Scientifique
Image d’illustration © Pexels / Edward Jenner

Innovation mondiale à Lyon : le 1er test salivaire pour diagnostiquer l'endométriose

La start-up et biotech lyonnaise Ziwig a élaboré un test salivaire diagnostiquant l'endométriose, cette maladie source de souffrance pour deux millions de françaises.

Créée en 2019, l'entreprise Ziwig, dans le 3e arrondissement de Lyon, a mis au point le premier test salivaire capable de diagnostiquer l'endométriose. Cette maladie gynécologique, pouvant entraîner une douleur aiguë dans le bassin et des difficultés à tomber enceinte, touche 10% des femmes environ.

À l'origine du projet, Yahya El Mir, fondateur et président de la start-up, qui a croisé le savoir d'ingénieurs et de scientifiques à l'intelligence artificielle (IA). "On pense réellement que l'IA est capable d'apporter quelque chose à la santé", confie Norbert Nabet, chargé de santé publique chez Ziwig.

En juin 2023, Ziwig a d'ailleurs fait l'objet d'un article dans la revue scientifique américaine "New England Journal of Medicine" : "Etre reconnu par le NEJM c'est le Graal pour tous les médecins, sa réputation dans le monde est un véritable gage de crédibilité et de sérieux pour nous".

Une découverte devenue innovation

Destiné aux patientes âgées de 18 à 43 ans présentant des symptômes évocateurs de l'endométriose, Ziwig Endotest est un dispositif médical réservé aux professionnels de santé. Celui-ci détecte ou non des traces de la maladie en analysant certains acides (ARN) contenus dans la salive, cela grâce au séquençage. "La salive s'est révélée être un fluide extrêmement informatif et un véritable outil d'investigation", indique Norbert Nabet. Ainsi, cette pratique, qui établit un diagnostic en une semaine, fonctionne tant pour l'endométriose que pour d'autres maladies.


"La salive s'est révélée être un fluide extrêmement informatif et un véritable outil d'investigation"

Norbert Nabet, chargé de santé publique chez Ziwig

Par ailleurs, Ziwig Endotest est le fruit d'un longue collaboration menée avec des patientes et des médecins, "parce que ce test n'est utile que s'il a un usage dans la pratique médicale et peut transformer la vie des professionnels et des femmes", estime Norbert Nabet. Selon lui, il s'agit d'une "découverte qui est devenue innovation et pourrait devenir un réel outil de transformation de la pratique".

L'endométriose touche 1 femme sur 10

L'endométriose est une pathologie chronique inflammable pouvant causer des douleurs pelviennes, des douleurs pendant les rapports sexuels ou en allant aux toilettes, engendrer la présence de sang dans les urines et rendre infertile. Elle se caractérise notamment par des lésions semblables à celles présentes sur la muqueuse utérine, mais en dehors de l'utérus. "Ça peut toucher n'importe quel organe, il y a des cas de lésions sur les poumons, le coeur et même le cerveau plus rarement", détaille Priscilla Saracco, présidente de l'association ENDOmind, (association française d'actions contre l'endométriose agréée par le ministère de la santé).

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De plus en plus évoquée dans les débats publics, cette maladie toucherait ainsi 10 à 15% des femmes en âge de procréer, soit deux millions de personnes en France et 190 millions dans le monde.

Malgré tout, le retard de diagnostic de l'endométriose serait de 10 à 15 ans, sans compter sur le manque de spécialistes et des délais d'attente considérables. "Aujourd’hui, la santé des femmes est notoirement sous-investie dans la recherche et en pharmacie, en particulier la gynécologie", selon Norbert Nabet. C'est pourquoi Ziwig a crée son test, capable de donner une réponse sous sept jours. "C'est quelque chose d'assez révolutionnaire", estime Priscilla Saracco. Et d'ajouter : "Si les femmes et les médecins passent moins de temps à trouver ce qu’elles ont, on a plus de temps pour trouver des solutions et des traitements adaptés".

Une disponibilité prochaine en France

Déjà disponible dans une quinzaine de pays, en Europe comme à l'international, Ziwig Endotest devrait rapidement être disponible en France. L'évaluation de la Haute autorité de santé (AHS) devrait être rendue courant novembre, pour que les discussions sur le remboursement du test puissent s'ouvrir avec la Sécurité sociale. "On aurait pu le mettre en vente directement mais les femmes auraient payé de leur poche", confie Norbert Nabet. L'objectif de l'entreprise est que l'Assurance maladie rende solvables les femmes qui en ont besoin.

En effet, le test étant encore récent, son coût n'est pas négligeable, d'autant plus qu'il recourt au séquençage, une pratique particulièrement coûteuse. Pour donner un ordre d'idées, Ziwig Endotest est remboursé en Suisse à hauteur de 900 euros. "Les conditions et contours du remboursement restent à définir mais on espère que ça va aller vite", indique le chargé de santé publique.

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