Rec, de Paco Plaza

Espagne. 1h20

Angéla est journaliste pour une télévision locale barcelonaise. Aujourd'hui, elle relate le quotidien d'une compagnie de pompiers dans l'exercice des ses fonctions. La nuit s'annonce mortellement calme dans la caserne. Aucune urgence, aucun appel jusqu'au coup de fil d'une vieille dame qui réclame de l'aide. Sur place, des voisins s'inquiètent des horribles cris émanant de son appartement. Angéla perçoit la tension des habitants. Elle tient peut-être enfin une histoire qui tient la route !

"Rec !" c'est d'abord le cri du journaliste qui demande à son caméraman de ne pas arrêter de filmer quoi qu'il en coûte. L'apologie du scoop à tout prix, au point de risquer sa vie. Loin de mettre son existence en jeu, le journaliste local se doit de dénicher l'exceptionnel au milieu de son morne quotidien. Car il faut bien l'avouer, la vie sur une télévision locale, ce n'est pas tout à fait celle d'un reporter de guerre. Du coup, quand on tombe sur une bande de zombies, on oublie un peu le danger et on se met à rêver au Pulitzer. Dans [REC], comme pour Cannibal Holocaust, le Projet Blair Witch et, plus récemment, Cloverfield, le spectateur vit le récit à travers la vue subjective d'une unique caméra, portée par un personnage jouant un rôle à part entière dans l'histoire. Un procédé qui a fait ses preuves, laissant un arrière goût d'authenticité au public. Ici, les deux réalisateurs détournent les codes de la télévision et, à travers eux, une idée particulièrement tenace chez la populace, celle du "c'est vrai, je l'ai vu à la télé". Paco Plaza et Jaume Balaguero n'ont plus qu'à singer les petites habitudes de la télévision. Choix artistique, au final, plutôt contraignant puisque soumis à quelques rites immuables. Pour donner une certaine impression de direct et flirter avec le reportage, le duo multiplie les longs plans séquence et délaisse toute musique ajoutée, ingrédient souvent essentiel dans le film d'horreur. La bande sonore a donc été particulièrement soignée pour pallier à ce manque, même si l'on se sent parfois un peu agressé par une infâme cacophonie quand tout ce petit monde se met à beugler en catalan. Petit détail insignifiant sans incidence sur l'ambiance générale qui scotche véritablement le spectateur à son fauteuil. A noter également que les deux réalisateurs parviennent enfin à répondre à une question fondamentale qui poursuit ce genre cinématographique : pourquoi diable continuer à porter une caméra encombrante quand on est à deux doigts de se faire sauvagement mutiler ? Dans [REC], l'objet devient un dispositif de survie. Sa torche et sa vision infrarouge se révèlent des atouts primordiaux dans cette ascension vers un enfer fait d'obscurité. Une obscurité qui s'intensifie au gré des étages et qui réserve aux spectateurs un dernier quart d'heure haletant. Franchement flippant !

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