Le député du Rhône Bruno Bonnell, à l'Assemblée nationale, le 27 juin 2017 © Tim Douet
Bruno Bonnell à l’Assemblée le 27 juin 2017 © Tim Douet

Pour Bruno Bonnell, "la loi ELAN n'est pas contre les handicapés"

Le vote des députés entérinant le passage de 100% à 10% de logements neufs obligatoirement accessibles pour les personnes handicapées fait débat. Considérée comme une "grave régression sociale" par les acteurs de l'associatif, la mesure est notamment défendue par le député LREM Bruno Bonnell, qui estime que "le taux de 100% est excessif quand la plupart des logements sont occupés par des personnes qui ne sont pas handicapées".

"Cette décision est prise pour qu'on construise plus, mieux et moins cher". Malgré les nombreuses critiques, Bruno Bonnell assume le vote en faveur du passage de 100% à 10% de logements neufs obligatoirement accessibles pour les personnes handicapées. Votée dans le cadre de la loi ELAN pour Evolution du logement, de l'aménagement et du numérique, la mesure a été vertement critiquée par la gauche et la droite. Le secrétaire général de la FNATH, association des accidentés de la vie, l'a quant à lui considéré comme "un retour en arrière massif de 15-20 ans".

"10% de logements neufs obligatoirement accessibles aux handicapés suffisent aux besoins immédiats" défend Bruno Bonnell, qui indique connaître particulièrement le sujet pour avoir eu un enfant en chaise roulante qui a vécu un moment dans un vieil immeuble de Lyon. "Je connais bien la problématique,  mais la loi actuelle va trop loin alors qu'il y a 1,5 million de personnes qui attendent un logement. La loi ELAN, ce n'est pas une loi contre les handicapés, mais pour tout le monde.  Et la réalité est que la plupart des personnes en attente de logement ne sont pas handicapées".  Il prend comme exemple pratique un projet de 50 logements qui pourrait en contenir 60 si seuls 10% d'entre eux doivent obligatoirement être adaptés au handicap.

Agacé par "les lobbies de toutes sortes"

Le député se dit "agacé par les lobbies de toutes sortes qui insultent le travail des députés et croient qu'on ne connaît pas le problème". Pour lui,  il s'agit d'une loi "équilibrée". "Les 10% de logements neufs adaptés le seront vraiment, avec des logements de plain-pieds qui sont la meilleure solution pour les personnes en chaise roulante. On parle aussi de place de parking réservée, de la taille des couloirs, de portes agrandies et de toilettes adaptées". Pour le reste des nouveaux logements, le député précise qu'ils seront "évolutifs", une notion encore trop floue et peu cadré par le texte selon certaines associations. "En clair, les constructeurs de logements neufs ne sont pas obligés de construire un ascenseur, mais ce dernier doit être prévu pour plus tard", explique-t-il. "Évidemment, les coûts de l'évolution des logements ne seront pas pris en charge par les locataires, mais par l'ANAH (Agence nationale de l'habitat NDLR)" ajoute le député de la circonscription de Villeurbanne.

"Si quelqu'un a besoin de faire adapter un logement à cause d'un accident ou pour faire face à la vieillesse, il suffira de monter un dossier. C'est ce que j'ai fait pour mon propre fils". Concernant les invitations à l'extérieur et l'impossibilité de se rendre dans certains lieux, le député est clair. "Moi aussi je me suis retrouvé dans cette situation, on sait que le fait que 100% des logements ne soient pas accessibles aux handicapés empêche des choses et nécessite de s'organiser autrement. Malheureusement, les personnes handicapées n'ont pas la vie des autres. L'handicapé a les mêmes droits que tout le monde, mais il a aussi les mêmes devoirs, comme celui de comprendre que ses contraintes ne sont pas celles de tout le monde. Alors bien sur qu'il faut inclure et prévoir le vieillissement de la population, mais aujourd'hui on peut offrir à 1,5 millions de personnes des logements dont ils ont besoin" conclut Bruno Bonnell.

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