Jamais sans toit vaulx en velin
Le collectif Jamais sans Toit lors d’une mobilisation pour mettre des enfants à l’abri.

Vaulx-en-Velin : pas de logement pour les deux familles sans-abri

Depuis un mois, le collectif Jamais sans toit de GrandClément héberge à tour de rôle deux familles de sans-abri et leurs enfants. Jeudi dernier, le collectif avait occupé le temps d’une nuit le gymnase Paul Roux de Vaulx-en-Velin. Ils étaient de retour ce lundi pour tenter de recommencer, contre la volonté de la mairie.

Le collectif Jamais sans toit avait donné rendez-vous ce lundi soir pour une réunion publique devant le gymnase Paul Roux de l’école GrandClément. Sur place, une vingtaine de membres du réseau sont présents. Des parents d’élèves et des habitants du quartier pour la majorité, quelques enfants en bas âge aussi. Par des terres, des livres pour les petits, Tchoupi en haut de la pile. Devant le gymnase, trois policiers municipaux et un technicien de la ville les empêchent d'entrer. “Consigne du maire”, font-ils savoir.

“Le maire a le pouvoir d’ouvrir le gymnase”, lance Magali, une parent d’élève, “nous, on est à court de solution”. Depuis mars, les membres du réseau logent à tour de rôle les deux familles. Trois adultes et quatre enfants de moins de cinq ans, originaires du Kosovo et du Nigéria. Et quand la place vient à manquer, c’est à l'hôtel que les familles passent la nuit. “Deux chambres, c’est 72 € par nuit”. Après un mois à ce régime, les caisses du collectif sont vides.

Dialogue de sourds entre bénévoles et officiels

“On a envoyé des mails à l’ensemble des élus, à la mairie, à la préfecture, jusqu’à Hélène Geoffroy (ancienne maire de Vaulx-en-Velin, démissionnaire en février 2016 pour devenir secrétaire d’État à la Politique de la Ville) : ça n’a rien donné”, précise Nicolas. “Aucun élu ne se déplace pour nous”, déplore une jeune mère, à l’instant même où arrivent Dahoum Kaoutar, adjointe de la mairie en chemise et veste rouge, et Samir Khamassi, porte-parole de la ville en chemise et cuir noir. “Si vous voulez manifester, il faut aller devant la préfecture”, annonce d’emblée le porte-parole.

Un dialogue de sourds s’engage. Le collectif rappelle de mémoire les textes sur le droit à l'hébergement et le code de l'Action sociale et des Familles (art 3452-2), mais les deux représentants relancent systématiquement la responsabilité de la décision vers la préfecture. Le ton monte. “Vous croyez que ce sont les seuls enfants qui dorment dehors ?” La phrase a échappé au porte-parole et provoque les réprobations atterrées du collectif.

“De toute façon, le gymnase restera fermé ce soir, demain, et toute la semaine”, tente de clore l’adjointe. Sans solution, les deux officiels repartent sous les huées. Les trois membres de la police municipale restent, eux, garder l’entrée du gymnase. De guerre lasse, les deux familles ont été, une nouvelle fois, logées chez les membres du réseau Jamais sans toit, en attendant de trouver une solution plus pérenne.

Famille en fin de droits ou chantage au logement ?

Contacté par Lyon Capitale, Jacques Bucaud de la mairie de Vaulx-en-Velin appuie que “ce n’est pas la ville qui propose des solutions, c’est la préfecture. La mairie joue l’interface pour trouver des solutions d’hébergement.” Interrogé sur le pouvoir du maire à ouvrir le gymnase aux familles, Mr Bucaud botte en touche : “Les dossiers d’hébergements avancent les uns après les autres”.

Côté préfecture, on explique que les deux familles, dont les demandes d’asiles ont été refusées, sont en fin de droits. “Nous leur avons proposé des dispositifs de départ, le temps de préparer leur retour dans leurs pays d’origine.” Ce que conteste Nicolas du collectif Jamais sans toit : “Ils ne sont pas encore en fin de droits, ces familles ont posé un recours”. Le bénévole accuse la préfecture d’avoir effectué “un chantage”. “Ils nous ont dit ‘on peut leur donner un logement, à condition qu’ils signent un papier qui indique qu’ils quittent le territoire d’ici un mois. Qu’importe que le recours fonctionne ou non’.”

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