Le livreur transporte une commande à la fois, en quelques minutes, dans un périmètre accessible rapidement à vélo ou scooter @Antoine Merlet

Dark stores : Grégory Doucet s'oppose à un assouplissement des règles

Les maires de Lyon et de Villeurbanne contestent deux projets de décrets qui faciliteraient l'installation en centre-ville des dark stores et des dark kitchens.

Nouveau rebondissement dans le feuilleton des magasins fantômes. Vendredi 19 août, les maires de plusieurs villes de France, dont ceux de Villeurbanne et Lyon, Cédric Van Styvendael et Grégory D – mais aussi le président de la métropole Bruno Bernard – ont adressé à la première ministre une lettre dans laquelle ils expriment leur opposition à deux projets de décrets qui prévoient selon eux d'assouplir les règles en matière d'installation des dark stores et des dark kitchen. S'ils étaient adoptés, ils "feraient courir le risque aux communes que nous représentons de voir se démultiplier sur nos territoires ces établissements qui, même dotés d’un comptoir d’accueil, n’en resteraient pas moins des entrepôts ou des cuisines opaques" écrivent les élus.

Lire aussi : Dark stores à Lyon, la crainte d’une ville-entrepôt

Ces petits entrepôts que déploient les acteurs du quick commerce dans les centres-villes pour livrer aux citadins courses et repas en quelques minutes, inquiètent depuis des mois les élus de plusieurs grandes villes. Depuis deux ans, l'implantation de ces lieux y a en effet explosé, sous l'impulsion du développement tous azimuts de ces acteurs – tels que les enseignes Gorillaz, Flink, Getir ou Cajoo.

Pourquoi les dark stores dérangent

Si ces lieux s'attirent les foudres aussi bien d'élus de droite que de gauche, c'est notamment car, à l'inverse des magasins, ils n'accueillent aucun client. Or, ils s'établissent bien souvent dans les locaux d'anciens magasins, puisqu'ils recherchent les mêmes caractéristiques immobilières : rez-de-chaussée, grande surface, place de livraison...

Ce remplacement de commerces vivants par des entrepôts fait craindre à certains élus une dévitalisation des centres-villes, la mise en danger des commerces de proximité, ainsi que les nuisances que certains riverains pointent du fait du va-et-vient des livreurs. Sont également critiquées les conditions de travail de ces derniers, parfois auto-entrepreneurs, parfois salariés. L’explosion non régulée des #darkstores est un danger majeur pour la convivialité et la qualité de vie urbaine. "Pollutions, dégradation du cadre de vie, fragilisation du commerce local, précarisation des livreurs : ce n'est pas le modèle de société que nous souhaitons." a twitté hier Grégory Doucet.

En théorie, les mairies ont toutefois la possibilité de réguler leur prolifération, car les entreprises de quick commerce qui s'installent dans un ancien magasin sont censées – bien que certains omettent de le faire, profitant du flou juridique sur leur statut – demander une autorisation à la mairie afin d'obtenir un changement d'usage du lieu.

Or, selon les élus à l'origine de la lettre, les projets de décret qu'ils pointent permettraient aux dark stores de contourner cette obligation, dès lors qu'ils mettent en place une surface de vente, y compris très réduite. "Cette nouvelle règlementation ne saurait en aucun cas nous convenir tant elle cautionne, dans les faits, le modèle de « dark city » et retire aux communes le principal levier qu’elles pouvaient actionner pour réguler ces implantations."

Du côté du gouvernement, Olivia Grégoire conteste tout laxisme vis-à-vis des quick commerçants. « Les projets de décret et d’arrêté soumis à discussion par la DHUP ne légalisent en rien les dark stores » a twitté jeudi 18 août la Ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme.

À Lyon, un phénomène encore limité

À Lyon et dans la métropole, ce n'est pas la première fois que le sujet est mis sur la table. En décembre dernier, le maire du 6e Pascal Blache avait interpellé sur l'installation d'un dark store dans son arrondissement, place de l'Europe, par la société Flink. Celle-ci s'était finalement retirée du lieu après plusieurs interventions médiatiques de Camille Augey, adjointe en charge de l'emploi et de l'économie durable. En février, le maire de Villeurbanne s'était à son tour opposé à l'implantation d'un autre local.

Si leur nombre demeure limité à Lyon – ils étaient une dizaine en début d'année – où ils n'ont commencé à s'installer qu'à l'été dernier, plusieurs de ces acteurs entendent y déployer un maillage serré de dark stores, condition sine qua none au respect des promesses de livraison ultra-rapides sur lesquelles ils ont fondé leur modèle. Paris, qui a été la première conquête des quick commerçants, en compte déjà plus de 100.

 

 

 

 

 

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