Vues de Lyon
Vues de Lyon © Romane Thevenot

Fake news : Wecop annonce la création d'un oléoduc sous la ville de Lyon

Ce lundi 24 avril des affiches annonçant la construction d’un oléoduc à travers plusieurs villes de France ont fleuri à Lyon. Pas de panique, il s’agit d’une fausse information.

Depuis ce lundi 24 avril jusqu’au mois de décembre, des "travaux de grande ampleur" vont être menés à Lyon pour permettre le passage d’un oléoduc sous les rues du 6e arrondissement ou encore du Vieux-Lyon. Un chantier titanesque annoncé via de simples affichettes placardées sur certaines portes d’immeuble du 6e arrondissement ou encore du Vieux-Lyon. Un projet d’enfouissement en milieu urbain tellement gros et inattendu qu’il semble bien difficile à prendre au sérieux, mais nous avons tout de même tenu à en vérifier la teneur. 

Des affiches placardées dans Lyon ce lundi matin annonçaient la construction d'un oléoduc sous la ville. (Photo Hadrien Jame / Lyon Capitale)

Contactés, les services en charge de la communication de Wecop (West European Crude Oil Pipeline en anglais pour Oléoduc de Pétrole Brut d’Europe de l’Ouest) insistent d'emblée sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une "campagne de communication". Au téléphone une voix d’homme assure également que "tout ce qui est inscrit sur les affiches est vrai", sans donner plus de précisions.

"C'est une fake news"

Du côté de la Métropole de Lyon, qui à la charge des travaux de voirie dans l’agglomération, la réponse est toutefois sans appel : "Nous ne savons pas qui se cache derrière cette communication, mais c'est une fake news", expliquent les services de la collectivité. Sur "l’avis d’information" affiché en ville, quelques éléments permettent également de saisir de manière assez rapide la supercherie.

"Nous ne savons pas qui se cache derrière cette communication, mais c'est une fake news"

Métropole de Lyon

Premièrement le logo du groupe TotalEnergies est détourné dans les grandes lignes et transformé en #WeAreEnergies, le "Te" bariolé devenant ainsi un "We". Autre élément d’alerte, sur les réseaux sociaux le mystérieux groupe, qui annonce la création de cet oléoduc de 1 443 kilomètres partant des Pays-Bas pour aller jusqu’au sud de la France, n’est actif que depuis ce 24 avril. Le compte Linkedin de Wecop n’est actif que depuis ce matin, quand, sur Twitter, la première activité enregistrée remonte à un tweet publié dans la matinée de ce lundi, même si la création du compte, elle, date du mois de mars. Moins subtil encore, l'adresse de Wecop, 2, Pl. Coupole Jean Millier à Courbevoie, est en fait celle de la tour du groupe TotalEnergies.

Un petit tour sur Twitter permet d’ailleurs de saisir l’étendue de la supercherie. À Paris ou encore Marseille des permis de démolitions ont aussi été affichés par Wecop.

Un passage sur le site wecop.fr créé via le logiciel WordPress, utilisable très facilement, permet également de saisir quelques piques finement glissées pour tacler l’industrie pétrolière : "Même si la route de l’oléoduc a été pensée dès son origine pour minimiser les impacts sociaux et environnementaux, certains impacts économiques (perte de revenus partielle ou totale), déplacement physique (perte de logement) sont malheureusement inévitables sans impacter trop négativement la rentabilité du projet". 

Qui se cache derrière Wecop ?

Pour l’heure, impossible de savoir qui se cache derrière Wecop, mais il pourrait s’agir d’un collectif militant pour la protection de l’environnement. En toile de fond de ce faux projet d’oléoduc européen semble notamment se dessiner le projet Eacop (East African Crude Oil Pipeline). Long de 1 443 km (comme Wecop) ce pipeline géant que le groupe TotalEnergies veut construire en Afrique de l’Est permettrait de relier la région du lac Albert en Ouganda à l’Océan indien en passant par la Tanzanie.

En 2019, Survie, Les Amis de la Terre et quatre associations ougandaises avaient attaqué en justice TotalEnergies et son projet, mené selon elles, au mépris des droits humains et de l’environnement. Déboutée le 28 février 2023 par le tribunal de Paris qui a jugé leur plainte irrecevable, les ONG estiment que le géant français de l’industrie pétrolière ne respecte pas dans ces projets son "devoir de vigilance". Alors que de premiers forage ont débuté au mois de janvier en Ouganda, TotalEnergies espère livrer ses premiers barils de pétrole dès 2025. 

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