Coronavirus à Lyon : un déconfinement à géométrie variable

Premier jour de déconfinement à Lyon, avec une ville partagée entre ceux qui reprennent une vie normale comme si le virus n'était déjà plus là et d'autres qui ont appris à vivre avec. Entre masques sous le menton, queues devant les magasins et passants qui restent à dix mètres des autres : Lyon vit un déconfinement à géométrie variable. 

C'est presque une ambiance de vacances d'été qui planait sur Lyon ce 11 mai avec de nombreuses personnes marchants dans la rue. Pourtant, les masques sur les visages et les précautions que prenaient certains pour rester éloignés des autres nous ramènent rapidement à la réalité, nous sommes toujours face à l'épidémie de coronavirus COVID-19. Pour ce premier jour de déconfinement, difficile de voir une tendance particulière tant les situations sont très hétérogènes. 

Si les berges étaient encore fermées par des barrières, les promeneurs et coureurs les avaient déjà mises sur le côté pour profiter de ces lieux qui peuvent être ouverts. Les cyclistes sont également de retour, plus nombreux que d'habitude, comme les piétons. Pour son déconfinement, Lyon semble avoir choisi les modes actifs. À hauteur du pont de la Guillotière, quelques petits groupes de deux ou trois personnes se sont formés ce midi pour profiter du soleil, ils prennent tous soin de maintenir une distance confortable entre eux. Sur le pont, les bandes jaunes des nouvelles voies vélos sont déjà oubliées par les automobilistes, des éléments devraient bientôt renforcer les installations pour faire respecter le rééquilibrage de l'espace public (lire ici). 

Entre tentative de distanciation, et oubli

Quelques mètres plus loin, place Gabriel Péri, les policiers sont là, les passants aussi. Paradoxalement, ils semblent pourtant moins nombreux que lors des derniers jours du confinement. Les lieux ont souvent été pointés du doigt ces derniers jours, mais pour voir le premier coup de canif à la distanciation sociale il faudra remonter plus haut, jusqu'au 6e arrondissement. Là, une dizaine d'hommes en costumes prennent un verre entre eux sur la voie qui surplombe les berges. Ils semblent avoir voulu bien faire en tentant de garder leur distance entre eux, tout en se plaçant en cercle, mais le mètre conseillé n'y est pas, vraiment pas. Sur la place Maréchal Lyautey, deux femmes accompagnants des enfants répètent la consigne "vous restez bien à deux mètres l'un des autres", les enfants s'y tiennent avec malice. 

À proximité des points de récupération des masques mis en place par la ville de Lyon, les distances sont respectées, pour la simple et bonne raison qu'il n'y a personne alors que les créneaux sont complets. L'ambiance est calme. À chaque fois, les policiers municipaux laissent apparaître quelques traces d'ennuis. 

En Presqu'île, les bacs de la rue d'Herriot ont été vidés de leurs fleurs, et la congestion routière a marqué son grand retour sur l'artère, l'une des rares à être bouchonnées ce lundi. Aucun doute, en attendant que les bacs soient enlevés, Herriot est à nouveau dangereuse pour les cyclistes comme les piétons. Ces derniers redécouvrent le retour des voitures, de jeunes filles manquent de se faire renverser par un automobiliste qui ne les avait pas vu traverser à cause d'un haut SUV garé. Les masques qu'elles portent ne cachent pas leurs cris de surprise. Le bruit a aussi fait son retour, les chants des oiseaux sont à nouveau masqués, seules restent quelques corneilles qui font de la résistance. 

Masques et sentiments 

Ce lundi, ils étaient plus d'un Lyonnais sur deux à porter un masque en tissu, modèle chirurgical et même quelques rares FFP2. Ils composent aussi une part importante à ne pas le porter correctement : sous le menton, sous le nez, les doigts dessous ou dessus, le téléphone portable collé à la face avant. Autant de masques gâchés qui témoignent de l'importance de la pédagogie. En filigrane, il semble qu'un effet négatif du masque apparaisse, les distances entre les porteurs sont plus faibles, la vigilance baisse, comme si le masque permettait de s'affranchir des règles qui s'étaient imposées durant le confinement. Il n'en est pourtant rien, les gestes barrières doivent tenir, avec ou sans masque, le couperet d'une deuxième vague reste une réalité.

Dans le métro, en heure de pointe, l'obligation du masque semble être déjà entrée dans les moeurs. Le Sytral annonce 98 % de voyageurs masqués à ce moment-là, une période où les travailleurs sont majoritaires. Au fil de la matinée, les usagers seront pourtant moins nombreux à respecter la mesure, avant la nouvelle heure de pointe et son retour des masques. Là aussi, il reste de la pédagogie à faire. 

La rue de la République bouillonne plus qu'un samedi au moins d'août. De nombreuses files d'attente ont été organisées devant les magasins comme la FNAC. Les corps se pressent, les distances se resserrent. Après deux mois de confinement et de fermetures, certains tentent de retrouver un peu de normalité en s'offrant une virée shopping. Les portes de la Part-Dieu restent closes pour l'instant, République l'alternative principale. Un jeune homme tente de s'extirper de cette rue transformée en gigantesque temple des files d'attente, passant d'un mur à un autre pour toujours garder ses distances avec les autres, contraste face à certains groupes compacts, résumé d'une première journée lyonnaise de déconfinement à géométrie variable.

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