Plus de 400 personnes ont manifesté mardi 7 juin midi devant le siège de la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour dénoncer la baisse des subventions aux intuitions et événements culturels. Leur demande de rendez-vous a été refusée. (Photo Hadrien Jame)

Baisse des subventions à la culture : 400 personnes exigent, en vain, des explications devant la Région

15 jours après l’officialisation de la baisse des subventions accordées par la Région Auvergne-Rhône-Alpes à plus d’une centaine de structures, le milieu culturel s’est réuni ce mardi 7 juin devant l’Hôtel de Région pour exiger des explications. La présence de 400 personnes, dont les représentants des grandes institutions locales, n’aura pas suffi, leur demande a été refusée, leur action étant jugée "outrancière". 

Plus d’un mois après l’annonce de premières baisses et une quinzaine de jours après la confirmation de coupes visant plus d’une centaine de structures à travers la Région pour un montant d’environ 4 millions d’euros, la grogne des acteurs culturels n’est pas redescendue à Lyon et en Auvergne-Rhône-Alpes. Au contraire la mobilisation s’organise et à l’appel de syndicats d’employeurs et de salariés du milieu culturel, plus de 400 personnes se sont réunies ce mardi 7 juin devant le siège de la Région à Confluence. 

Lire aussi : Baisse des subventions à la culture : la vice-présidente de la Région se livre à Lyon Capitale

En provenance des quatre coins du territoire, des responsables de festivals, d’associations et d’institutions touchés par les baisses ou solidaires de leurs confrères sont venus exiger, aux côtés de leurs homologues lyonnais, des explications à l’exécutif régional dirigé par Laurent Wauquiez. Qu’il s’agisse des directeurs de grosses institutions comme l’Opéra de Lyon et du TNP à Villeurbanne ou des représentants de petites structures régionales comme le festival rural Cordes en ballade, organisé en Ardèche, tous dénoncent l’absence de dialogue et la brutalité de coupes qui auront des conséquences fortes.

Des représentants de structures culturelles de toute la Région étaient présents. (Photo Hadrien Jame)

Mobilisation régionale

"La région nous avait dit que les festivals et le milieu rural étaient la priorité et on a appris le 27 mai que l’on aurait 15% de baisse alors que l’on avait demandé une augmentation de 20% de notre subvention, pour embaucher une personne en CDI et mener des projets en éducation artistique et culturelle sur le territoire pendant l’année", regrette Marine Berthet, la directrice déléguée du Quatuor Debussy en charge de ce festival ardéchois organisé dans des petits villages. Du côté du TNP, à Villeurbanne, qui a perdu 150 000 euros de subvention, Jean Bellorini, le directeur, confie que cette baisse "correspond à un mois de fermeture de la grande salle".


"Il y a une volonté majeure d’annihiler tout le potentiel de la culture que l’on habite en territoire rural, en ville moyenne, en périphérie ou dans des Métropoles", Fabienne Grebert co-présidente du groupe EELV à la Région


De manière plus générale, Marine Berthet, qui est aussi directrice de la fédération France Festival, qui regroupe une centaine de festivals, dont celui d’Avignon, s’inquiète des conséquences d’un tel choix politique, "ca casse une dynamique complète et ce que l’on craint c’est que le Département dise : "La Région met moins, donc nous aussi nous allons mettre moins"".

Les subventions via appel à projets interrogent

Son écharpe tricolore lui barrant la poitrine, Fabienne Grebert, la co-présidente du groupe EELV à la Région, est tout aussi inquiète et se veut plus tranchante à l’égard de la politique de celui qui l’a battu lors des dernières élections régionales. "Laurent Wauquiez ne fait aucune concertation alors qu’il pourrait faire des choix politiques en les étalant sur 1, 2 ou 3 ans et permettre à ces structures de retrouver des recettes ailleurs. C’est la condamnation à mort des structures et des emplois qui y sont associés", dénonce l’élue présente aux côtés de plusieurs candidats de la NUPES aux législatives et du sénateur EELV du Rhône Thomas Dossus.

de manière générale, tous les secteurs d'activité de la culture ont été touchés par les baisses, qui concernent près de 140 structures au niveau régional. (Photo Hadrien Jame)

Dans une interview accordée à Lyon Capitale en fin de semaine dernière, la vice-présidente de la Région à la culture, Sophie Rotkopf, expliquait que des appels à projets seraient publiés à la rentrée afin d’attribuer une partie des subventions refléchées.  "Les appels à projets sont faits pour réabonder au budget de ces structures [celles touchées par les baisses, NDLR] donc oui elles pourront retrouver en partie ces subventions, mais je ne peux pas vous dire ce que chacun aura". De quoi faire bondir Marine Berthet, qui déplore un manque de compréhension du fonctionnement du milieu : "C’est très bien pour des projets spécifiques, mais avec un appel à projets on ne fait pas d’emploi. Or pour recruter en CDI il faut du budget de fonctionnement".

La Région refuse de recevoir la délégation

Autant de doléances et précisions que les représentants du milieu culturel régional, réunis ce midi, souhaitaient faire entendre à l’exécutif en demandant à être reçus. Après une heure de mobilisation, leur demande a finalement été refusée, "un intermédiaire est revenu vers nous pour nous dire que l’on ne serait pas reçu, car la méthode est outrancière", explique Joris Mathieu, le directeur du TNG et porte-parole du Syndicat national des Entreprises artistiques et culturelles (Syndeac). 


"Si on sollicite formellement un rendez-vous par courrier, personne ne répond. Si on manifeste, c’est outrancier", Joris Mathieu, directeur du TNG et porte-parole du Syndeac


Une réponse qui faisait finalement peu de doutes, Sophie Rotkopf nous ayant confié vendredi ne pas "je n’aime pas tellement cette façon de faire. Je veux bien que l’on dialogue, mais dans l’apaisement, dans la sérénité pas dans l’agressivité et pas avec le couteau sous la gorge". De quoi générer un sentiment d’incompréhension chez Joris Mathieu, "si on sollicite formellement un rendez-vous par courrier, personne ne répond. Si on manifeste, c’est outrancier", déplore-t-il.

Cette première étape, infructueuse, devrait en appeler d’autres durant le mois de juin, afin de "rétablir un réel dialogue dans un cadre formel" avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes.


POUR ALLER PLUS LOIN

Depuis les premières baisses annoncées par la Région, Lyon Capitale a écrit de nombreux articles sur ce sujet à retrouver ci-dessous. 

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