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Anne-Sophie Chazaud, philosophe : “l’impossibilité à dire, à exprimer, induit le passage à l’acte et la violence”

Essayiste et philosophe lyonnaise, Anne-Sophie Chazaud est l’auteure de Liberté d’inexpression, nouvelles formes de la censure contemporaine (L’Artilleur, 2020). Sans concession ni langue de bois, elle revient sur la conflictualité nécessaire sans laquelle aucune vérité ne peut être mise au jour. Un éclairage sur la triple censure sociétale, judiciaire et politique qui, selon elle, forme un véritable système dont il est devenu difficile de s’extirper.

Anne-Sophie Chazaud, philosophe Lyon Capitale : L’assassinat de Samuel Paty, professeur de collège, par un islamiste a une nouvelle fois mis en lumière la fragile coexistence de la liberté d’expression et de la liberté de conscience. Comment fait-on cohabiter les deux ?

Anne-Sophie Chazaud : L’assassinat islamiste par décapitation, méthode particulièrement abjecte, d’un enseignant qui, précisément, dispensait un cours essentiel dans la période actuelle consacré à la liberté d’expression, a surtout mis en lumière une nouvelle fois, s’il en était encore besoin, l’incompatibilité radicale qui existe entre le désir totalitaire de l’islam politique conquérant – l’islamisme – et les valeurs démocratiques, républicaines mais aussi tout simplement l’esprit français teinté d’impertinence (les caricatures), d’irrévérence, d’ironie, d’humour et de second degré qui caractérisent notre pays.

Ces deux valeurs et libertés fondamentales que vous évoquez (expression et conscience/opinion) de la démocratie, intrinsèquement liées l’une à l’autre, ne sauraient en aucun cas être mises en concurrence. La liberté d’expression est, du reste, fréquemment entravée dans le but précis de prendre le contrôle, soit par la contrainte soit par la propagande, de la liberté de conscience : elle est, en quelque sorte, une fenêtre ouverte vers cette dernière.

Cet assassinat démontre, alors même que se tient le procès de la tuerie islamiste de Charlie Hebdo, que le combat pour la liberté d’expression doit continuer d’être mené sans relâche.

Rappelons qu’outre la tuerie initiale visant l’hebdomadaire satirique, ce procès a déjà été l’occasion d’une première attaque islamiste par un criminel d’origine pakistanaise agressant des journalistes avec une feuille de boucher (acte dont son village d’origine s’est bruyamment félicité en raison de la republication des fameuses caricatures), laquelle a précédé la seconde attaque de Conflans-Sainte-Honorine par un islamiste d’origine cette fois tchétchène.

 

La liberté de conscience est-elle menacée par la libre expression des uns ou des autres ?

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