40 ans après Saint-Nizier, les prostituées luttent encore

Le 2 juin 2015 marque les 40 ans du mouvement d’occupation de l’église Saint-Nizier par des prostituées. Un rassemblement est prévu à 14h demain devant le lieu de culte du 2e arrondissement.

Demain, la lutte pour les droits des travailleurs et travailleuses du sexe va fêter l’anniversaire de l’un de ses évènements les plus importants. Les 40 ans de l’occupation de l’église Saint-Nizier de Lyon par des prostituées, soutenues à la fois par des associations féministes et catholiques.

Le 2 juin 1975, les prostituées lyonnaises prennent possession de l’église du 2e arrondissement pour protester contre la vague d’arrestation qui touche leur milieu. En 2015, exercer ce travail péripatéticien est encore un parcours du combattant, car selon les participants aux Rencontres internationales des travailleuses du sexe qui se sont tenues à Lyon ce week-end, la répression n’a pas disparu, même si elle a changé de forme.

Antoine Baudry est membre de Cabiria, une association qui mène des actions de santé auprès des personnes prostituées. Il dénonce le délit de racolage ainsi que les arrêtés municipaux lyonnais qui empêchent les travailleuses de stationner ou de circuler avec leurs camionnettes dans le quartier de Gerland, synonymes d’insécurité pour cette population exposée aux risques de violence. "La pénalisation du client aussi est pénalisante pour la personne prostituée, explique Antoine Baudry. Cela oblige les travailleuses du sexe à s’éloigner des lieux de passage pour protéger les potentiels clients. C’est moins de revenus pour elles et plus de risques de violence".

L’occupation de l’église Saint-Nizier en 1975, un symbole

En 1975, aucune structure organisée n’existe spécifiquement pour défendre les prostituées. C’est l’alliance étonnante entre des féminises et des catholiques sociaux, qui vont trouver dans cette lutte quelques terrains d’accord, qui va donner aux travailleuses du sexe des ressources pour s’organiser. Elles tiendront ainsi leur occupation plus d’une semaine. Juin 1975 est resté comme un exemple dans le monde des luttes pour les prostituées. Présentes lors des journées mondiales ce week-end, des membres d’un syndicat britannique ont affirmé que Saint-Nizier avait été pour elles un évènement déclencheur.

Aujourd’hui, en France, des associations ont pour objectif principal la défense du droit des prostituées, comme le syndicat du Strass. Les soutiens extérieurs viennent principalement des associations LGBT, des organisations de santé publique et de groupes libertaires. Pour Antoine Baudry, les cathos et les féministes ont plutôt disparu des radars des luttes des prostituées. "En 1975, il ne s’agissait pas de l’ensemble des catholiques, seulement d'une association de catholiques sociaux. Ils disent aujourd’hui soutenir les prostituées mais sont maintenant en faveur de la pénalisation des clients. Concernant les féministes, seules certaines assos soutiennent les droits des travailleuses du sexe…"

Le 2 juin, un rassemblement est prévu devant l’église Saint-Nizier de Lyon, à partir de 14h.

A lire aussi : notre article du 30 mai, ainsi que l’enquête de Lilian Mathieu paru dans la Revue française de Sociologie.

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