Double meurtre de Montigny-lès-Metz : de Dils à Heaulme

Le procès de Francis Heaulme s’ouvre ce lundi devant la cour d’assises de Metz. Déjà condamné pour 9 meurtres, le “routard du crime” comparaît pour l’assassinat de deux enfants à Montigny-lès-Metz en 1986. Dans cette affaire, en 2002, Patrick Dils avait été acquitté, ses avocats ayant avancé la présence du tueur en série sur les lieux du crime.

Ce dimanche 28 septembre 1986, on découvre les corps sans vie, mutilés à coups de pierre d’Alexandre et de son ami Cyril Beining. Les deux enfants étaient partis faire du vélo en cette fin de journée. Les corps sont retrouvés en haut d'un talus, près d’une voie ferrée.

Trois hommes, dont Patrick Dils, avouent le meurtre

Un premier suspect, Henri Leclaire, qui travaille dans le voisinage du lieu des crimes, est placé en garde à vue. Il avoue à deux reprises être l’auteur des meurtres, avant de se rétracter. Ses aveux sont jugés peu crédibles et il est rapidement relâché. Un deuxième homme, Claude Garbot, âgé de 19 ans, est placé en garde à vue. Il passe, lui aussi, aux aveux, mais ceux-ci sont jugés fantaisistes. Patrick Dils, apprenti cuisinier de 16 ans, est pour la troisième fois placé en garde à vue. Trois jours plus tard, il finit par avouer les meurtres de Cyril et Alexandre.

Le jeune homme réitère ses aveux à six reprises avant de se rétracter définitivement. Mais, par deux fois, il est condamné. Il faut attendre la preuve de la présence de Francis Heaulme à Montigny-lès-Metz pour que Patrick Dils soit innocenté, en 2002, par la cour d’assises du Rhône.

De l’affaire Dils à Francis Heaulme

Le premier à faire le rapprochement entre le crime de Montigny-lès-Metz et Francis Heaulme est le gendarme Jean-François Abgrall. Celui-ci a obtenu les premiers aveux du “routard du crime” dans d'autres affaires, notamment après le meurtre d'Aline Pérès en 1989 à Brest. En juin 1992, Francis Heaulme lui raconte qu'il est allé dans l’est de la France, faire une promenade à vélo, le long d’une voie de chemin de fer, qui se trouve en haut d’un talus. Il raconte qu’il reçoit des cailloux, jetés par deux gamins, alors qu’il passe à vélo. Il part alors faire un tour et, selon ses dires, quand il revient, les enfants sont morts et un camion de pompiers est sur place.

En juillet 2001, deux nouveaux témoins se font entendre. Il s’agit de deux pêcheurs : ils affirment avoir vu Heaulme le soir du meurtre, le visage ensanglanté, à quelques kilomètres de l’endroit où les petites victimes ont été retrouvées.

Le meurtre de Montigny-lès-Metz porte-t-il la marque de Francis Heaulme ?

Bien sûr, répond sans hésitation Jean François Abgrall à Lyon Capitale. Selon lui, il y a des caractéristiques communes avec les autres meurtres.

Francis Heaulme ne tue pas de façon aléatoire : il tue des personnes qu’il estime vulnérables par rapport à lui. Les enfants sont extrêmement vulnérables. Il y a un autre paramètre, c’est l’extrême violence : “On est dans l'extraordinaire”, affirme l’ancien gendarme devenu détective privé. Enfin, il y a la connotation sexuelle dans le crime de Montigny. En effet, l’un des enfants était déculotté, le pantalon de jogging descendu à mi-cuisses.

L’enjeu du procès

Le procès doit se dérouler sur trois semaines, avec des moments très attendus. Comme le témoignage de Patrick Dils, entendu comme simple témoin. Une grande partie du dossier repose sur des témoignages anciens et la mémoire faillible des personnes, presque trente ans après les faits.

De nombreuses pièces à conviction, dont certaines auraient pu permettre des vérifications ADN, ont aujourd'hui disparu. Les scellés ont en effet été détruits, légalement, quelques années après la première condamnation de Patrick Dils : les pierres qui ont servi à tuer les enfants, des excréments, des cordes. Plus étonnant, un wagon entier de la SNCF qui se trouvait, à côté du corps, a littéralement disparu.

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