Marché de l'eau : le Grand Lyon redit oui à Veolia

Les élus de la communauté urbaine ont avalisé le choix de reconduire l'actuel délégataire, qui s'était pourtant illustré par des pratiques peu transparentes et des tarifs surélevés. Le prix diminuera de 19,7% par rapport à la situation actuelle. Les écologistes et Nathalie Perrin-Gilbert ont voté contre la délibération.

Retour en 1994. Avec la mise en vigueur du nouveau contrat d'eau potable au 3 février 2015, le prix à Lyon va baisser et revenir aux étiages d'il y a vingt ans. "Ceux qui font leurs courses tous les jours aimeraient bien retrouver les prix de 1994", a badiné le président de la communauté urbaine, Gérard Collomb, lundi soir. En l'espace de dix-huit mois, celui-ci a réussi le tour de force d'imposer le maintien d'une délégation de service public pour le marché de l'eau potable de l'agglomération lyonnaise (1), et la reconduction de Veolia comme délégataire. Un choix qui n'allait pas de soi, tant l'entreprise s'était illustrée par des prix particulièrement élevés et des pratiques peu transparentes.

Une autorité organisatrice pour surveiller Veolia

Veolia 2014 n'est pas Veolia 1986 (alors Générale des Eaux), peut-on espérer. Michèle Pédrini, vice-présidente, a rappelé les impératifs du nouveau contrat : baisser le prix d'au moins 20%, réduire les fuites à moins de 15% des volumes produits en 2016, faciliter l'information aux usagers par la télérelève, et renforcer l'autorité organisatrice de l'eau pour surveiller le délégataire (20 agents). Pour éviter l'extravagance des frais de siège répercutés sur la facture des Lyonnais, Veolia va créer une société dédiée "Eau du Grand Lyon". Voilà pour le cahier des charges.

La (vraie) baisse du prix : - 19,7%

Au terme de longs mois de négiocations, Veolia est ressorti grand vainqueur, devant la Lyonnaise des Eaux et la Saur. Son offre variante de dix ans ne présentait cependant pas un bénéfice suffisant pour justifier un allongement de la durée du futur contrat, qui restera donc fixé à huit ans.

Le prix de l'eau va donc reculer à 174 euros pour une facture type de 120 m3 en 2015, contre 229 euros si aucune diminution de tarif n'avait été consentie. Toute l'habileté de la collectivité consiste à afficher une baisse de 23,9% en trompe-l'oeil qui inclut déjà celle arrachée en 2013 - réduction à 30% de la part abonnement. Sans cette décrue déjà en vigueur, la diminution - réelle - sera de 19,7%.

"Le rapport de force politique était aussi insuffisant"

A l'heure du vote, 131 élus ont voté pour cette délibération, 11 contre (notamment les écologistes, Nathalie Perrin-Gilbert et Nawel Bab-Hamed), quatre se sont abstenus et trois conseillers n'ont pas pris part au vote. Les communistes Louis Levêque et Roland Jacquet ont dit oui à Gérard Collomb. Yves Fournel (Gaec) a regretté que la collectivité n'ait pas anticipé la fin de l'ancien contrat de l'eau pour préparer le passage en régie publique pour l'activité de production d'eau potable. "Le rapport de force politique était aussi insuffisant", a-t-il concédé : la moitié du groupe communiste a, il est vrai, avalisé le choix d'une DSP. Il a cependant souligné les changements obtenus : "nous ne sommes plus dans le même contrat", s'est-il félicité. Paul Coste (EELV) a énuméré les "mauvaises raisons" ayant conduit à maintenir l'eau potable dans le giron du secteur privé, en particulier la difficulté d'intégrer "quelques centaines d'agents" appartenant à Veolia, alors que le Grand Lyon se prépare à accueillir des milliers d'autres, venus du Département, pour créer la Métropole. La droite, elle, n'a quasiment pas pipé mot.

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(1) excepté à Marcy L'Etoile, Solaize, La Tour de Salvagny et Lissieu.

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