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© Tim Douet

Auvergne-Rhône-Alpes : quels enjeux pour le développement durable ?

L’Insee Auvergne-Rhône-Alpes a publié le 24 juillet son « état de lieux des problématiques des territoires de la région au regard des objectifs de développement durable ». Celui-ci se recoupe en trois piliers : l’environnemental, l’économique et le social. Selon l’institut, sept territoires doivent être distingués pour mieux cerner les différents enjeux locaux de développement durable dans la région.

 

Ce mardi 24 juillet, l’Insee Auvergne-Rhône-Alpes a dévoilé un bilan des enjeux de développement durable des différents territoires de la région en étudiant la densité de population, le flux de personnes, la précarité ou encore le patrimoine naturel.  Sept familles de territoire possèdent des enjeux de développement durable propres. Grâce aux EPCI (établissement public de coopération intercommunale), l’Insee donne une approche locale du développement durable de la région.

 Pollution industrielle et les inégalités sociales dans les grandes agglomérations

 

Lyon, Saint-Étienne, Grenoble et Clermont-Ferrand sont les quatre grandes agglomérations sensibles à la pollution industrielle et aux inégalités sociales. Annemasse et Villefranche Beaujolais Saône y sont aussi inclus. Un tiers de la population régionale est concernée, le secteur tertiaire y est proéminent tout comme l’activité industrielle, à l’exception d’Annemasse. Cela entraîne naturellement des gaz à effet de serre conséquents : Lyon et Grenoble sont caractérisés par les industries pétrolière et chimique, ce qui présente un risque pour l’environnement et la population résidente. Ce territoire contient un tiers des établissements Seveso et également un tiers des déchets dangereux produits. En revanche, les émissions de CO2 lié aux déplacements domicile-travail sont réduites par le réseau de transport public. La qualité de l’air est la plus dégradée à Lyon et Grenoble selon ATMO, l’indice qui mesure la concentration journalière de quatre polluants caractéristiques des pollutions urbaines. Sur le plan social, les inégalités de niveau de vie sont marquées, à l’image d’Annemasse, et le taux de pauvreté élevé (15,2 % contre 12,7 % au niveau régional).

Les déplacements : enjeu principal de la zone urbanisée

 

Les intercommunalités urbanisées, situées le long des axes de communication majeurs, concernent le quart du territoire et le quart de la population régionale. Les couronnes de Lyon et de Clermont-Ferrand et la vallée du Rhône sont principalement concernées :  la voiture étant de plus en plus utilisée, les déplacements domicile-travail sont importants. Sans oublier le transport de fret et la logistique qui jouent un rôle dans l’économie locale, ce qui donne un total de 38 % des émissions de GES (gaz à effet de serre) dans cette zone, soit 5 points de plus que dans l’ensemble de la région selon l’Insee. La pollution des nitrates menace 43 % des surfaces humides et bassins versants des affluents du Rhône à l’Est de l’agglomération lyonnaise, contre 14% dans la région. Mais les activités environnementales sont plus développées dans ce territoire, en particulier dans le traitement de l’eau et la collecte et traitement des déchets dangereux. Cela représente 3 % de l’emploi dans les communautés de communes. Les créations d’entreprises dynamiques est un atout fort, surtout dans l’Est lyonnais. L’institut indique un taux de pauvreté globalement assez faible et des niveaux de vie plutôt élevés et homogènes.

Logements difficiles d’accès dans les territoires résidentiels

 

Dans la Haute-Savoie, jusqu’au Grésivaudan et autour d’Annecy et de Chambéry, se trouvent des territoires résidentiels plutôt aisés et très urbanisés, comptant 15 % de la population régionale. Économiquement parlant, la qualification des emplois est très élevée. 11% des cadres des fonctions métropolitaines se trouvent dans le Grand Annecy et 18% sont localisés dans le Grésivaudan. Le niveau de vie moyen des ménages est élevé, mais des inégalités de niveau de vie sont à relever, surtout dans la partie genevoise, en lien avec le travail transfrontalier. La ségrégation sociale est marquée dans le domaine du foncier à cause de la présence de ces très hauts revenus : la suroccupation de logements se fait plus fréquente. Mais le secteur de la construction est légèrement plus dynamique dans ce territoire et plus d’une commune sur deux bénéficie d’un plan de prévention contre les risques d’inondation. Un plan de protection de l’atmosphère est également mis en place dans la vallée de l’Arve, comme les quatre métropoles régionales, en raison du trafic routier, du chauffage à bois, des transports et de l’industrie.

Patrimoine naturel en haute montagne à préserver

 

Dans les Alpes du Nord, des caractéristiques communes sont à relever dans les intercommunalités. Le territoire est principalement constitué d’espaces naturels à protéger, il est classé pour 83 % de sa surface en zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff) : on y compte deux parcs nationaux, la Vanoise et une partie des Écrins. Néanmoins, différents risques naturels sont dus à la topographie de la zone. Au moins un plan de prévention des risques d’inondation ou de mouvement de terrain concerne près d’une commune sur deux. Le tourisme connaît d’importants flux, 40% de l’emploi local s’y consacre : cette zone ne concentre pourtant que 1,4% de la population régionale. Cependant, plus de la moitié des émissions de GES est due à l’industrie locale comme le tunnel de la vallée de Chamonix-Mont-Blanc qui connaît un intense trafic routier. Le secteur des transports émet 41 % des GES sur cette zone.

Attraction et précarité dans les territoires ruraux

 

Cette zone regroupe 3 % de la population régionale, elle est principalement composée d’intercommunalités de Drôme et d’Ardèche. Majoritairement montagneuse, elle est soumise à un risque d’inondation et 7% de l’emploi est agricole. L’atout fort du territoire reste son patrimoine naturel, deux tiers de sa surface sont classés en Znieff et le tourisme durable prend de l’ampleur. L’attractivité de ce territoire se manifeste par l’installation de nombreuses personnes dans la région, notamment des retraités. Mais le territoire a des difficultés d’accessibilité aux principaux équipements et la distance parcourue sur le trajet domicile-travail est légèrement supérieure à la moyenne régionale. La précarité y est plus présente : le taux de pauvreté s’élève à 18 %, soit 5 points de plus que le reste du territoire.

L’espace rural d’élevage bovin socialement fragile

 

La seconde zone rurale, l’Ouest auvergnat, est également de très faible densité, regroupant 5 % des habitants de la région. L’élevage est prédominant et cette activité est à l’origine de plus de la moitié des émissions de GES, comme à Moulins où cette proportion des émissions de GES liée à l’agricole atteint 42%. Le tourisme est aussi de mise avec les trois stations de ski Super-Besse, le Mont-Dore et le Lioran, dans le parc naturel régional des Volcans d’Auvergne, qui est engagé dans la Charte européenne du tourisme durable dans les espaces protégés. La fragilité sociale dans ce territoire rural est également présente, les actifs ont un niveau de formation plus faible : 24 % sont titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, soit 13 points de moins que dans la région. Le chômage de longue durée et la pauvreté y sont plus importants. On observe un déséquilibre générationnel en raison d’une plus forte proportion de personnes de plus de 65 ans.

 

Une zone résidentielle plus dispersée géographiquement

 

Les intercommunalités moins concentrées géographiquement sont moins spécifiques que les autres. 15% de la population y vit, surtout dans les pôles urbains de Bourg-en-Bresse, de Montluçon et du Roannais. Les autres intercommunalités sont plus rurales et il n’y a pas d’enjeu fort de développement durable dans cette zone. Les niveaux de vie y sont plus faibles, tout comme les inégalités. L’élevage représente plus du quart des émissions de GES, soit 9 points de plus que dans la région, mais, globalement, ces volumes restent modérés en ce qui concerne la population résidente dans ce territoire.

 

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