Lyon French Tech peut-elle passer à l'étape supérieure ?

L'association Lyon French Tech a aujourd'hui pour mission de faire rayonner les talents et entreprises de la Métropole. Déployé en plein french bashing par Fleur Pellerin, le label distribué à plusieurs villes arrive-t-il à ses limites ?

"À quoi sert Lyon French Tech ?" un an et demi après avoir obtenu le label du gouvernement, son équipe est encore obligée d'expliquer son utilité. Lancée fin 2013 par Fleur Pellerin, quand elle était ministre déléguée en charge du numérique, reprise par Axelle Lemaire, la French Tech a pour vocation première d'être le relai marketing des entreprises françaises à l’international. Déployé en plein "french bashing" où il était de bon ton de se moquer de la France, le label a eu l'effet positif d'y mettre fin. Difficile d'aller plus loin avec un budget limité dès le début et une labélisation distribuée un peu trop facilement aux métropoles.

Lyon qui a reçu le sésame en 2015 a opté pour une structure associative. À sa tête, on retrouve Patrick Bertrand, DG de Cegid, personnalité discrète qui arrive à faire consensus et surtout connue pour une vision à la fois innovante et pragmatique en matière de numérique. Début avril, Lyon French Tech a défendu son bilan, mettant en avant 150 start-ups accélérées, cinq entreprises labélisées et une capacité à rayonner à l'étranger. Mais la French Tech peut-elle dépasser son stade de label pour aboutir à autre chose ?

Marketing et jacobinisme

Vice-présidente de la Métropole en charge du numérique, Karine Dognin-Sauze est aujourd'hui consciente de certaines limites de la French Tech : "A l'origine, c'est une démarche marketing qui devait évoluer, mais elle l'est restée". L'élue attend la prochaine action du gouvernement : "nous arrivons à la fin de la séquence, on va voir ce qu'il va se passer ensuite". Pour le moment, "un certain jacobinisme" ne manque pas d'agacer en province. Paris n'est pas concerné par le label French Tech, pourtant, il n'est pas rare de retrouver des plaquettes destinées à l’international mettant en avant uniquement des entreprises de la capitale. Les financements sont aussi limités. La French Tech nationale est dotée d'un fonds d'investissement de 200 millions pour "favoriser le développement des accélérateurs de startups privés", encore faut-il la convaincre. Dernièrement le programme Big Booster "premier programme international d’accélération à but non lucratif organisé entre Lyon et Boston" n'a pas bénéficié du financement de la French Tech. L'incompréhension demeure en interne, le projet avait tout pour plaire.

Quand les petits se sentent exclus

Du côté de Lyon, la grogne grandit chez les petites entreprises qui se sentent exclues de la French Tech. La principale critique vient de son mode de fonctionnement, basé sur des têtes de réseau, personnalités qui font le lien entre les entreprises et l'association. Pour avoir le droit de siéger au conseil d'administration – là où se jouent réellement les choses – il faut verser une cotisation de 25 000 euros. "On a l'impression d'être face à un vote censitaire", dénonce un entrepreneur échaudé. Pour un autre, c'est la douche froide : "On se sent exclu, car on n'a pas le droit de cité. D'un côté, il y a des réunions avec les gros, de l'autre des petits, dans les deux cas des présentations différentes, on a du mal à comprendre ce qui pourrait sortir de là". Interrogée sur cette gouvernance, Karine Dognin-Sauze, la vice-présidente de la métropole en charge du numérique, admet que la French Tech "est peut-être passée à côté de quelque chose" : La problématique est récurrente depuis l'été dernier, reconnaît-elle. Il faut qu'on arrive à résoudre ce problème très rapidement.” Pour Patrick Bertrand, le président de la French Tech, c'est aussi l'ouverture qui prime : "Si une start-up voulait s'impliquer au niveau institutionnel, le bureau est ouvert, on réfléchit sur le sujet des cotisations, pour permettre à tous de s'impliquer sur la dynamique institutionnelle". Pour passer à la vitesse supérieure, La French Tech travaille actuellement sur la halle Girard à Confluence, son lieu totem. Ce dernier devrait ouvrir en 2017 et sera une vitrine du numérique à Lyon grâce à 3000 m² de bureaux et 800 m² dédiés à l'évènementiel. On devrait y retrouver des incubateurs, services, mais aussi de la formation, soulevant la question de son fonctionnement avec le projet de campus de Laurent Wauquiez. François Aubriot, président du Ploss Rhône-Alpes regroupement des entreprises du logiciel libre lance une solution hilare : "il va falloir faire un téléphérique entre les deux lieux". Reste que comme la French Tech, la halle Girard devra prouver qu'il s'agit plus que du marketing.

Lire aussi : Numérique, comment Wauquiez ringardise Collomb dans Lyon Capitale numéro 755, actuellement en kiosque.

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