Tourisme historique : l’héritage gallo-romain dans le Rhône

La découverte d’une “petite Pompéi” à Saint-Romain-en-Gal en 2017 a rappelé à ceux qui l’auraient oublié le riche héritage romain du département. Les aqueducs qui y trônent témoignent de ce glorieux passé. Au carrefour des voies Agrippa qui innervaient la Gaule romaine vers les quatre points cardinaux, Lugdunum veillait sur un axe fluvial stratégique, aujourd’hui ponctué de vestiges remarquables, du Beaujolais à Vienne.

Article initialement paru dans le hors-série été 2018 de Lyon Capitale et publié ici à l'occasions des journées nationales de l'archéologie du 15 et 16 juin 2019 (notre hors-série estival de cette année est disponible en kiosque ou ici)

Les aqueducs lyonnais

Dans l’ouest de la métropole lyonnaise, le passé romain de la région remonte à la surface. L’aqueduc de Gier est un des vestiges les plus remarquables du département. Il a d’ailleurs récemment été choisi pour le fameux Loto du patrimoine de Stéphane Bern. Cet ouvrage d’art menait l’eau captée aux sources du Gier, dans le massif du Pilat, jusque sur les hauteurs de Fourvière, où se situait la ville haute de Lugdunum. Attribué à Claude, puis à Hadrien, il semble en réalité avoir été commandité par l’empereur Auguste.

Avec ses 86 kilomètres, c’est le plus long aqueduc ayant alimenté la ville de Lyon en eau. Et le mieux conservé. Des ponts lui permettent de franchir plusieurs vallons qui jalonnent son parcours, comme celui du Mornantais. L’ouvrage s’admire notamment autour des vallons de la Durèze, qu’il contourne. Une belle rangée d’arches est visible à Soucieu-en-Jarrest ou à Chaponost.

Malgré l’ampleur de l’ouvrage, l’aqueduc de Gier ne suffisait pas à alimenter Lugdunum en eau. Il était secondé par celui de l’Yzeron (aussi appelé aqueduc de Craponne), de l’époque augustéenne également, qui est le seul à disposer de plusieurs branches de captation. Un sentier de découverte permet aujourd’hui de découvrir son histoire. On ira aussi voir les vestiges de l’aqueduc de Sainte-Foy, le long du chemin de Narcel.

Renseignements : Office de tourisme de la vallée du Garon, place Georges-Clemenceau à Chaponost – 04 78 45 09 52

Le Beaujolais romain

Le Beaujolais doit une partie de ses vignes aux Romains. Le territoire des Pierres Dorées notamment était déjà bien occupé à l’époque gallo-romaine, avec des villas et des fermes disséminées d’Anse à Châtillon. Anse, justement, est la première étape sur la voie Agrippa océanique, qui relie Lugdunum à Boulogne-sur-Mer. Des fouilles y ont dévoilé les traces d’une importante activité agricole et viticole autour de quelques grandes villas.

C’est dans l’une d’elles, la grange du Bief, bien campée sur une terrasse de l’Azergues, que fut retrouvée une mosaïque impressionnante bien qu’incomplète. Le fragment exhumé, de sept mètres sur trois, témoigne de ce que devait être la richesse de son propriétaire. Il est aujourd’hui visible à l’archéothèque du château des Tours d’Anse (XIIe siècle).

À l’époque romaine aussi, un castelllum avait été érigé, la place forte prenant alors le nom d’Asa Paulini et ses habitants celui d’Ansenses, du latin ansa. De nombreux vestiges de cette époque persistent, notamment le mur d’enceinte des remparts, daté du IIIe siècle, composé de quinze tours.

Château des Tours, place du 8-Mai-1945, à Anse – 04 74 67 05 64

Jouer l’archéologue
à Saint-Romain-en-Gal

Lugdunum capitale des Gaules, avec ses amphithéâtres, son musée gallo-romain et ses fragments des tables claudiennes, certes, mais les vestiges de l’époque pullulent sur tout le territoire départemental. La découverte d’une “petite Pompéi” à la porte de Vienne en 2017 l’a démontré. Les archéologues, intervenant préventivement à un chantier immobilier, ont révélé 7 000 m2 de vestiges. Des carrés de fouille émergeait tout un quartier, avec une villa et une école de rhétorique.

Les superbes mosaïques et autres objets d’art ont été transférés, au musée de Saint-Romain-en-Gal. Véritable temple de la culture gallo-romaine rhodanienne, ce site de trois hectares abrite les vestiges restaurés du quartier résidentiel et commercial des Ier et IVe siècles de notre ère de la Vienna antique. La cité était alors capitale d’un territoire couvrant le Dauphiné et la Savoie.

On y trouve aussi la maison des dieux Océan, l’une des plus vastes connues en Gaule romaine à ce jour, avec son jardin à colonnades et ses jets d’eau. Les thermes des lutteurs ont également été reconstitués. On découvre enfin des dallages de granit qui habillaient la chaussée des routes romaines.

Musée et site de Saint-Romain-en-Gal, RD386 (au bord du Rhône, face à Vienne) – 04 74 53 74 01

Vienne, porte 
de la Narbonnaise

De l’autre côté du Rhône, la cité antique de Vienne, porte de l’Isère actuelle, a donc laissé d’impérissables traces gallo-romaines, architecturales notamment. Vienne est aussi la porte nord de la Narbonnaise, riche province méridionale de la Gaule romaine qui s’étendait sur la vallée du Rhône et l’Occitanie actuelles. Outre les perles méditerranéennes, comme le pont du Gard, les arènes d’Arles ou la Maison carrée de Nîmes, les stigmates gallo-romains pullulent au fil du Rhône, à Vaison et Orange dans le Vaucluse, pour n’en citer que très peu.

Vienne aussi recèle des vestiges, et des sites toujours exploités, à l’instar du superbe théâtre antique où se tient chaque année le festival de jazz. Cet amphithéâtre, comme ceux de Lyon ou d’Orange, est extrêmement bien conservé. Comme à Lyon, il forme un couple parfait avec son odéon. Posé un peu plus à l’ouest, au cœur du forum viennois, le temple à la gloire de l’empereur Auguste et de sa femme Livie a été partiellement préservé. La partie arrière est visible sur l’actuelle place du Palais-Charles-de-Gaulle, alors qu’au sud de la ville le jardin archéologique de Cybèle révèle un quartier complexe de la cité gallo-romaine.

Le mur d’enceinte, qui entourait la ville et rejoignait le Rhône, est encore visible par bribes aujourd’hui. Il a d’ailleurs été réutilisé par les successeurs des Gallo-Romains, à l’époque médiévale notamment. Au sud, la porte d’Avignon ouvrait sur la voie Narbonnaise. C’est justement au sud de la cité qu’était construit le cirque romain de Vienne, en périphérie de la cité gallo-romaine. Avec ses allures égyptisantes qui rappellent un obélisque, la “pyramide” aujourd’hui cernée d’un rond-point, faisait office de barrière centrale pour la piste d’hippodrome.

 

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