Primaire UMP: les 5 professions de foi disséquées

Daniel Navrot, directeur de Prospective Rhône-Alpes Méditerranée et consultant politique, décrypte les professions de foi des 5 candidats à la primaire UMP à Lyon, en vue des municipales de 2014.

Budget serré oblige, c’est sur un petit feuillet commun, distribué dans les boîtes aux lettres des Lyonnais, que tous les candidats à la primaire UMP ont livré leurs professions de foi. Des petits espaces de propagande réduits à leur plus simple expression : une photo, un slogan et quelques lignes pour tenter d’exposer son projet, ses idées, sa vision de Lyon.

Et si, chez de nombreux Lyonnais, ces professions de foi n’auront pas d’autre vocation qu’emballer le poisson, pour d’autres, elles peuvent être de réels outils pour aider à la prise de décision dans cette première étape avant la municipale de 2014 à Lyon. Encore faut-il les décrypter. Car ces "aïku-professions" peuvent receler quelques détails assez révélateurs sur certains candidats : ambiguïté de la ligne ou du positionnement, affirmation droitière ou candidature de témoignage... Daniel Navrot, directeur de Prospective Rhône-Alpes Méditerranée et consultant politique, décrypte les professions de foi de Nora Berra, Georges Fenech, Emmanuel Hamelin, Michel Havard et Myriam Pleynard.

Nora Berra : ancrage local et gouvernance forte

Il y a une réelle dichotomie dans la profession de foi de Nora Berra, d’après Daniel Navrot. Son slogan tranche énormément avec son texte de présentation. "Pour une gouvernance plus claire et plus transparente", accompagné d'une photo au milieu de la foule, traduit "une volonté de se rapprocher des gens". C'est d'ailleurs la seule candidate qui s’affiche avec les Lyonnais. Pourtant, a contrario, sa campagne renvoie à "une posture de dimension nationale et européenne".

Pour grossir le trait, la candidate tient un discours du genre : "Je suis une ancienne ministre, je suis députée européenne, j'ai donc la dimension pour diriger une ville de dimension européenne, voire internationale." Faire le choix de Nora Berra conduirait donc à "une gouvernance forte, en rapport avec la stature que veut afficher la députée". Cependant, l'ancienne ministre affiche une certaine "fierté d'être lyonnaise, voulant faire de Lyon une grande métropole européenne, avec l'appui de tous", nuance Daniel Navrot.

Georges Fenech : le droitiste assumé

Sans surprise, l’ancien magistrat adopte un slogan et un discours beaucoup plus "droitistes". Son thème principal, la sécurité, reste l'apanage de la droite depuis beaucoup d'années. Sa campagne, "basée sur des thématiques quasiment purement nationales", précise véritablement ses intentions. Il fait le choix clair de jouer sur l'insécurité des Lyonnais, la peur qui grandit face à la délinquance du quotidien. En outre, avec le parrainage d'Henri Guaino et les soutiens des parlementaires UMP du Rhône "les plus à droite", Georges Fenech ne cache pas son "esprit purement droitiste" selon le politologue. A l’inverse des autres candidats, qui espèrent rassembler un plus large panel d'électeurs. Georges Fenech, lui, assume de se concentrer sur les électeurs de droite sans tenter de draguer le centre. De plus, celui qui a été élu député en 2012, et qui n’occupe aucune fonction à la Ville, compte bien jouer sur sa "nouveauté sur la scène politique lyonnaise".

Emmanuel Hamelin : la carte locale

Plus local, tu meurs. Emmanuel Hamelin prend à contrepied ses camarades qui se donnent une envergure nationale. Posant devant le dôme de l’Hôtel-Dieu, il joue la carte de l’ancrage local, le candidat qui "défend Lyon, SA ville". Il se revendique comme un homme de terrain, proche des Lyonnais. Pour résumer, il dit : "Je suis un élu qui, depuis des années, critique projet par projet, réalisation par réalisation, ce que fait Gérard Collomb. Et voilà ce que, moi, je propose, dans tel ou tel domaine." C'est une posture très ancrée dans la ville de Lyon. Une vision "loco-locale" qui lui confère un "certain pragmatisme" vis-à-vis des autres candidats.

Il prône l'union de tous les Lyonnais, avec un slogan très "sarkozyste". À commencer par son slogan – "Avec vous, tout devient possible !" – très très largement inspiré par le slogan qui avait mené Nicolas Sarkozy à l’Elysée en 2007. Emmanuel Hamelin envisage de redonner la parole aux Lyonnais, un peu comme Nora Berra, mais sans adopter une posture nationale et européenne. C’est finalement un discours politique très classique, un candidat à l’ancienne.

Michel Havard : fidélité et constance

Michel Havard, lui, se place comme le candidat "officiel" de l'UMP ; le fameux candidat naturel. Il est celui qui rassemble le plus de militants et la plus grande majorité des élus à ce jour. Il demeure le leader de l'opposition, le patron du groupe UMP et apparentés au conseil municipal. D'un certain point de vue, sa candidature apparaît comme "institutionnelle et légitime", pour Daniel Navrot. Elle s’inscrit dans une sorte de continuité que l'élu souligne dans la "fidélité à des valeurs et des convictions, une capacité à rassembler, une constance et des compétences pour battre le PS".

Si Michel Havard est assuré d'un soutien militant et d'élus important, et qu'il est l'initiateur de ces primaires, il aspire à encore plus. Il est "en quête d'une légitimité supplémentaire", qu'il trouverait en devenant maire. Après des années à combattre le PS au conseil municipal, il doit prouver qu'il peut diriger.

Myriam Pleynard : la caution militante

Enfin, Myriam Pleynard apparaît un peu à part. Contrairement aux autres, qui ont fait des choix de campagne clairs, elle reste très globale dans ses propositions. D'ailleurs, son slogan marque "des propos d'ordre général", ce qui correspond parfaitement au profil de sa candidature. Une candidature symbole, qui ne se démarque pas des autres. Daniel Navrot explique que Myriam Pleynard est une "utile caution militante". En clair, elle est candidate sans "aucune chance de pouvoir vraiment l'emporter". Mais elle donne, d'une certaine façon, du sens et de la légitimité à la procédure.

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