Mme-Agarrat

Comment le Sytral va sauver sa peau

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Le Département quittera d'ici à la fin de l'année le syndicat de transport dont les élus émaneront exclusivement de la communauté urbaine. Mais pour échapper à une fusion avec le Grand Lyon, le Sytral absorbe quatre autres communes extérieures à l'agglomération. Explications.

En décembre dernier, le préfet adressait un courrier à Bernard Rivalta et à Michel Mercier. Évoquant le Sytral, Jean-François Carenco affirmait : il "est nécessaire que son périmètre de transports urbains soit élargi à de nouvelles communes ou à des groupements compétents en matière de transports urbains et que le Département s'en retire". Il reprenait l'argumentaire développé par la chambre régionale des comptes, dans son rapport du 23 mai 2011. Les magistrats s'interrogeaient sur la présence du Département dans le Sytral alors que "les limites du périmètre de transport urbain lyonnais se confondent avec celles de la Courly".

Le Département part mais continuera de payer

Le départ du conseil général se précise : il fera l'objet d'une délibération présentée par Michel Mercier en juin prochain. Ensuite commenceront les négociations avec Bernard Rivalta. Les services du Département songent déjà à la répartition des actifs et de la dette du syndicat de transport. Ce ne sera pas facile : le tramway T3 roule par exemple sur des voies appartenant au Sytral, posées sur un terrain propriété du Département. "Il n'y aura pas de grosses difficultés", estime toutefois Michel Forissier, 1er vice-président du conseil général. Il se veut rassurant et consensuel : "il n'y aura pas de suppression de l'apport financier du Département".

Ce départ intervient alors que la collectivité est impliquée dans la création d'un futur syndicat métropolitain de transport piloté par la Région. Celui-ci veillera notamment à la coordination des différents réseaux de transport (TER, Sytral, car intercités, etc.). "On ne souhaite pas la mort du Sytral", ajoute Michel Forissier. Le départ du Département aurait en effet pu sonner le glas du Sytral, si aucune commune extérieure à la communauté urbaine n'avait d'ici là intégré le syndicat. Nul doute que le préfet aurait alors appuyé la réintégration de la compétence transport dans le champ du Grand Lyon. Le Sytral se serait mué en service de la communauté urbaine.

Une continuité territoriale avec le Grand Lyon

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II n'en sera rien. Car le départ du conseil général est envisagé pour la fin de l'année. Et ce jeudi, Bernard Rivalta a annoncé l'arrivée de quatre nouvelles communes, toutes extérieures au Grand Lyon : Brindas, Chaponost, Messimy et Thurins. La maire de Brindas, Christiane Agarrat (UMP, photo ci-contre) a expliqué que sa commune, en forte extension avait de "nouveaux besoins" de transport, auxquels le Sytral pouvait répondre. "Nous sommes des communes urbaines, il y a une continuité avec Craponne et Francheville qui appartiennent au Grand Lyon", expose-t-elle. Son collègue de Chaponost, Pierre Ménard (PS), a indiqué que 50% des emplois de sa ville sont pourvus par des habitants de la communauté urbaine. Voici qui clarifie la donne, alors que plusieurs communes, hors Sytral, sont aujourd'hui desservies par des lignes TCL, à la faveur de conventions spécifiques. Celles-ci sont à présent condamnées.

"Ceux qui n'adhèrent pas au Sytral gèrent leurs transports. La loi ne nous le permettrait pas", souligne Bernard Rivalta. Son vice-président, Georges Barriol (UMP) a donné l'exemple de la ligne 72 Gorge-de-Loup/Marcy L'Etoile/Pollionay amenée à disparaître. "La ligne 68 (qui mène à Genas, Ndlr) cessera à partir de septembre", ajoute-t-il. Ces communes qui n'ont pas fait le choix du Sytral devront se tourner vers le syndicat métropolitain. Et une fois de plus, le président du Sytral a laissé planer une menace : l'impossibilité pour ces lignes de pénétrer sur le territoire de l'agglomération lyonnaise, leur entrée nécessitant "l'accord du propriétaire de la voirie, c'est-à-dire de la communauté urbaine".

Vessiller chicane-t-elle ?

Grâce à la rescousse de ces quatre communes, le Sytral devrait avoir la vie sauve. Il n'empêche Béatrice Vessiller a demandé "la reprise de la compétence transport par la communauté urbaine". Voici qui provoquerait la disparition du Sytral. Une observation qui lui a valu une volée de bois vert. Michelè Vullien (centre) a raillé ces "chicaneries", vantant une nouvelle organisation qui évite, selon elle, "les pointillés sur les cartes". Robert Thevenot (assimilé UMP) y voit "une posture idéologique" et "des comptes à régler avec le président du Sytral".

"Que vous ayez des problèmes avec tel ou tel représentant du Sytral, nos concitoyens s'en moquent", a renchéri le président de la communauté urbaine, Gérard Collomb, regrettant à son tour "ces chicaneries de cours d'école". Il a défendu le Sytral : "avant de détruire un outil, il faut y réfléchir à deux fois". "Aurait-on la même capacité de financements si on n'avait pas le syndicat qui a une capacité d'emprunt ?", s'est interrogé Richard Llung (PS). Béatrice Vessillier s'est défendue de considérations personnelles. Elle estime "non démocratique" le fait qu'un milliard d'euros d'investissements prévus sur six ans soient votés par une instance de 3e degré.

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