"Sans identité", Pierre Buraglio

De simples cadres de sérigraphie, des tasseaux de bois sur lesquels sont accrochés des plaques de plexi, des vieux chiffons de peintres ou encore des toiles cirées tendues. Sur chacune de ces soi-disant toiles sont imprimées ou collées une même forme : de grandes vestes noires énigmatiques. Sans figures, ni modèle, ces costumes sont comme suspendus dans le vide.

Les moyens employés par Buraglio sont sommaires, tout n'est ici que rebuts assemblés dans un cadre afin de révéler le potentiel artistique d‘un support réputé pauvre.

Pourtant, bien qu'aucune peinture ne soit exposée, Pierre Buraglio, né en 1939, se dit peintre. Il fut dans les années soixante, une des figures majeures, avec Buren et Toroni, du courant support-surface qui refusait l'appellation de peintres, jusqu'au jour où, lui, s'assuma en tant que tel.

Sans jamais utiliser de pinceaux, et rarement d'huile, en créant des amas de formes, des accumulations de petits gestes discrets, des assemblages d'objets trouvés, des papiers d'emballages, de vitraux colorés, il questionnait paradoxalement une vraie pratique picturale faite de jeux de perspectives, de formes et de couleurs. Dans les années soixante-dix, il s'imposa trois contraintes, trois interdits pour avancer : impossible de figurer, de signifier et de s'exprimer.`
L'exposition présentée à la galerie José Martinez, avec ces vestes anonymes récurrentes, s'intitule Sans identité. Elle aurait pu se nommer Sans papiers. L'artiste semble rendre à ces anonymes, par l'art, une dignité perdue.

A posteriori, cette exposition, belle et mystérieuse, confère au visiteur un sentiment de familiarité avec les matériaux employés, avec la sensibilité de l'artiste ainsi qu'avec le propos qui y est déployé.

Sans identité de Pierre Buraglio, jusqu'au 12 janvier 08 à la Galerie José Martinez, 28 rue Burdeau Lyon 1. www.galeriejmartinez.fr ou
04 78 28 07 72

Les commentaires sont fermés

Suivez-nous
tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut