire de Bourg-en-Bresse, Jean-François Debat. "Olivier Faure a été rejeté des manifestations après les années Hollande, car le Parti socialiste était devenu un pestiféré à gauche. Il a réussi à resituer le PS au cœur de la gauche. Le Parti socialiste est aujourd’hui accepté par les autres partenaires de gauche", salue-t-il.
Il revient aussi sur l'une des questions qui sous-tendent le congrès du Parti socialiste : l'attitude à adopter face aux Insoumis. "Aucun des textes du congrès du Parti socialiste ne mentionne Jean-Luc Mélenchon. Si Jean-Luc Mélenchon souhaite revenir travailler sur les bases trouvées lors de la création du NFP, par exemple la condamnation du Hamas ou le soutien à la construction européenne, nous en serons ravis. Ce ne sont pas des pestiférés", assure-t-il.
La retranscription intégrale de l'entretien avec Romain Blachier
Bonjour à tous et bienvenue. Vous regardez "6 minutes chrono", le rendez-vous quotidien de la rédaction Lyon Capitale. Aujourd'hui, nous accueillons Romain Blachier. Vous êtes militant socialiste dans le 9ème arrondissement. Vous avez quitté ce parti puis y êtes revenu. Vous soutenez actuellement Olivier Faure, candidat pour la première secrétaire du Parti socialiste dans ce congrès, candidat en ballotage favorable ou défavorable. Les résultats seront connus dans quelques heures. Comment voyez-vous la situation ? Pensez-vous qu’il pourra briguer un nouveau mandat ?
Je pense que c’est favorable. J’ai vu qu’un certain nombre de personnalités ont appelé à voter pour Olivier Faure, loin du camp qui avait pu être le sien et qu’il a su rassembler largement. Je pense par exemple à Boris Vallaud, qui n’est pas un inconnu dans cette région, ou au maire de Bourg-en-Bresse, Jean-François Debat, également bien connu ici. Il y a aussi toutes celles et ceux qui, comme moi, se sont éloignés du Parti socialiste et qui considèrent que la démarche d’Olivier Faure redonne envie. Je suis donc plutôt enthousiaste. Après, je travaillerai avec quel que soit le gagnant. Je n’ai jamais vu un congrès aussi serré. Mon premier congrès, c’était en 1997, le congrès de Brest, et je n’ai jamais vu des propositions aussi proches les unes des autres. Nous ne sommes plus dans l’opposition entre François Mitterrand, centralisateur et laïc, et Michel Rocard, girondin et ouvert aux spiritualités. Nous avons aujourd’hui trois projets très proches, et c’est une chance pour le parti.
Qu’est-ce qui vous a fait soutenir Olivier Faure alors que les autres candidats présentent des projets assez similaires ?
C’est le fait que, lorsque des gens sont partis, c’est lui qui a tenu le parti. Il a réussi à faire venir une nouvelle génération. Vous prenez des députés comme Arthur Delaporte ou Chloé Ridel, ce sont des figures nouvelles. Lorsque j’avais 28 ou 29 ans, j’étais déjà au Parti socialiste, et il n’y avait pas un seul député de moins de 30 ans. Aujourd’hui, il y a eu un rajeunissement et une nouvelle manière de faire les choses. Olivier Faure a été rejeté des manifestations après les années Hollande, car le Parti socialiste était devenu un pestiféré à gauche. Il a réussi à resituer le PS au cœur de la gauche. Le Parti socialiste est aujourd’hui accepté par les autres partenaires de gauche, il construit des coalitions et réalise des choses importantes à Feyzin, à Villeurbanne, ou encore à Vaulx-en-Velin. Nous en sommes très satisfaits.
Ce que reprochent à Olivier Faure ses détracteurs, c’est d’avoir fait du parti un mouvement qui vit à l’ombre de la France Insoumise. Est-ce un reproche que vous entendez ou que vous regrettez ? Est-ce un faux procès de dire que le PS est devenu un satellite de la France Insoumise ?
Quand Olivier Faure a repris le parti, il y avait cinq ou six fois plus de députés France Insoumise que de députés socialistes. Aujourd’hui, le premier parti de gauche au Parlement, sénateurs et députés confondus, c’est le Parti socialiste. Le parti qui a le plus de conseillers généraux, c’est le Parti socialiste. Celui qui a le plus de conseils régionaux à gauche, c’est encore le Parti socialiste. Je ne pense pas que nous soyons à la remorque de la France Insoumise. Il fallait cependant affronter un problème : l’extrême droite. Il ne vous a pas échappé que nous avons failli avoir un Premier ministre nommé Jordan Bardella. Comme à chaque fois que l’histoire l’exige, nous avons répondu à l’appel en formant l’Union des gauches et le nouveau Front populaire. Cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord sur tout, mais que nous voulons sauver la France du danger du fascisme.
Pour vous, cela signifie-t-il qu’il faut continuer à faire des alliances ponctuelles avec la France Insoumise selon le contexte ? Par exemple, pour les municipales, faut-il une alliance de la gauche dès que possible ?
Il me semble que c’est la France Insoumise qui répond à cette question. Jean-Luc Mélenchon affirme qu’il sera candidat quoi qu’il arrive aux élections présidentielles. Pour ma part, je suis pour un rassemblement allant de Glucksmann à Ruffin, si la France Insoumise propose un projet compatible.
Mais cela n’inclut pas Mélenchon ?
Je crois qu’aucun des textes du congrès du Parti socialiste ne mentionne Jean-Luc Mélenchon. Si Jean-Luc Mélenchon souhaite revenir travailler sur les bases trouvées lors de la création du NFP, par exemple la condamnation du Hamas ou le soutien à la construction européenne, nous en serons ravis. Ce ne sont pas des pestiférés. Il y a des élus formidables dans les collectivités locales à Villeurbanne ou Florestan Groult, vice-président au sport. Nous avons des gens exceptionnels. Tout dépend de la base idéologique sur laquelle nous discutons : des bases républicaines et de transformation sociale. Pour le moment, la France Insoumise semble vouloir faire ses propres listes. C’est donc à elle qu’il faut poser la question. Nous, nous sommes pour le rassemblement de la gauche.
Pour les municipales à Lyon en 2026, prochaine échéance, appelez-vous de vos vœux une union de la gauche sur le périmètre du nouveau Front populaire, c’est-à-dire socialistes, Insoumis, écologistes, dans le désordre ?
Je ne suis pas Anaïs Belouassa, la députée de la première circonscription. C’est elle qui décidera. Je n’ai pas à décider à la place de ses camarades. Si nous arrivons à monter un projet municipal commun, tant mieux. Si elle décide de partir seule, ce sera sa décision.
Mais n’y a-t-il pas de lignes rouges, de valeurs, à ne pas franchir ?
Il ne vous a pas échappé que ce sont des partis différents. Sinon, tout le monde serait au Parti socialiste, chez les Verts ou à LFI. Le Parti socialiste et LFI n’ont pas les mêmes propositions en matière de changement social, les Verts non plus. Par exemple, les Verts tendent la main pour une alliance, pourquoi pas, mais il y a aussi des insuffisances à corriger dans le mandat en matière de culture, de social, de transport. Nous espérons apporter sur ces sujets. Si nous arrivons à un projet commun sur des valeurs communes entre LFI, les Verts et le PS, nous le ferons. Sinon, il y aura peut-être une liste socialiste, une liste verte et une liste LFI si aucun projet commun n’est trouvé. Mais ce qui intéresse le plus les Lyonnais, ce n’est pas les alliances partisanes, mais les solutions pour leur quotidien. Lyon est devenue la ville où il est le plus difficile de se loger, comme l’indique Lyon Cap. C’est plus important que les questions d’alliances. Les Duchéroises et Duchérois, par exemple, sont enclavés. Nous proposons un tramway pour désenclaver ce quartier, ce qui est bien plus important. La question du commerce, qui s’effondre à certains endroits, est aussi cruciale. Nous avons des solutions à gauche pour résoudre ces problèmes. C’est cela qui compte, plus que les alliances partisanes.