Mon ado sèche les cours : comment l’aider ?

Depuis quelque temps, votre ado traîne des pieds pour aller en cours, au point de sécher certaines heures… Que cache ce comportement ? Faut-il s’alarmer ? Comment réagir avant que la situation ne s’enkyste et lui porte préjudice ?

En France, l’école est obligatoire de 3 à 16 ans. Au délà c’est le règlement de l’établissement qui prend le relais pour imposer une obligation d’assiduité. Si certains motifs d’absence sont reconnus valables – problème de santé, réunion familiale formelle, accident dans les transports… –, on parle d’absentéisme à partir de quatre demi-journées d’absence non justifiées par mois. Au-delà, la famille encourt certaines sanctions. Les choses se corsent lorsque le jeune est majeur et rentre en études supérieures. Selon les établissements, ses absences répétées peuvent passer longtemps inaperçues aux yeux des parents.

Des conséquences non négligeables

Ne pas aller en classe n’est pas sans conséquence. Si le jeune ressent un soulagement ponctuel, il risque cependant de tomber dans un engrenage négatif dont il aura du mal à sortir. Plus il ratera de cours, plus ce sera difficile pour lui de retourner en classe et plus il aura envie d’avoir recours à cette solution de facilité. S’il a du mal à rattraper son retard, il aura l’impression d’être à la traîne, ce qui entamera encore plus sa motivation. Il peut aussi se sentir décalé et craindre le regard des autres “Je fais mes études dans une école payante. J’habite seule dans un studio, et il m’arrive de ne pas aller en cours quand je ne suis pas motivée ou que je me sens trop fatiguée, explique Louise, 19 ans. À chaque fois, je m’en veux un peu, je ne me sens pas très bien de faire ça. En plus, je suis obligée de justifier mes absences et je me sens jugée par les personnes de l’administration.” Les parents doivent rester vigilants, car le risque ultime, même s’il est rare, c’est la rupture avec l’école et le décrochage scolaire, qui s’accompagne parfois d’un décrochage social lorsque le jeune ne sort plus de chez lui.

L’école buissonnière ponctuelle

La réaction à avoir et les solutions à mettre en place dépendent bien évidemment des circonstances. Le dialogue avec son enfant est essentiel. “Ne pas aller en cours est un symptôme, et on creusera pour comprendre ce qui se cache derrière. Il faut faire le distinguo entre la pratique exceptionnelle d’un enfant bien dans sa scolarité et une véritable souffrance qui le met dans l’incapacité d’aller en cours, prévient Karine Josse, psychologue pour enfants et adolescents à Lyon. Dans le premier cas, il faut remettre du cadre – une attitude trop souple encourage la transgression – et orienter vers des solutions. D’autant qu’en séchant les cours occasionnellement, le jeune cherche parfois tout simplement à tester les limites.” Ne pas aller en classe peut trahir un manque d’organisation – le jeune utilise son temps “off” pour réviser, finir son exposé… –, une difficulté dans une matière ou avec un professeur… Après avoir éliminé d’éventuels troubles d’apprentissage, on lui redonnera quelques clés pour l’aider à mieux s’organiser et on adaptera le rythme familial à son emploi du temps. On pourra également lui proposer des cours de soutien et organiser un rendez-vous avec son professeur… En cas de problème relationnel ponctuel avec un autre élève, on essaiera de comprendre ce qui se trame, et on aidera l’ado à affronter et résoudre la situation. Autant d’initiatives qui lui redonneront confiance et éviteront qu’il ne se réfugie dans l’évitement... “Si le jeune est en études supérieures, c’est important de le responsabiliser,suggère la psychologue. On peut par exemple lui proposer de participer à ses frais de scolarité, ne serait-ce qu’un petit peu. C’est un bon moyen de l’impliquer.”“Lorsque je n’ai pas envie d’aller en cours, j’essaie de me motiver, je me mets un peu la pression. Je me dis que ce n’est pas pour moi aujourd’hui que je dois y aller, mais je pense à moi dans trois ans, quand l’école sera finie. J’ai envie d’avoir un bon dossier pour trouver un travail intéressant, ajoute Louise.

Une erreur d’orientation

Lorsque le jeune vient d’entamer ses études supérieures et que ses absences se répètent voire deviennent chroniques, il peut s’agir d’une erreur d’orientation. Le jeune ne se plaît pas dans ses études, il s’ennuie, ne se sent pas à sa place… et ne voit pas l’intérêt d’aller en cours. “Il faut creuser pour être sûr qu’il s’agit bien d’une erreur d’orientation et non d’un problème plus profond. Si cela devient trop inconfortable pour le jeune de retourner en cours, on l’incitera à s’orienter vers un nouveau projet le temps de finir l’année. Cela peut être en décrochant un petit boulot, en s’engageant dans du bénévolat ou un service civique… L’idée, c’est de rendre cette année plus faste, tout en préparant l’année suivante”, recommande Karine Josse. “Quand je suis arrivé à l’université, j’ai vite réalisé que je n’avais pas choisi la bonne voie, témoigne Maël, 21 ans. J’ai commencé à sauter les matières qui ne me plaisaient pas, je n’allais qu’aux cours obligatoires. Ce n’était pas compliqué, car on ne nous demandait pas de justificatif. D’ailleurs, je n’étais pas le seul à faire ça, et les autres élèves disaient généralement qu’on n’avait pas raté grand-chose… Évidemment ça a eu une incidence sur mes notes, mais je me disais que ça n’aurait aucune conséquence sur mon avenir professionnel. J’ai enchaîné avec une année sabbatique durant laquelle j’ai fait des petits boulots. Maintenant j’ai intégré une école qui me plaît. Au début ça a été compliqué car j’avais perdu l’habitude de rester assis et concentré plusieurs heures d’affilée, je décrochais souvent. Maintenant ça va mieux, et je me force à être le plus assidu possible, c’est important pour réussir plus facilement. Mais comme je suis motivé, ça m’aide !”

L’expression d’une souffrance

Lorsque rien ne dissuade le jeune de sécher ses cours, il exprime probablement un véritable mal-être qu’il va falloir décrypter. Ce qui n’est pas chose aisée car un ado ne se confie pas toujours volontiers. Les parents peuvent se sentir impuissants, dans l’incompréhension, et ne pas savoir comment faire face à la souffrance de leur enfant. “Parfois, un jeune ne veut plus aller en cours car il est en phobie scolaire ou parce qu’il subit un harcèlement, prévient Karine Josse. Il faut bien évidemment consulter, en parler avec l’établissement, accepter qu’il se mette un temps en retrait de sa scolarité. Aussi, l’enfant est peut-être en burn-out. Là encore il faut entendre sa détresse, ne pas nier ses symptômes et lui permettre de faire une pause. L’aide d’un professionnel est nécessaire pour comprendre les raisons de cette souffrance, trouver les solutions adéquates et organiser au mieux le retour en cours. Il existe toutes sortes de raisons qui conduisent à ce type d’épuisement : une dépression, un manque de confiance en soi, une peur de l’échec exacerbée liée par exemple au choix d’un établissement trop élitiste, une difficulté à être en lien avec les autres ou des questionnements sur son identité. L’origine du burn-out est parfois d’ordre familial, quand les difficultés à la maison envahissent le jeune au point qu’il n’a plus l’énergie d’aller en cours.”

Lorsque l’enfant retourne en cours, son parent devra être bienveillant et encourageant, et le rassurer en lui rappelant que chacun a sa place, et que la sienne est bien à l’école. Et que l’école est un véritable terrain d’apprentissages et de découvertes, une porte ouverte vers son indépendance et son envol. On n’oubliera pas non plus de l’aider à soigner son hygiène de vie : sommeil, activité physique, alimentation, temps d’écran… Autant d’éléments qui, bien gérés, le mettront dans de bonnes dispositions physiques et psychiques pour suivre sa scolarité.

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