Photo d’archives, manifestation de soignants contre le pass sanitaire et la vaccination obligatoire, le 5 août à Lyon. (Photo : Hadrien Jame)

Covid-19 : à Lyon, près de 200 personnes manifestent contre la vaccination obligatoire pour les soignants

Jeudi 5 août, dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel relative à la loi sanitaire, qui pourrait imposer la vaccination aux personnels soignants, environ 200 employés des hôpitaux Édouard-Herriot ou encore Lyon-Sud se sont réunis aux environs de midi quai Augagneur, dans le 3e arrondissement de Lyon, à l’appel des syndicats Sud Santé Sociaux et CGT. Ils dénoncent les mesures sanitaires voulues par l’exécutif pour les établissements médicaux.

(MaJ : 18h12 05/08/21 : le Conseil constitutionnel à validé le projet de loi du gouvernement en fin de journée, actant la vaccination obligatoire pour les soignants, notamment, et le contrôle du pass sanitaire dans les établissements médicaux pour les visiteurs ou les patients non urgents. La définition de l’urgence sera laissée à "l’appréciation des soignants".)

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Quelques heures avant que le Conseil constitutionnel ne se prononce sur la loi sanitaire, une centaine de soignants travaillants dans différents hôpitaux de Lyon se sont réunis en fin de matinée quai Augagneur, dans le 3e arrondissement de Lyon, au niveau de la Préfecture du Rhône. En début d’après-midi, ils ont été rejoints par un cortège d’une centaine de personnes, selon la Préfecture, qui s’était élancé dans la matinée de l’Hôpital Édouard-Herriot. 

Pour ces soignants, ou employés d’établissements médicaux, mobilisés à l’appel des sections syndicales locales de Sud Santé Sociaux et de la CGT la volonté de l’exécutif de leur imposer la vaccination et de conditionner l’accès des établissements de santé à la présentation d’un pass sanitaire, sauf en cas d’urgence, ne passe pas. 

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"Je ne suis pas contre la vaccination, mais personnellement je ne désire pas me faire vacciner et je n’ai pas envie que l’on m’oblige à ce choix", explique Florence, une jeune employée d’un laboratoire de l’Hôpital Lyon-Sud, présente en fin de matinée sur le quai Augagneur. Alors que le projet de loi proposé par l’exécutif prévoit que la vaccination deviennent obligatoire pour les professionnels des établissements de santé à partir du 15 septembre, Florence "ne sait toujours pas ce [qu’elle] va faire". "On n’a pas beaucoup d’options, c’est soit on se fait vacciner soit on se fait mettre à pied, sans salaire et sans possibilité de trouver du travail à côté. C’est du chantage, on n’est pas libre de décider de notre vie, de notre santé", déplore-t-elle. 


"Nous ne sommes pas dans des services de soins, au contact de patients, donc je ne vois pas quelles vies je mets en danger en venant au laboratoire sans être vaccinée. À part la mienne, mais ça me regarde." Cécile, une employée de l'Hôpital Lyon-Sud


"Une atteinte à la liberté"

Pour Cécile, une autre manifestante, "c’est une atteinte à la liberté". Cette femme, qui travaille elle aussi dans un laboratoire de l'Hôpital Lyon-Sud, a du mal à comprendre quels patients elle pourrait mettre en danger en n’étant pas vaccinée, "nous ne sommes pas dans des services de soins, au contact de patients, donc je ne vois pas quelles vies je mets en danger en venant au laboratoire sans être vaccinée. À part la mienne, mais ça me regarde".

Un peu plus loin, un petit groupe composé de soignants discute en bordure du rassemblement. Parmi eux, il y a un manipulateur radio de l’Hôpital Lyon-Sud, une aide-soignante, une infirmière ou encore une femme qui travaille en chirurgie d’urgence. Ils ne se connaissent pas tous, mais se sont retrouvés au niveau de la Préfecture pour protester contre la vaccination obligatoire. 

Certains soignants dénonçaient également les suppressions de postes. (Photo : Hadrien Jame)

À la différence de Cécile et Florence eux sont au contact de patients, pourtant leur discours est sensiblement le même, ils disent ne pas être contre la vaccination, mais ne veulent pas qu’elle leur soit imposée. Romain, qui est manipulateur radio, pointe du doigt les "incohérences du gouvernement". "On veut imposer la vaccination alors que l’on ne met pas tout en oeuvre pour éradiquer cette pandémie. On se cache derrière la vaccination, mais finalement ce n’est peut-être pas la bonne solution. Par exemple, les personnes vaccinées peuvent rentrer sans test antigénique ou PCR dans les lieux clos, tout en sachant qu’elles peuvent être porteuses du virus et le transmettre. Alors que les personnes qui ne sont pas vaccinées sont obligées de se faire tester afin de s’assurer qu’elles ne puissent pas véhiculer la maladie", dénonce-t-il. 

Le pass sanitaire pour les patients, un sujet qui inquiète

Employé au service technique de l'Hôpital Lyon-Sud, Hervé, lui, s’inquiète des conséquences qui pourraient être induites par le contrôle du pass sanitaire à l’entrée des établissements médicaux (sauf urgence). En effet, si la loi sanitaire est validée en l'état par le Conseil constitutionnel, le document pourrait être exigé à partir du lundi 9 août pour rentrer dans les hôpitaux, cliniques ou encore Ehpad. Corentine, aide-soignante aux Urgences, trouve cette mesure tout simplement "honteuse". "Les patients ne pourront pas venir à l’hôpital sous prétexte qu’ils n’ont pas de pass sanitaire ?", s’étonne Romain, visiblement pas au courant de cette disposition prévue dans la loi sanitaire. 


"Même ceux qui ont des rendez-vous il va falloir qu’ils montrent patte blanche. Imaginez les conséquences en radiothérapie." Hervé, employé au service technique de l'Hôpital Lyon-Sud


Les soins urgents ne seront pas concernés par l'obligation du pass sanitaire, en revanche, les patients en soins programmés seront, eux, bien obligés de le présenter. "Même ceux qui ont des rendez-vous il va falloir qu’ils montrent patte blanche. Imaginez les conséquences en radiothérapie, alerte Hervé. C’est des traitements lourds, les tumeurs qu’ils traitent évoluent très rapidement, si les patients ne peuvent pas suivre leur protocole au jour près, à cause du pass sanitaire, les conséquences peuvent être graves."

Inquiet des risques que présente cette mesure pour l'accès des patients aux soins, l'ordre national des médecins rappelait à l'exécutif, le 2 août dans un communiqué, que "les conditions de mise en œuvre d'une telle disposition" ne doivent pas "pas priver des patients de soins".

Des revendications multiples pour les syndicats

De manière plus générale la section syndicale de la CGT, représentée jeudi 5 août par Georges Tous-May, "dénonce toutes les revendications qui ne sont pas écoutées depuis de nombreuses années. C’est-à-dire le manque de lits, le manque de moyens pour soigner la population ou encore la fermeture de services". Le porte-parole de la section syndicale locale alerte également sur "la stigmatisation des soignants face à cette pandémie. On nous a envoyés sans moyens et sans protections faire face à la première vague et aujourd’hui on nous stigmatise en nous disant, vous devez vous faire vacciner impérativement sinon on vous licencie. C’est quoi cette façon de faire ?".

Georges Tous-May, le porte-parole de la section locale de la CGT. (Photo : Hadrien Jame)

Un discours globalement suivi par son homologue de Sud Santé Sociaux, Éric Moglioni, qui rappelle tout de même "on veut que la vaccination soit la plus développée possible, mais pas sous la contrainte. On ne tient pas du tout à être associés à l’extrême droite ni aux anti-vaccins". Le secrétaire adjoint de la branche locale du syndicat Sud espère surtout que "le Conseil constitutionnel retoque tout ou partie du texte de loi. Paraît-il qu’ils ne parlent plus de licenciement, mais de suspension du contrat de travail sans salaire, mais ça va pousser les gens à la démission", s'inquiète-t-il.

En attendant le verdict du Conseil constitutionnel, en fin de journée, les représentants des syndicats devaient être reçus à la Préfecture du Rhône à 14 heures.

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