Jérémie Bréaud
Jérémie Bréaud

Voies lyonnaises à Bron : "Je me retrouve face à un mur"

Jérémie Bréaud, maire de Bron et président de la fédération Les Républicains du Rhône, est l'invité de 6 minutes chrono.

Comme dans de nombreuses communes de droite, la mise en oeuvre des Voies lyonnaises, le réseau de pistes cyclables imaginée par la majorité écologiste métropolitaine, crispe le maire de Bron. Jérémie Bréaud dénonce un manque de concertation et les conséquences non mesurées de la Voie lyonnaise 12 pour la desserte des hôpitaux. "Quand il peut y avoir des problèmes entre un maire et un vice-président, je pense qu'à un moment, il faut que ça se gère au niveau au-dessus et je pense, je tends la main à Bruno Bernard pour qu'on puisse avoir une discussion claire et franche sur la voie lyonnaise numéro 12", demande celui qui est aussi président de la fédération LR du Rhône.

"Je sais très bien que l'exécutif écologiste d'extrême gauche de la métropole, notamment avec son vice-président aux mobilités, M. Bagnon, voudrait nous faire passer pour des antivélos, ce qui est faux. Ce que l'on constate aussi, c'est qu'il ne faut pas aller trop vite. Encore une fois, oui au vélo, mais pour favoriser la pratique du vélo mais pour quelle finalité ? C'est qu'on utilise moins son véhicule, mais pour ça, il faut aussi développer les modes de transport. Les modes de transport, c'est notamment le développement du métro", souligne Jérémie Bréaud qui n'a pas digéré l'abandon du plan métro par Bruno Bernard.

La retranscription intégrale de l'entretien avec Jérémie Bréaud

Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale et aujourd'hui nous accueillons Jérémie Bréaud. Vous êtes maire Les Républicains de Bron, vous dirigez aussi la fédération LR du Rhône. On vous a invité pour revenir sur les désaccords que vous pouvez avoir avec la métropole de Lyon sur certains projets qui impactent votre commune. Les désaccords ils sont quand même assez multiples on va dire et puis ils sont publics. Vous vous êtes écharpés ces derniers jours sur les réseaux sociaux avec Fabien Bagnon, le vice-président qui gère notamment les voies lyonnaises, les pistes cyclables. C'est un des points de blocage entre la métropole et Bron, cette voie lyonnaise numéro 12 qui doit notamment passer après le quartier des hôpitaux à Lyon pour poursuivre sa route vers l'hôtel de ville de Bron. Est-ce que vous imaginez que cette piste ne se fera pas ? Est-ce que vous allez contrecarrer les plans des écolos ?


Alors déjà je voudrais dire qu'il y a beaucoup de sujets sur lesquels on travaille en bonne intelligence avec l'exécutif écologiste.


Mais alors la bonne intelligence est en sourdine...

Je ne voudrais pas qu'on me présente comme quelqu'un qui est toujours contre par dogmatisme, je suis quelqu'un de très pragmatique. On est en train de sortir des grands projets qui étaient attendus depuis des années voire même certains des décennies de la part des Brondillants. Je pense notamment à la rénovation de la place de la Liberté, la place qui est derrière la mairie. Je pense notamment à la grande rénovation urbaine du quartier de Parilly qui était attendue depuis des années. Je pense aussi à la rénovation de la place Jean Moulin en plein cœur de Terraillon. Donc sur des sujets d'envergure, on arrive à trouver un terrain d'entente puisque ce qui est bon pour Bron est aussi bon pour la métropole et inversement. En revanche, il y a effectivement, et la voie lyonnaise c'est devenu un symbole, des sujets sur lesquels nous sommes en désaccord parce qu'on considère que ça va pas dans le bon sens. Et je trouve qu'en tant que maire, en tant que représentant des Brondillants, c'est aussi à moi de le dire. Et effectivement sur la voie lyonnaise numéro 12 avec le vice-président Bagnon, on a quelques désaccords.


Alors qu'au départ vous étiez favorable à ce projet...


Mais je suis favorable, on va dire, aux mobilités, aux nouvelles mobilités, notamment le vélo. Je trouve que les voies lyonnaise c'est une bonne chose. Je trouve qu'on avait un retard considérable, pas qu'à Lyon en France, et je trouve que c'est courageux et c'est bien et ça va, je le dis souvent, dans le sens de l'histoire. Maintenant pas n'importe où, pas n'importe comment et pas n'importe quand. À terme, il va y avoir quatre voies lyonnaise sur Bron. Deux pour lesquelles ça ne pose aucun problème et on a même accompagné la métropole sur la mise en place. En revanche, il y en a deux autres. La voie lyonnaise numéro 12 et puis une autre, la 8 qui passe route de Genas où effectivement on trouve que ça a été fait sans concertation. Ça a été fait également aussi en dépit du bon sens. Et c'est mon rôle de dire stop, maintenant il y a un problème.

Et qu'est-ce qui vous gêne sur cette voie 12 que l'on comprenne bien ?

La voie lyonnaise numéro 12, de façon très simple, celle qui va du 9e arrondissement de Vaisse jusqu'à Termes à Saint-Priest. Là, pour l'instant, elle va s'arrêter à Bron. Trois choses me posent problème. L'avenue Rockefeller va passer en sens unique de circulation. Et moi je m'inquiète pour les hôpitaux et à l'époque, au mois de juin dernier, j'avais montré à la presse un document officiel des hôpitaux qui disait qu'ils étaient vent debout contre ce tracé parce que ça remettait en cause même le bon fonctionnement de l'hôpital avec l'arrivée des SAMU, des ambulances, etc. Deuxièmement, c'est le passage en sens unique, le passage de deux fois deux voies à deux fois une voie de l'avenue Franklin Roosevelt, ce qui est le prolongement de l'avenue Rockefeller, celle qui rentre dans Bron. Et à l'époque, en janvier 2023, il y a plus d'un an, j'avais dit "le passage de deux fois deux voies à deux fois une voie, il va y avoir des conséquences au niveau du report de circulation". Et le quartier voisin va être submergé par un flux considérable de véhicules. Et là, le vice-président m'avait dit, mais Jeremy, ne t'inquiète pas, on a fait des études. Moi, je le crois sur parole dans un premier temps et je lui dis, envoie-moi les études. Janvier 2023, on les a toujours pas reçues. Et puis troisièmement, cette voie lyonnaise qui à terme arrivera à Saint-Priest, durant ce mandat pour qu'elle puisse être inaugurée et couper le ruban, elle va s'arrêter en plein cœur de ville au rond-point, qui s'appelle le rond-point de la Boutasse pour celles de ceux qui connaissent Bron. Et là, les vélos ont en fait quoi ? Donc déjà qu'on est mal lotis en pistes cyclabes à Bron, cet afflux supplémentaire de cyclistes, ça va être absolument infernal à gérer. Encore une fois, oui aux vélos, ça là-dessus, j'ai aucun problème, j'en fais même à titre perso toutes les semaines. En revanche, pas au détriment du bien-être collectif.


Est-ce que vous avez bon espoir que la métropole recule puisqu'elle le fait assez régulièrement notamment avec des maires LR opposés à ces projets-là ? C'est arrivé à Caluire-et-Cuire, c'est arrivé récemment à Oullins aussi avec finalement le projet de piétonisation du centre qui a été revu. Est-ce que vous dites, les élections approchant, maintenant la métropole, chaque fois qu'il y a une contestation, recule et je vais avoir gain de cause ?


Je compte plutôt sur le bon sens et le pragmatisme de M. Bernard, président de la métropole.

C'est la même chose formulée autrement...

Je pense qu'à un moment, quand il peut y avoir des problèmes entre un maire et un vice-président, je pense qu'à un moment, il faut que ça se gère au niveau au-dessus et je pense, je tends la main à Bruno Bernard pour qu'on puisse avoir une discussion claire et franche sur la voie lyonnaise numéro 12. En tout cas, je ne suis pas contre le vélo, mais je suis contre ce tracé-là.

Et pourquoi ces voies lyonnaise, elles crispent autant finalement puisque vous n'êtes pas le seul maire notamment de droite ? C'est un problème de maire ou c'est un problème de maire de droite ?

Non, c'est un problème de bon sens parce que sur un certain nombre de voies lyonnaise, il n'y a pas de problème. Donc ça montre bien que ce n'est pas une opposition idéologique. Et je sais très bien que l'exécutif écologiste d'extrême gauche de la métropole, notamment avec son vice-président aux mobilités, M. Bagnon, voudrait nous faire passer pour des antivélos, etc. Ce qui est faux, ce que l'on constate aussi, c'est qu'il ne faut pas aller trop vite. Encore une fois, oui au vélo, mais pour favoriser la pratique du vélo, il faut aussi, et pour la finalité, c'est quoi ? C'est qu'on utilise moins son véhicule, mais pour ça, il faut aussi développer les modes de transport. Les modes de transport, c'est notamment le développement du métro. Et quand on voit sur ce mandat-là, un demi milliard d'euros va être consacré aux voies lyonnaise pour un objectif au total, ce sont les chiffres métropole de 50 000 utilisateurs. La métropole, c'est à peu près 1,3 million d'habitants. Finalement, on se dit, et parallèlement à ça, il n'y a aucune nouvelle ligne de métro, non pas qui va être inaugurée, mais même pire, qui va être lancée durant le mandat. Etre président d'un exécutif, c'est être président de tout le monde, pas uniquement de son électorat ou de son milieu associatif. C'est pour ça qu'on n'est pas dogmatique, on est pragmatique, on accompagne les métropoles sur bon nombre de sujets, mais à un moment, quand il y en a marre, il y en a marre. Et M. Bagnon, plusieurs fois, je lui ai dit, Fabien, on se met autour de la table, on discute, peut-être qu'on va améliorer le tracé, du fait qu'il n'y a pas de solution pour faire sortir les cyclistes de Brom, on va peut-être attendre le mandat suivant. Je me retrouve face à un mur, et quand je me retrouve face à un mur, je me permets de l'ouvrir.

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