Sur les grandes artères de la Presqu’île, type rue de la République, il n’est pas rare de voir des loyers entre 1 000 et 2 000 euros par an le mètre carré.
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“Les indépendants sont les grands perdants du changement de mode de consommation”

Arnaud Gasnier, professeur à l’université du Mans et chercheur au laboratoire Espaces et Sociétés, s’est spécialisé sur la question du commerce en ville. Pour lui, les commerçants indépendants peuvent survivre à la concurrence des grandes enseignes et des géants du Net s’ils se spécialisent.

Lyon Capitale : Le déclin des commerçants indépendants est-il inéluctable dans les centres-villes des grandes métropoles ?

Arnaud Gasnier : C’est effectivement la catégorie de commerce la plus fragilisée par rapport aux grandes enseignes ou aux franchisés qui peuvent encore payer des loyers élevés. Nous assistons à une financiarisation des surfaces commerciales de centre-ville. Elle se fait aux dépens de la pérennité des vrais indépendants. La plupart d’entre eux sont des commerces d’équipement de la personne (chaussures, habillement). C’est une branche d’activité très importante dans les centres-villes. Mais l’année 2023 a été catastrophique dans ce secteur. Ce qui contribuait à donner une identité et une attractivité aux centres-villes devient donc plus fragile. Beaucoup d’indépendants mettent la clé sous la porte. Ils ont plus de mal à prendre le tournant du e-commerce qui représente aujourd’hui 15 % des achats et on table sur 20 % en 2030. Les indépendants sont les grands perdants du changement de mode de consommation. Ils sont menacés mais ils sont encore là. Les consommateurs d’aujourd’hui achètent sur le Net ou dans les grandes enseignes mais ils ont besoin plus que jamais de diversité. Ils veulent être surpris. Ils cherchent des choses différentes. Dans les centres-villes, ce ne sont pas les commerces standard de centres commerciaux d’entrée de ville qui peuvent répondre à cette recherche de singularité. C’est la grande force du commerce indépendant. Ils doivent se trouver des niches. Leur avenir peut aussi être lié à un ancrage territorial qui est attendu par le consommateur. Nous observons des évolutions de commerçants qui se différencient avec des boutiques qui se transforment en atelier, en showroom. Les grands groupes évoluent aussi et doivent changer de modèle. De grandes enseignes comme Decathlon ou Ikea réinvestissent les centres-villes. Ils sont sur des modèles hybrides avec des boutiques et de la vente en ligne.

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