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Le programme balistique de l’Iran déstabilise le Moyen-Orient

Les Iraniens rêvaient d’une vie paisible et confortable après l’accord nucléaire entre Téhéran et les grandes puissances conclu en juillet 2015. Mais le régime est de nouveau dans le collimateur de la communauté internationale pour son programme balistique suspect et ses ingérences déstabilisatrices au Moyen-Orient, explique dans cette tribune libre le président de l’Association des Franco-Iraniens du Rhône pour la démocratie et la laïcité.

Le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, continue d’accélérer la militarisation de son pays et a confié le développement des missiles balistiques aux Gardiens de la Révolution (pasdaran), l’armée d’élite du régime islamiste, engagés sur plusieurs fronts dans la région. Décriés par les militants des droits de l’homme dans le pays comme une machine de répression politique pour le maintien de la dictature religieuse, les pasdaran inquiètent les capitales occidentales pour leurs velléités hégémoniques et les violations répétées de la résolution 2231 du Conseil de sécurité interdisant les tests de vecteurs pouvant transporter une tête nucléaire.

Le 20 septembre à New York, en marge de l’assemblée générale de l’ONU, le président Marcon exprimait ses inquiétudes à des journalistes : “Cet accord [nucléaire] est-il suffisant ? Non. Il ne l’est pas compte tenu de l’évolution de la situation régionale, de la pression croissante que l’Iran exerce dans la région et compte tenu de l’activité, depuis l’accord, accrue de l’Iran sur le plan balistique.”

La crise est montée d’un cran au début du mois quand Ryad a été la cible d’une attaque au missile lancée par les milices houthites à la solde de Téhéran au Yémen. En visite dans le golfe Persique, le président français s’est de nouveau alerté face aux agissements de Téhéran : “Le missile tiré depuis le Yémen, qui est manifestement un missile iranien, montre la force de l’activité balistique, et leur activité dans toute la région sur le plan balistique est aujourd’hui extrêmement préoccupante.”

Les États-Unis quant à eux ont réagi à l’aventurisme des mollahs en plaçant les pasdaran sur la liste des entités “terroristes internationales spécialement désignées”. Le Trésor américain sanctionnera dorénavant sévèrement toute société qui fera affaire avec les pasdaran et interdit les transactions en dollars avec l’Iran.

Or, le problème est que les pasdaran contrôlent l’économie iranienne et qu’il est difficile de commercer avec l’Iran sans avoir affaire à eux. Exempts de fiscalité, ils utilisent les richesses du pays pour financer leur machine répressive et leur expansionnisme régional. Alors que la population iranienne est de plus en plus pauvre, ils financent entièrement le Hezbollah libanais et les milices extrémistes au Yémen et en Irak. Le régime de Bachar al-Assad n’aurait pas survécu sans le soutien militaire et financier de Téhéran.

La violence et le terrorisme sont des moyens de chantage au service du Guide suprême pour à la fois s’imposer en interne et sur la scène régionale. Il est vain de chercher à convaincre le régime de renoncer à son programme balistique ou à son hégémonisme, estiment les observateurs. Y renoncer équivaudrait à un aveu d’échec pour le Guide qui est de plus en plus contesté et peine à maintenir sa base intégriste.

Une campagne pour la justice

Après près de quarante ans au pouvoir, le régime est en fin de course et les dirigeants iraniens craignent pour leur survie. En effet, la population penche de plus en plus pour le changement de régime et, malgré une forte répression, les militants de la société civile et l’opposition clandestine s’organisent avec davantage d’efficacité. Des mouvements de contestation sont lancés régulièrement, avec des revendications de plus en plus politiques.

Une “Campagne pour la justice”, lancée il y a un an, a remué la société iranienne. Elle exige la fin des pendaisons dans un pays qui détient, selon Amnesty International, le record mondial du nombre d’exécutions par habitants, et une enquête sur le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988. Les familles sont en première ligne pour exiger que la lumière soit faite sur l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire contemporaine. Leur campagne, soutenue par l’opposition organisée, a commencé à porter ses fruits. La rapporteuse spéciale de l’ONU, Asma Jahangir, a déclaré en octobre : “Presque tous les jours, je reçois des lettres sincères de la part des parents de personnes tuées qui demandent des réponses. Les familles des victimes ont droit à un recours, à une réparation et au droit de connaître la vérité sur ces événements et le sort des victimes sans risquer des représailles.”

À Paris, une exposition était organisée le 28 novembre à la mairie du 5e pour célébrer la mémoire des victimes. Aux côtés de Rama Yade (interview vidéo ci-dessous), Bernard Kouchner, Mgr Jacques Gaillot, Ingrid Betancourt, Sid Ahmed Ghozali et plusieurs élus, des familles ont appelé le gouvernement français à conditionner ses relations avec le régime à la fin des exécutions arbitraires en Iran.

Bernard Kouchner, ancien ministre des Affaires étrangères, a rappelé que Khomeiny a décidé au nom de Dieu de prononcer la mort de 30 000 prisonniers sur des mois. Un summum de barbarie, a-t-il dit. Il a déploré qu’un homme qui faisait partie de la commission de la mort est aujourd’hui ministre de la Justice de Rohani. Pour l’ancien ministre, c’est aujourd’hui le moment d’exiger à tous les niveaux une enquête sur ce massacre.

Les participants ont rappelé que la solution aux souffrances du peuple iranien et aux méfaits régionaux du régime réside dans le soutien aux aspirations démocratiques du peuple iranien et la fin du régime du Guide suprême.

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