PSG, fair-play financier : l’avis d’André Soulier et Thierry Braillard

Depuis de nombreuses semaines, Jean-Michel Aulas dénonce les agissements du PSG, coupable selon lui de ne pas respecter les règles du fair-play financier, après avoir dépensé des sommes pharaoniques sur le marché des transferts. Invités de l’émission Tant qu’il y aura des Gones, les avocats lyonnais ont mis le doigt sur des dérives financières qui dépassent le cadre du sport.

Jean-Michel Aulas, président de l'OL

PHILIPPE DESMAZES / AFP
Jean-Michel Aulas, président de l'OL

Le Paris Saint-Germain a dépensé des sommes pharaoniques cet été sur le marché des transferts. La star brésilienne Neymar est arrivée en provenance du FC Barcelone contre 222 millions d’euros. L’attaquant est devenu le joueur le plus cher de l’histoire du football. Le club francilien s’est aussi fait prêter par l’AS Monaco le jeune prodige français Kylian Mbappé (18 ans). Un prêt avec une option d’achat obligatoire à 145 millions d’euros (plus 35 millions de bonus). Qualifié de "délinquant régulier" par la Ligue de football espagnole, le PSG est aussi dans le viseur de Jean-Michel Aulas. Le président lyonnais accuse le club sous pavillon qatari de ne pas respecter le fair-play financier. Cette règle, mise en place en 2010 par l’UEFA, vise à ce que les clubs européens préservent un équilibre financier stable. L’instance du foot européen a d’ailleurs ouvert une enquête vendredi soir, qui "portera sur la conformité du club avec l’exigence de l’équilibre financier, en particulier à la lumière de son activité de transfert récente". En France, Jean-Michel Aulas semble seul contre tous. Les autres dirigeants de Ligue 1 saluent le recrutement parisien, qui aura selon eux à court et à long terme des effets bénéfiques sur le championnat français.

Infographie fair-play financier ()

“Cela dépasse le cadre franco-français”

Ce lundi, sur le plateau de Tant qu’il y aura des Gones, l’émission télévisée d’Olympique-et-lyonnais, notre site Internet dédié à l’actualité de l’OL, l’avocat lyonnais André Soulier, également ancien président de la commission juridique de la Ligue de football professionnel, a rappelé que les règles étaient faites pour être respectées. "Dans une société, il faut respecter un certain nombre d’équilibres. Si vous avez quelqu’un qui peut abonder en permanence simplement parce qu’il s’est assis sur une poche de gaz ou une exploitation pétrolière, c’est un déséquilibre. Il faut donc mettre au point des ratios que l’on doit respecter", a-t-il indiqué. L’ancien secrétaire d'État chargé des Sports, Thierry Braillard, explique ainsi les agissements du PSG : "La grande difficulté du Paris Saint-Germain, c’est qu’ils sont limités dans leurs recettes. Ils sont limités car ils évoluent dans un stade de 40 000 personnes, ils sont limités sur les droits de télévision parce que ceux-ci ont été actés jusqu’en 2020 et ils sont limités sur les droits de merchandising de leur maillot. C’est pour ça qu’ils ont essayé de contourner les règles." Le Paris Saint-Germain "dépasse le cadre franco-français", pour l’économiste du sport Pierre Rondeau. Son analyse : "Il est bien normal que les clubs de Ligue 1 appellent cela une concurrence déloyale dans la mesure où tous les investissements qataris ont un objectif mondial. Finalement, pour eux, la Ligue 1 est anecdotique. Ce qu’ils veulent, c’est la Ligue des champions, briller en Chine, briller en Inde."

Un problème géopolitique

Propriété de la Qatar Investment Authority (QIA), le fonds d'investissement souverain de l’émirat du Qatar, le Paris Saint-Germain dispose de moyens inégalables en France. Seuls Montpellier en 2012 et Monaco la saison dernière sont parvenus à chiper le titre de champion de France au club passé sous pavillon qatari en 2011. Avec l’arrivée de Neymar et de Mbappé, la concurrence vient de prendre un sacré coup derrière la tête. "Deux clubs sont hors lois, ce qui fait qu’au début du championnat on saura qui est le premier et qui est le deuxième", a lancé Thierry Braillard, dénonçant aussi l’AS Monaco, dont le siège social est dans la Principauté et jouit donc d’avantages fiscaux en plus de l’argent investi par son propriétaire russe, Dmitri Rybolovlev. Pour André Soulier, le cas du PSG dépasse allègrement le cadre sportif. "Le Qatar a fait une opération incroyable d’acquisition d’une marque qui s’appelle Paris pour peu d’argent, rappelle l’avocat lyonnais. Un petit État gazier, à peine pétrolier, qui est en difficulté avec ses voisins, avait besoin de ce retentissement mondial. C’est une situation particulière : on parle de sport, on parle de concurrence, mais on est en pleine géopolitique mondiale." S’il sort des clous du fair-play financier, le club de la capitale risque une amende, une rétention des recettes provenant des compétitions de l’UEFA (Ligue des champions et Ligue Europa), une limitation du nombre de joueurs en compétition européenne et/ou l’exclusion des compétitions européennes.

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